L’école secondaire est le creuset de toutes les passions et de toutes les contradictions. Si bien intentionné soit-il, un prof peut donc se retrouver pris entre les tirs de forces conservatrices et progressistes provenant aussi bien des parents que des étudiants ! Et si, pour couronner le tout, le prof est gai, ça devient un véritable terrain miné !
La série English Teacher est une production de la chaîne FX qui nous fait suivre le quotidien d’Evan Marquez (Brian Jordan Alvarez), un professeur d’anglais qui enseigne dans une école du Texas. Dès le premier épisode, le ton est donné alors qu’il fait l’objet d’une enquête à la suite d’une plainte déposée par un parent : deux ans plus tôt, il aurait commis l’irréparable en embrassant son chum (Jordan Firstman), lui-même prof d’éducation physique, devant des élèves.
On pourrait penser que l’intrigue va verser dans le drame, mais c’est plutôt dans l’absurde qu’elle navigue allègrement. Evan argue qu’il a simplement donné un bécot très innocent et que, chez un couple hétéro, ce serait même encouragé. Il découvre éventuellement que la plainte émane de la mère d’un étudiant qui est récemment sorti du placard et qu’elle voit en lui la source de cette « infection ». Tout se règlera pour le mieux, mais un petit retour en arrière nous permettra de constater que l’innocent baiser était un tantinet plus torride et qu’au milieu de l’indifférence générale, un élève les observait avec stupéfaction et envie !
Dans un autre épisode, il se voit contraint d’enseigner l’art de la drag aux hommes de l’équipe de football qui veulent jouer le rôle des meneuses de claque lors d’un match mené par l’équipe féminine. La raison étant que l’association LGBTQ considère qu’il s’agit d’appropriation culturelle, à moins que les joueurs ne réalisent une performance de niveau professionnel. La solution ? Engager Shazam (interprétée avec brio par Trixie Mattel), une drag queen fatiguée qui arrondit ses fins de mois en volant les 21 imprimantes de l’école.
Plusieurs autres thèmes sont abordés dont une relecture à 180 degrés du wokisme où certains étudiants exigent de présenter les bons et les mauvais côtés de l’inquisition espagnole, des parents qui demandent l’interdiction de certains livres, de la porno générée par intelligence artificielle, la non-binarité, etc. L’absurde est par ailleurs toujours à l’avant-scène, notamment dans un hilarant épisode 3 où une étudiante se dit atteinte du syndrome de Gilles de La Tourette asymptomatique (??) et où l’imagination d’Evan part en vrille lorsqu’il réalise que le nouveau prof gai de l’école est doté d’une queue à faire pâlir d’envie un étalon.
La série propose par ailleurs certains dialogues mordants et jouissifs, notamment dans une scène où Evan est au resto avec un rancard et que son ex-chum les interrompt en s’exclamant, faussement outré : « Tu te fous de ma gueule, tu viens dans mon restaurant préféré !? Je suis enceinte de six mois, salope ! » (traduction libre)
Plusieurs autres collègues naviguent autour de lui dont le principal Moretti (Enrico Colantoni) qui a depuis longtemps jeté l’éponge, Gwen (Stephanie Koenig), une prof d’histoire dont la principale préoccupation est de figurer dans la liste illicite des « profs sexy » de l’école, et l’entraîneur de football Markie Hillridge (Sean Patton) qui se fout éperdument d’être politiquement correct et accumule ainsi les bourdes et les faux pas.
Est-ce que la série frappe toujours dans le mille? Non, mais elle a le mérite d’être fort distrayante et présente un potentiel de série culte qui ne demande qu’à fleurir comme toutes ces autres comédies de situation, qui se cherchaient un peu lors de leur première saison (Friends, Will & Grace) et sont ensuite devenues des incontournables.
INFOS | Les huit épisodes de la série English Teacher sont présentés, en anglais, sur Disney+.