Wellington (João Pedro Mariano) sort à ses 18 d’un centre de détention pour jeunes. Sa famille a quitté la ville sans laisser d’adresse. Il se retrouve seul dans São Paulo à déambuler. Ses pas l’amènent dans un cinéma porno où il rencontre Ronaldo (Ricardo Teodoro), un prostitué d’une quarantaine d’années. Une rencontre de nécessité pour l’un comme pour l’autre mais qui dérive très vite par une prise de conscience de chacun vis-à-vis des sentiments parfois contradictoires qu’ils éprouvent l’un pour l’autre.
Une histoire qui pourrait être banale et qu’on a déjà vu au cinéma. Mais curieusement, malgré la dureté de survivre dans une ville où la population qui vit dans la rue à augmenter en quelques années à 400 %, le réalisateur Marcel Caetano a souhaité montrer que l’espoir, la joie, la tendresse pouvait aussi s’exprimer malgré la dureté du quotidien et de sa violence.
« Je souhaitais m’inscrire un peu en faux avec toute une filmographie latino-américaine qui représente l’Amérique latine de façon sordide, voire morbide, pour attirer la condescendance et la pitié», précise Marcelo Caetano en entrevue, «comme si on ne pouvait faire autre chose que des films sociologiques, le film Baby est une forme de réponse à ce cinéma latino-américain trop misérabiliste. Je refuse de mettre mes personnages dans la catégorie de victimes et Baby est une forme de réponse à ce cinéma-là qui peut devenir à la longue une présence ».
Ne croyez pas que le réalisateur occulte la réalité, bien au contraire, mais il la transfigure dans la vie de ses personnages, qui sont bien plus à ce que les clichés pourraient nous amener à les réduire.
« En fait, je perçois mes personnages comme des ouvriers qui participent, certes, à une économie illégale, mais dans une ville où la moitié de la population n’a pas de travail fixe ou régulier», continue Marcelo Caetano, «donc on survit avec des petits boulots, et les gens travaillent beaucoup, souvent pour peu, mais sans aucune stabilité. La prostitution est montrée dans le film comme un espace de travail, c’est juste un travail pour Ronaldo, dans lequel il entraîne Wellington ».
Ronaldo et Wellington — Baby pour les clients —, vont se découvrir petit à petit au cours de leur association au début purement professionnelle. Une histoire d’amour pour les cinéphiles romantiques ? Pas si sûr même si tous les ingrédients sont réunis, en tout cas, le réalisateur s’en défend : « On pourrait penser à une relation amoureuse compliquée, puisqu’elle est asymétrique, un jeune de 18 ans avec un homme de 40 ans qui n’a jamais éprouvé de sentiments pour un autre homme. Il y a de l’amour, de l’excitation, du désir mais en même temps c’est avant tout une relation professionnelle où ils sont collègues, colocs. Ronaldo est celui qui change le plus puisqu’il découvre des sentiments qu’il n’avait jamais ressentis auparavant, quant à Baby, il découvre un monde dans lequel il doit faire sa place, mais cette relation va les marquer définitivement, les faire évoluer ».
Mais les histoires d’amour ne sont-elles pas toujours compliquées ? Se confiant, le réalisateur dit qu’il faut manger beaucoup de sel avant de pouvoir dire je t’aime. « J’aime les films où la relation est tellement forte entre deux personnes qu’il est impossible que celle-ci dure, mais l’intensité a été telle que chacune des deux sera marquée à vie ».
La ville de São Paulo est en soi un des personnages du film, grouillante, toujours en mouvement, aussi bien dans les ruelles, les parcs et les avenues. Comme le dit Ronaldo dans une réplique Si tu ne bouges pas tu meurs. Et en contrepoint, des scènes plus intimistes avec les proches, la famille, des moments de partage, de chaleur et de tendresse. « J’essaie d’avoir toujours des scènes de vie collective, et pas seulement centrées sur l’aspect queer des personnages, on le voit quand Ronaldo est avec sa famille », ajoute Marcelo Caetano.
Une des scènes les plus touchantes et émouvantes du film est en fait un accident. Ni les comédiens ne savaient qu’ils étaient filmés, ni le réalisateur qui n’était pas présent au moment de la captation, aux spectateurs spectatrices de la deviner. Cette scène résume parfaitement l’esprit de ce film, ces moments de petits bonheurs et de joie, éphémères certes, mais qui font le sel de la vie. Quand le sel a meilleur goût d’un seul coup.
Tout en offrant une belle histoire d’amour moderne, Baby fait le portrait d’une réalité sociale étouffante et aborde avec justesse la question de la famille, notamment celle que l’on se choisit
Le film BABY sera présenté en salle durant le festival image+nation à deux reprises en version originale portuguaise : le samedi 23 novembre à 21h15 (avec sous-titres FRANÇAIS); et le dimanche 24 novembre à 13h (avec sous-titres ANGLAIS. Les deux projections auront lieu au Sir George Williams Alumni Auditorium de l’Université Concordia.
INFOS | Image+nation se tient du 20 au 30 novembre 2024, dans 6 salles de cinéma de Montréal et partiellement en virtuel (principalement pour les personnes qui se trouvent au Québec). Pour plus d’infos sur chacun des films ou pour vous procurez des billets pour assister au festival image+nation en personne ou visionnez certains films en version virtuelle, visitez le site du festival image+nation 2024.
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LIEUX DE PROJECTION
• Cinéma J.A DeSève de l’Université Concordia au 1400 boulevard de Maisonneuve Ouest (métro Guy-Concordia)
• Centre PHI au 407 rue Saint-Pierre, Montréal, QC H2Y 2M3 (métro Square Victoria-OACI)
• Salle de projection Jean-Claude Lauzon (J-S1430) | UQAM, 1564 rue Saint-Denis, Montréal Québec H2X 3K2 (métro Berri-UQAM) ENTRÉES | fin de semaine · weekend | Métro Berri-UQAM 1400 rue Berri, Montréal QC H2L 2C4.
• Office national du film du Canada, à l’Édifice Balmoral 1501 de Bleury Montréal Québec H3A 0H3 (métro Place des Arts)
• Sir George Williams Alumni Auditorium (H110) de l’Université Concordia au 1455 de Maisonneuve O. Montréal Québec H3G 1M8 (métro Guy-Concordia).
• Cinéma du Musée au 1379-A rue Sherbrooke O. Montréal Québec H3G 1K3 (métro Peel)
BILLETS: 14$/ billets (11$ pour les étudiants et personnes âgées de 65 ans et plus). Plusieurs type de laissez-passer — pour 6 ou 10 billets ou tout accès ou hybride. Consulter le site pour tous les détails.
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