Jeudi, 11 septembre 2025
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    La bonne fortune de Fortune Feimster

    La vedette de l’humour stand-up Fortune Feimster a eu son gros break en 2010 au festival Juste pour rire de Montréal, où elle a participé à un showcase New Faces of Comedy. C’est le plus grand festival d’humour au monde, et cette vitrine lui a ouvert bien des portes.

    Elle est de retour cet été en tête d’affiche d’un gala le 26 juillet, dans le cadre de la 43e édition du festival Juste pour rire, qui se déroulera du 16 au 27 juillet dans plusieurs salles de Montréal. Cette édition marquera aussi le début d’une nouvelle ère audacieuse pour le festival.

    J’ai parlé à Fortune le lendemain de l’annonce de son divorce à l’amiable avec sa conjointe Jacquelyn Smith. Par respect, on a évité ce sujet, ainsi que celui du combat de sa mère Ginger contre le cancer. Voici notre discussion franche et chaleureuse.

    C’était comment, grandir à Belmont, une petite ville en Caroline du Nord? Est-ce que tu t’es rendu compte jeune que t’étais différente?
    Fortune Feimster : J’ai eu une super belle enfance. Ma ville natale est vraiment cute, pis les gens sont super gentils. Mes parents vivent encore là. Quand j’étais jeune, vu que c’était un petit milieu, j’avais le goût de voir plus loin, d’élargir mes horizons. J’essayais pas de fuir, j’avais un bon réseau autour de moi. Mais c’est vraiment en arrivant à l’université que j’ai commencé à me rendre compte que j’étais différente, en rencontrant du monde de plein d’horizons.

    En 1998, t’as été présentée à la société au bal des débutantes de Gastonia. Comment t’as vécu ça?
    Fortune Feimster : Oh boy, j’ai fait ça à reculons! Ma mère m’a un peu forcée, c’était pour avoir l’air « comme les autres ». On n’avait pas une cenne, on n’avait pas d’affaire là. Fait que j’ai fait mon coming out deux fois : une fois comme demoiselle, une autre fois comme personne queer!

    T’as étudié en communication à Peace College avant de déménager à L.A., où t’as travaillé sept ans comme journaliste culturelle. Est-ce que t’aimais ça?
    Fortune Feimster : J’ai adoré. C’était une super job de jour. Je rencontrais des gens tripants, j’apprenais les rouages du showbiz, en parallèle à mon rêve de faire de la comédie. Ça me permettait de suivre des cours d’impro au Groundlings le soir, de faire du stand-up. Ça a payé mes bills pendant sept ans. Mes boss savaient que j’avais d’autres ambitions et ils m’ont toujours encouragée, tant que je faisais ma job. Interviewer des actrices, des réalisateurs, aller sur des plateaux, des tapis rouges… c’était vraiment le fun.

    Est-ce que ça t’a servi par la suite, tout ça?
    Fortune Feimster : Tellement. Quand j’ai commencé à écrire pour Chelsea Lately, je me suis dit en entrevue : « Hey, ça fait sept ans que je jase avec des vedettes pis que je décortique la culture pop! » J’avais déjà les réflexes. Je pensais jamais que ça m’aiderait autant en humour. Écrire, c’est rendu essentiel dans ce que je fais, pis cette job-là m’a permis de pratiquer ça pendant des années.

    Ton passage à Chelsea Lately, ça a été un moment décisif dans ta carrière?
    Fortune Feimster : Absolument. Je galérais pour trouver ma place. Le journalisme, ça s’essoufflait, les journaux fermaient. J’ai fini par me lancer à temps plein dans la comédie, sans filet. J’avais presque rien. J’étais passée proche d’être prise à Saturday Night Live deux fois, pis j’ai pas eu la job. C’était tough. Dans ce temps-là, on valorisait pas encore les gens différents. Mais Chelsea (Handler), elle a vu ça comme un atout. Elle m’a engagée parce que j’étais pas comme tout le monde. Et après ça, d’autres ont commencé à me dire oui aussi. Ça prend quelqu’un en position de pouvoir qui t’ouvre une porte. Elle l’a fait pour moi.

    Qu’est-ce que t’aimes autant dans la comédie?
    Fortune Feimster : Faire rire du monde, c’est fou pour moi. Jamais j’aurais cru que je pourrais en vivre. Quand j’étais petite, ça semblait irréaliste. Mais dès que j’ai découvert ça, j’ai su que c’était ça que je voulais faire, coûte que coûte. J’ai passé des années à en faire sans être payée. Le fait d’en vivre aujourd’hui — pis même très bien — c’est un vrai rêve. Y’a pas une semaine où je me dis pas : « Est-ce que je rêve? »

    Est-ce que c’était difficile d’être out comme humoriste à tes débuts?
    Fortune Feimster : J’ai décidé dès le départ d’être moi-même. Je voulais pas cacher qui j’étais ou que le public se pose mille questions. Je raconte ma vie sur scène, pis ma vie est personnelle. Si j’avais caché ça, j’aurais eu l’impression de mentir. C’est qui je suis. Si ça te plaît, tant mieux. Si ça te plaît pas, ben… change de poste. Moi je dis à tout le monde : soyez vous-mêmes. Cachez-vous pas.

    Avant, à Juste pour rire, il y avait des séries comme Queer Comics. Est-ce que tu trouves que les humoristes queer sont mieux intégrés dans le milieu aujourd’hui?
    Fortune Feimster : Quand j’ai commencé, on avait des soirées queer où on n’était pas en compétition avec les « bros ». On créait nos propres espaces. Le public était ouvert, on se sentait en sécurité. Mais il fallait aussi apprendre à affronter d’autres salles, moins accueillantes. J’ai appris à jongler avec les deux. Aujourd’hui, je sens que les choses sont pas mal plus intégrées. Le monde valorise l’individualité, pis j’en suis reconnaissante. C’était pas comme ça à mes débuts. Être différent, c’était un handicap. C’est beau de voir le changement.

    Tu te vois comme une humoriste queer ou juste une humoriste qui est queer?
    Fortune Feimster : Je suis juste une humoriste. Être queer, c’est une grosse partie de mon histoire, oui, pis j’en parle beaucoup. Mais mon but, c’est de faire rire le monde.

    Comment tu te sens à l’idée d’être un modèle pour plein de gens, notamment pour les questions LGBTQ+ et la diversité corporelle?
    Fortune Feimster : J’essaie de bien utiliser ma plateforme. Si être authentique peut aider quelqu’un, je prends ça très au sérieux. Ça me touche profondément. Je suis une grande fille, je l’ai toujours été, pis y’a plein de gens qui me ressemblent. Si je peux aider d’autres à se sentir bien dans leur peau, j’en suis fière. J’ai mes défauts, je les connais, mais j’aime qui je suis. Et si ça peut inspirer quelqu’un d’autre à s’aimer, tant mieux. Soyez qui vous êtes et aimez-vous comme vous êtes.

    Je me rappelle en 2018, tu faisais un petit théâtre à OFF-JFL. Là tu reviens pour animer
    un GALA!

    Fortune Feimster : C’est fou! C’est la première fois que j’anime un gala, pis c’est un vrai honneur. J’avais peur que JFL soit fini. On était tous inquiets. Ce festival-là, c’est une place unique pour les humoristes, une vraie communauté. C’est aussi un tremplin pour les nouveaux talents. Le fait que ça revienne, j’suis full excitée! J’avais envie d’être là, de faire partie du renouveau. Ça va être grandiose. Passer de New Faces en 2010 à animatrice d’un gala, c’est la boucle qui se boucle.

    INFOS |  Fortune Feimster anime un Gala Juste pour rire au  Théâtre Maisonneuve le 26 juillet.
    Le festival Juste pour rire de Montréal a lieu du 16 au 27 juillet dans plusieurs salles.
    Billets : hahaha.com
    Site officiel : https://www.fortunefeimster.com

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