Jeudi, 16 janvier 2025
• • •
    Publicité

    Le retour d’Anna Brodeur : « Ta gonorrhée prenait vraiment beaucoup de place ! »

    Dans l’échelle de Richter des situations désagréables, Anna Brodeur en expérimente le pic lorsqu’au cours d’un repas d’amoureux dans un bistro parisien, son conjoint lui suggère de se joindre à sa maîtresse pour former un trouple. Inutile de dire que l’accent parisien d’Anna se désagrège à vitesse grand V alors qu’elle l’engueule royalement et… qu’il succombe à une crise cardiaque.

    C’est ainsi que s’amorce « Le retour d’Anna Brodeur », une production originale de Bell Média qui serpente joyeusement entre un humour, délicieusement acidulé et absurde, et des moments plus dramatiques. En effet, la présence d’Anna en France trouve sa source dans un événement traumatique survenu dix ans plus tôt : soyez sans crainte, la série ne ménage pas le suspense pendant douze saisons puisque le pot aux roses nous est révélé dès le second épisode.

    Des finances précaires amènent un retour forcé d’Anna à Montréal et l’émergence de crises d’angoisse. À l’époque, Anna (Julie Le Breton) s’était enfuie en catimini, sans annoncer son départ, et sans ne jamais plus donner de signe de vie. Patrick (Benoit McGinnis), le copain gai avec lequel elle avait développé une amitié fusionnelle, l’accueillera-t-il avec une brique et un fanal? La réponse est « oui », mais également avec les bras grands ouverts.

    Le retour d’Anna Brodeur

    Directeur d’une agence de relations publiques, Patrick vit également de grands bouleversements puisque, après six mois de fréquentation, il décide de franchir le grand pas avec Étienne (Xavier Bergeron) et lui suggère qu’ils effacent leurs profils Grinder respectifs. Quelle n’est pas sa surprise d’apprendre que son chum lui avait caché l’existence d’un profil Tinder et un fils de six ans. Quand l’une des artistes de l’agence suscite un raz-de-marée médiatique en déclarant « qu’elle a honte d’être Québécoise » et qu’Anna se présente à sa porte, le verre d’eau a donc déjà débordé depuis belle lurette.

    Les atomes crochus sont cependant plus forts que tout et les deux amis se rabibochent après s’être lancé leurs quatre vérités. C’est alors qu’Anna lui souligne qu’il y a dix ans, il n’était pas vraiment ouvert aux confidences puisque sa « gonorrhée prenait vraiment beaucoup de place ». Tout est bien qui finit bien? Non, puisque des nuages se profilent à l’horizon en la personne d’Antoine Girard (Patrick Hivon), un animateur de radio qui souffre d’un « petit déficit de volonté » face aux femmes et dont le regard s’allume lorsqu’il croise Anna, et de Monique (Élise Guilbault), la mère profondément narcissique d’Anna (surnommée « Moi-nique »).

    La complicité, ponctuée de piques assassines entre Patrick McGinnis et Julie Le Breton, est à ce point épidermique qu’on croit instantanément qu’elle puisse défier dix années et de petites trahisons. L’agence de relations publiques est par ailleurs truffée de personnages hauts en couleur à travers lesquels on croise une riche représentation LGBTQ avec une palme d’or pour le joyeusement impertinent Alex (Vlad Alexis) et Kamikaze (Sébastien René), une drag queen et animatrice web qui n’a pas la langue dans sa poche. Il faut également souligner un très séduisant inspecteur de police à l’envoutante barbe poivre et sel (Stéphane Gagnon) et une psychologue délicieusement brutale avec ses patients.

     Le scénario de Richard Blaimert est inventif, les répliques sont mordantes à souhait, et la réalisation de Sébastien Gagné et Mathieu Cyr brille par un rythme toujours soutenu. Bref, un plaisir qu’on ne voudra rater sous aucun prétexte!

    Les dix épisodes de la série « Le retour d’Anna Brodeur » sont disponibles sur Crave.

    Bande-annonce

    Du même auteur

    SUR LE MÊME SUJET

    1 COMMENT

    1. Superbe critique d’une série qui semble pleine de rebondissements! J’apprécie beaucoup la manière dont vous décrivez les relations complexes entre les personnages, surtout entre Anna et Patrick. Cela semble bien capturer les hauts et les bas de l’amitié et des retrouvailles inattendues.

      Par contre, je me demande, sans vouloir trop en dévoiler, si les tensions entre Anna et sa mère compliquent encore davantage son retour à Montréal? Enfin, sont-elles essentielles à l’intrigue ou plus secondaires?

      Quant aux éléments de surprise évoqués, leur mise en scène est-elle aussi bien réussie que l’on pourrait l’espérer dans une série dramatique? »

    LEAVE A REPLY

    Please enter your comment!
    Please enter your name here

    Publicité

    Actualités

    Les plus consultés cette semaine

    Publicité