Jeudi, 12 décembre 2024
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    The Queen of My Dreams : un premier long-métrage pour la reine du court

    Née à London, en Ontario, Fawzia Mirza grandit à Sydney, en Nouvelle-Écosse, dans une famille pakistanaise de confession musulmane, avant de déménager à Chicago, où elle y obtient un diplôme de droit. Ayant également étudié l’anglais et les sciences politiques à l’Indiana University à Bloomington, elle pratiquera le droit pendant 2 ans, avant de se tourner vers une carrière d’actrice. Elle entreprend ainsi divers projets, surtout à teneur LGBT, tant devant que derrière la caméra, dont les Web-séries Kam Kardashian et Brown Girl Problems, le scénario du film Signature Move, le court documentaire Two Lesbians in Search of Allah et aujourd’hui elle signe son premier long-métrage, The Queen of My Dreams, à titre de réalisatrice. Fawzia avoue qu’elle n’aurait jamais pensé faire des films lorsqu’elle était à l’école de droit. Elle se demandait plutôt comment elle « allait graduer », explique celle qui préfère maintenant réaliser des films et s’engager un avocat, au besoin.

    The Queen of My Dreams est basé sur votre court métrage du même nom, que vous avez réalisé et coécrit en 2012. Comment s’est passé le passage d’un film de trois minutes à une heure et demie ? Est-ce une bénédiction ou une malédiction ?
    Fawzia Mirza : Quand j’ai fait le court-métrage, j’étais davantage devant la caméra en tant qu’actrice et j’écrivais, mais je n’avais pas l’ambition de réaliser à l’époque. Un ami à moi Ryan Logan m’a offert de m’aider à en faire un court-métrage. Donc l’aventure du long-métrage fut fortuite, j’ai fait beaucoup de projets d’écriture et en tant qu’actrice, et même un « one person show » inspiré du court-métrage. Et par la suite, j’ai voulu l’adapter en long-métrage et ça a été plutôt organique comme processus. J’ai cherché pendant deux ans une personne pour le réaliser et j’ai finalement décidé de le faire moi-même. Je ne savais pas si c’était une bénédiction ou un fardeau, jusqu’à maintenant… là, je peux dire que c’est une bénédiction ! Avant de tourner The Queen of My Dream, j’ai réalisé en amont six autres courts-métrages, donc ça m’a vraiment ouvert la voie et permis d’apprendre et de grandir.

    Au début du film, Azra dit qu’elle « adore sa mère et qu’elle a essayé d’être comme sa mère, mais ce n’est pas le cas ». Pendant tout le film, on sent que c’est une phrase sincère. Est-ce lié d’une manière ou d’une autre à ta propre vie ?
    Fawzia Mirza : C’est un peu de l’autofiction, je suis d’origine pakistanaise et j’ai grandi en Nouvelle-Écosse. Je me suis toujours inspiré des expériences de vie, mais en tant qu’écrivaine, j’ai vraiment trouvé ma voie lorsque j’ai permis au film d’entrer dans la fiction. Par exemple, toute la section dédiée aux années 60 est une fantaisie. Il y a deux personnages inspirés par mes parents, mais également une mémoire et une histoire collectives. Certaines histoires sont tirées des actualités, par exemple lorsque les Beatles sont venus au Pakistan pour leur tournée et que Paul McCartney a dû aller aux toilettes au terminal et qu’une foule s’y est amassée. Je voulais que ce film procure un sentiment de réalité. Même si les faits sur ma famille ne sont pas tous vrais, il y a des vérités à propos de notre histoire.

    Dans le film, la direction artistique est particulièrement prenante et il y a beaucoup de travail puisque le film s’étend sur plusieurs pays et décennies (années 60, 80 et aujourd’hui). C’était un beau défi ?
    Fawzia Mirza : Ce fut un défi, oui, car nous avions un petit budget et parfois nous faisions deux décennies dans la même journée, les années 60 le matin, et les années 80 le soir ! Beaucoup de travail, mais aussi beaucoup de communication et de collaboration de la part de tous les départements, des costumes aux décors, en passant par le maquillage ! Pour la direction artistique et l’esthétique visuelle, plus globalement, je voulais être capable de voir les choses à travers plusieurs époques, pour évoquer le souvenir et en créer à travers le film, car c’est aussi un film-mémoire.

    Justement, la cinématographie est inventive, comme ces images panoramique 360 degrés avec ces « scènes de cartes postales » et ces transitions entre des lieux (de Karachi/Pakistan à Sydney/Nouvelle-Écosse). Était-ce une façon de montrer ces villes telles que vous les avez vécues ?
    Fawzia Mirza : L’esthétique et l’œil de notre directeur photo Matt Erwin est incroyable et je crois qu’il n’a pas assez de crédit pour son travail. Lorsque nous tournions le film, ces moments cartes postales, comme tu les nommes, évoquent la mémoire, à la manière de photographies. Parfois, lorsqu’on voyage, on ne se rappelle que d’un moment, d’une image et je voulais capturer ça. Pour élever le film, j’ai décidé d’y aller avec cette esthétique « du moment », dans la forme du slide show. Il y a le sentiment de nostalgie et je voulais que les gens le ressentent.

    Dans le film, on voit Azra avoir une relation avec sa petite amie Rachel. Et après, on la voit tenter d’embrasser une autre fille à 12 ans. Outre ces représentations du lesbianisme, le film est plus éloquent sur la relation entre Azra et sa mère. Thématiquement, le lesbianisme devient pratiquement une toile de fond des traditions. Comment avez-vous abordé la représentation de l’homosexualité ?
    Fawzia Mirza : Le premier film que j’ai écrit, Signature Move, avait des thèmes similaires : une avocate d’origine pakistanaise secrètement en couple avec une femme et une relation complexe avec sa mère. C’était plus une histoire de coming out. Je ne voulais pas reproduire la même histoire, mais je voulais montrer que ce que nous sommes a un impact sur tout. D’ailleurs, je voulais montrer que lorsque Azra et sa mère étaient plus jeunes, elles ont probablement entamé leur parcours divergent sur la même note.

    Ensuite, il y a des écarts, des non-dits, comme dans toute relation, et on peut même combler le vide avec notre propre histoire. Ceci rend possible l’identification étant donné le caractère universel de l’histoire. Je voulais créer une histoire mère-fille à saveur queer.

    Être lesbienne et musulmane sont deux identités aux antipodes, car la religion musulmane condamne l’homosexualité. Vous êtes née et avez grandi au Canada, mais dans une famille musulmane. Comment s’est passée votre enfance en Nouvelle-Écosse, ces deux identités étaient-elles en conflit, comme dans le film ?
    Fawzia Mirza : Personnellement, j’ai fait mon coming out plus tard dans ma vie, donc je n’ai pas eu l’expérience que la jeune Azra a dans le film. Et par la suite, je suis partie du Canada pour vivre à Chicago. Cela dit, je dirais que vivre en tant que personne de l’Asie du Sud dans le très blanc Canada était un défi. Ceci a façonné ma façon de grandir et j’ai nécessairement infusé beaucoup de ma personnalité franche, de mes identités et du fait d’être queer et pakistanaise dans mon travail et dans mes films. Et cela ne pose pas de conflit.

    En tant que réalisatrice queer musulmane, avez-vous du mal à vous faire une place dans le monde masculin de la réalisation de films ? Ressentez-vous des changements?
    Fawzia Mirza : En tant que réalisatrice, je sens que j’émerge encore dans cet espace, mais en tant que femme d’un groupe sous représenté, il y a définitivement plus d’opportunités maintenant. Membre de la Directors Guild of Canada et America, je suis très excitée d’amener mon point de vue sur le plateau de divers films, séries télé, etc. Je veux faire partie d’un continuum de changement. Je ne sais pas ce qui se passe au top, mais je crois que nous avons une opportunité, particulièrement en tant que réalisateurs, sur une base quotidienne lorsque nous sommes sur les plateaux, [de nous préoccuper] de la façon dont on traite les gens; c’est primordial. « That matters! » Toujours traiter les gens avec la gentillesse et le respect qu’ils méritent, de façon juste et égale. C’est mon genre de leadership et c’est de cette façon que j’espère pouvoir faire partie du changement.

    Le film est notamment produit par Andria Wilson Mirza, également votre partenaire de vie. Comment se passe la conciliation travail-famille ?
    Fawzia Mirza : Honnêtement, ma femme productrice et moi-même avons un grand bagage d’amour et de respect mutuel. Nos collaborations commencent et se terminent par l’amour, ce qui nous mène à donner le meilleur de nous-mêmes. Tu sais que tu es dans une relation qui fonctionne quand tu veux le meilleur pour l’autre personne, espérant qu’elle te rende meilleure au passage. Andria me rend meilleure. Donc ce film fut une excellente collaboration et rien de tout ça n’aurait pu arriver sans elle. Laissez-moi vous dire que tout le monde a besoin d’une Andria dans sa vie !

    Des projets à venir (avec Andria) ?
    Fawzia Mirza : Nous avons notre compagnie basée à Toronto et à Los Angeles, qui se nomme Baby Daal Productions. Nous produisons mon prochain long-métrage, une comédie présentement en développement, et avons plusieurs autres projets en cours, notamment nous sommes producteurs exécutifs sur quatre courts-métrages, car notre but est aussi d’aider les autres à faire avancer leurs projets et missions artistiques. Cet automne, il y aura la sortie d’un documentaire que nous produisons, Survivor Made qui suit un groupe de survivants de violences basées sur le genre, alors qu’ils défient tous les pronostics et créent leur propre entreprise à Los Angeles. Je suis excitée pour tout ce qui s’en vient. Comme je disais, trouvez votre Andria Wilson Mirza !…

    INFOS | Le film The Queen of my Dreams sera présenté en salle le 30 novembre à 2024, à 19h à l’Espace ONF durant le festival image+nation, en version originale anglaise et urdu, avec sous-titres anglais.

    INFOS | Image+nation se tient du 20 au 30 novembre 2024, dans 6 salles de cinéma de Montréal et partiellement en virtuel (principalement pour les personnes qui se trouvent au Québec).  Pour plus d’infos sur chacun des films ou pour vous procurez des billets pour assister au festival image+nation en personne ou visionnez certains films en version virtuelle, visitez le site du festival image+nation 2024.

    POUR VISUALISER LA GRILLE HORAIRE DU FESTIVAL, CLIQUEZ ICI.


    LIEUX DE PROJECTION

    • Cinéma J.A DeSève de l’Université Concordia au 1400 boulevard de Maisonneuve Ouest (métro Guy-Concordia)

    • Centre PHI au 407 rue Saint-Pierre, Montréal, QC H2Y 2M3 (métro Square Victoria-OACI)

    • Salle de projection Jean-Claude Lauzon (J-S1430) | UQAM, 1564 rue Saint-Denis, Montréal Québec H2X 3K2 (métro Berri-UQAM) ENTRÉES | fin de semaine · weekend | Métro Berri-UQAM 1400 rue Berri, Montréal QC H2L 2C4.

    • Office national du film du Canada, à l’Édifice Balmoral 1501 de Bleury Montréal Québec H3A 0H3 (métro Place des Arts)

    • Sir George Williams Alumni Auditorium (H110) de l’Université Concordia au 1455 de Maisonneuve O. Montréal Québec H3G 1M8 (métro Guy-Concordia).

    • Cinéma du Musée au 1379-A rue Sherbrooke O. Montréal Québec H3G 1K3 (métro Peel)


    BILLETS: 14$/ billets (11$ pour les étudiants et personnes âgées de 65 ans et plus). Plusieurs type de laissez-passer — pour 6 ou 10 billets ou tout accès ou hybride. Consulter le site pour tous les détails.

    ACHAT DE BILLETS EN LIGNE Achetez vos billets directement sur le site internet à l’avance et assurez vous une place en salle ! Il vous suffit de sélectionner un film et de vous connecter (ou de créer un compte si vous n’en avez pas). Une fois votre achat effectué, vous recevrez un courriel de confirmation avec tous les détails.

    EN SALLE S’il reste des billets pour la projection qui vous intéresse, vous pourrez vous les procurer le jour de la projection, et ce, 30 minutes avant la première projection du jour.

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