Mercredi, 12 février 2025
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    L’amour au-delà des conventions

    Je pousse doucement la porte de chez moi, encore habité par l’excitation de la soirée. L’air frais de la nuit effleure mon corps, emportant une partie du parfum de ce bel inconnu, mais il reste suspendu à mon col. Je sens encore la pression de ses mains sur ma nuque, le goût salé de sa salive sur mes lèvres, la chaleur de son souffle contre ma mâchoire. Ses doigts parcourant mon dos avec une lenteur presque calculée, comme s’il voulait mémoriser chaque courbe. C’était intense, brut, presque animal.


    Je me déshabille et file sous la douche, laissant l’eau effacer les traces visibles de cette rencontre fugace, mais pas ce qu’elle a éveillé en moi. Quelques minutes plus tard, je me glisse dans le lit, la chaleur de ma peau se mêlant à celle de mon partenaire. Il dort paisiblement, insouciant de ce qui vient de se passer, ou peut-être en devine-t-il les contours. Ce qui est certain, c’est qu’il n’y a ni trahison ni culpabilité, seulement une confiance inébranlable et une connexion sincère.

    Et pourtant, ce choix dérange. Il brise les repères, défie les normes établies et bouscule les attentes. On le juge sans chercher à comprendre, car il remet en question ce que beaucoup considèrent comme une vérité immuable sur l’amour. On attend d’un couple qu’il se loge dans un seul corps, qu’il se limite à une seule histoire. Ceux qui dérogent à cette trajectoire sont souvent perçus avec suspicion, comme s’ils étaient dans l’erreur. Il y a des regards qui jugent, des questions implicites, des commentaires de travers.

    « Mais pourquoi ? », me demande-t-on parfois, avec insistance, comme si la monogamie était la seule voie légitime. « Si tu as besoin d’aller voir ailleurs, c’est que tu ne l’aimes pas assez », comme si le désir envers un autre annulait celui qu’on ressent pour son partenaire. Ces phrases, entendues mille fois, résonnent comme des mantras d’une société qui confond fidélité sexuelle et profondeur des sentiments.

    Si on prend un instant pour y réfléchir, la monogamie, telle qu’on nous la présente, n’est rien de plus qu’une construction sociale. Une idée imposée comme une évidence, transmise de génération en génération, sans véritable remise en question. Qui a décrété que c’était la seule manière d’aimer ? L’histoire, avec ses nombreux exemples de relations partagées, ouvertes ou plurielles, nous montre une autre réalité : celle d’une diversité d’expressions, qui précède largement cette idée figée.

    Il me semble que la fidélité, dans sa forme la plus pure, devrait avant tout s’appuyer sur l’engagement
    émotionnel et la confiance, bien plus que sur les actes sexuels. C’est là que réside l’essence de notre relation : une promesse de toujours revenir l’un vers l’autre, malgré les explorations vécues ailleurs. Cet engagement, nous seuls avons le pouvoir de le définir, selon nos propres règles. Alors pour quelle raison cette vision paraît-elle, aux yeux de tant, si étrange, voire provocante, alors qu’elle repose sur des principes de consentement, de respect et de transparence ?

    Sans doute parce que l’idée que notre partenaire puisse tourner son désir vers un autre individu, vivre une intimité ailleurs, ébranle profondément notre égo. C’est la peur d’être remplacé, effacé, éclipsé. Ce vertige d’imaginer qu’un autre pourrait éveiller en lui des sensations que nous n’arrivons pas à lui offrir, nous confronte à une réalité troublante : notre propre fragilité. Une crainte que beaucoup choisissent d’éviter, car elle met en lumière ce qui, au fond, nous rend humains.

    Dans notre relation, ce qui la définit avant tout, c’est une entente solide : celle d’honorer nos instincts et nos fantasmes sans entrave ni culpabilité. Cela signifie les vivre pleinement, les voir se concrétiser et les exprimer dans un respect mutuel. C’est une liberté partagée, une opportunité de mieux se comprendre, forgée dans une communication sincère, parfois difficile, toujours essentielle. Elle ne fragmente pas notre complicité ; au contraire, elle la renforce. Cela nous permet également de nous reconnecter à nous-mêmes, d’accepter nos besoins sans les condamner.

    Ces instants éphémères me rappellent pourquoi, parmi tous les corps que je pourrais toucher, c’est lui que je choisis de retrouver chaque soir depuis presque 10 ans. Son sourire, qui m’a séduit dès notre premier échange. Son esprit vif, sa capacité à me défier intellectuellement et ce calme qu’il dégage même dans les tempêtes. Et puis, il y a ses fesses d’ancien gymnaste, parfaites dans leur forme et leur fermeté, qui m’attirent comme un aimant.

    Je n’écris pas cela pour faire la morale ni pour convaincre quiconque de suivre cette voie. Je ne prétends pas que le modèle monogame soit moins valable, au contraire. Chaque relation trouve son épanouissement, qu’elle soit exclusive, polyamoureuse ou ouverte, et cela mérite d’être respecté. Ce que je remets en question, c’est cette croyance selon laquelle la fidélité sexuelle serait le seul indicateur d’un amour sincère. C’est là que le bât blesse. Ce dogme est réducteur et surtout déconnecté de la réalité de nombreux couples.

    Ce soir, allongé dans mon lit, je repense à tout ce que nous vivons ensemble. Chaque geste, chaque souffle devient une promesse silencieuse, une danse infinie entre désir et confiance. La dynamique que nous partageons échappe aux carcans traditionnels, et pourtant notre lien reste tout aussi authentique. Il n’est ni moins profond, ni moins vrai. Il est simplement… différent.

    Au fond, l’amour n’a pas un seul visage. Il se manifeste de mille façons, autant qu’il y a d’individus, de vécus et de besoins. L’essentiel est d’être fidèle à soi-même, d’embrasser pleinement ce qui nous fait vibrer, ce qui nous épanouit. Si cela signifie bousculer les conventions, alors tant mieux.

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