Mercredi, 3 Décembre 2025
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    Nadia Melliti, l’actrice qui a gagné le Prix d’interprétation à Cannes

    On peut dire que l’actrice Nadia Melliti a vécu toute une année. Recrutée pour interpréter le personnage principal du film La petite dernière de Hafsia Herzi – adaptation de l’autofiction éponyme de Fatima Daas –, son premier rôle à vie, cette étudiante française s’est vu décerner le Prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes. La petite dernière, qui prendra l’affiche au Québec en janvier, a par ailleurs reçu la Queer Palm. On a pu parler à l’actrice – toujours étudiante! – lors de sa première visite à Montréal, dans le cadre du festival Cinemania.

    Comment s’est passée ta préparation pour le rôle de Fatima?
    Nadia Melliti : Je me suis préparée pour ce rôle en différentes étapes. D’abord, la lecture du roman, sur recommandation de la directrice de casting. C’est un roman, d’ailleurs, qui m’a bouleversée, il est très touchant. J’avais un personnage qui, à chaque début de chapitre, se questionnait vis-à-vis de son identité. C’est un roman structuré d’une façon particulière, avec beaucoup de poésie, beaucoup de spiritualité. C’est un texte à travers lequel j’ai effectué un travail d’imagination et de visualisation. Je m’imaginais que c’était un personnage solitaire, taiseuse, qui menait toutes ses batailles dans sa tête. D’ailleurs, j’avais vraiment l’impression d’être dans la tête de ce personnage.

    Par la suite, j’ai rencontré Fatima Daas, l’autrice de ce livre d’autofiction. Et là, j’ai fait un petit travail d’observation, j’ai un peu « volé » des informations qui provenaient d’elle : sa façon de se déplacer dans l’espace, de proposer un café, le ton qu’elle emploie.

    Est-ce que, quand elle s’assoit, elle croise les bras ou elle est détendue? Son comportement, son attitude… Plein de choses qui m’ont été très utiles pour développer l’incarnation du personnage plus tard. Et puis, ensuite, l’incroyable Hafsia Herzi, qui a eu un rôle de coach très, très impressionnant et en même temps très subtil, en raison de sa carrière d’actrice, notamment, parce qu’elle a la faculté de comprendre les acteurs et les actrices sur son plateau. Donc il y a eu une véritable direction, une vraie construction du rôle par la suite. J’ai donc concilié tous ces éléments-là : l’imagination, l’approche avec Fatima et la direction de Hafsia Herzi.

    As-tu retrouvé quelque chose de toi-même dans ce personnage?
    Nadia Melliti : Oui, tout à fait. La dimension familiale et sociale [de Fatima] me ressemble énormément, parce que j’ai des parents issus de l’immigration algérienne. Je suis passée par l’université. Donc on peut dire que cette émancipation intellectuelle, je l’ai vécue aussi. Et puis, la combativité du personnage. Je pense que cette question de la combativité a été très forte pour moi, ça a beaucoup résonné.

    La petite dernière aborde la réalité d’une personne musulmane qui explore son homosexualité. Comment le lien entre l’homosexualité et l’islam s’est-il développé lors de la préparation du film?
    Nadia Melliti : Quand j’ai lu le roman, je me suis dit que, quand elle va voir l’imam, c’est un endroit dans lequel je n’aimerais pas du tout me retrouver, parce qu’elle le décrit de manière assez lugubre. D’ailleurs, elle le dit dans son roman : elle a l’impression qu’elle va être sanctionnée parce qu’elle a commis un péché. Cette dimension religieuse, on la retrouve davantage dans le roman. Il est très poétique. Il y a beaucoup de spiritualité du début à la fin.

    Après, dans le film, c’est vrai que l’imam a une apparence totalement différente de ce qu’on voit habituellement, et je trouve ça plutôt intéressant, parce que ça permet de déconstruire certaines idées préconçues. La religion, dans ce film, c’est un décor. Ça aurait pu être n’importe quelle autre religion.

    Avec la présentation à Cannes et les festivals qui ont suivi, la dernière année a dû être intense! Comment te sens-tu?
    Nadia Melliti : Je me sens très bien. J’essaie de concilier mes études avec cette nouvelle passion qu’est le cinéma. D’ailleurs, merci à Hafsia Herzi, parce que, sans elle, je pense que je n’aurais jamais pu aimer ce métier comme je l’aime actuellement. Je l’ai très bien vécu, mais en même temps, Cannes, c’est très intense. Il y a beaucoup de choses à faire, mais on est très heureux de participer à ce festival, parce que c’est quand même le plus prestigieux.

    Et me retrouver au milieu de personnes que je voyais moi-même sur grand écran, c’est juste incroyable. Être entourée de son équipe, c’est très important aussi. C’est un film qui n’a pas été facile à faire tout de suite, alors le fait que, d’un coup, il y ait tous ces événements – la Queer Palm et le Prix d’interprétation – ça permet d’envoyer un message aux personnes qui n’ont pas soutenu le projet, et de nous remercier, nous, pour ce travail-là. Aujourd’hui, il est très bien reçu par le public.

    INFOS | La petite dernière de Hafsia Herzi devrait prendre l’affiche des salles au Québec le 9 ou le 16 janvier 2026.

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