Bien qu’au point de vue juridique l’égalité des droits entre les hétéros et les LGBT ait beaucoup progressé ces dernières années au Québec, l’hétérosexisme et l’homophobie sont encore répandus, particulièrement à l’école. En effet, l’école est le premier lieu d’insécurité des jeunes, qui peuvent y être victimes d’homophobie, surtout de la part des autres jeunes, mais aussi de l’institution elle-même ou de ses représentants.
Pourtant, l’école est l’une des clés essentielles de l’épanouissement. Elle apprend la vie en société et prépare les jeunes à affronter l’avenir. L’école est un environnement dans lequel chaque élève devrait pouvoir se sentir en sécurité et développer sa personnalité dans un climat sain et encourageant.
Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas pour les jeunes gais et lesbiennes qui fréquentent les établissements, scolaires. Très souvent, les adolescents qui s’identifient comme gai, lesbiennes ou bisexuel(le)s manquent de points de repère et ont du mal à se construire une identité autour de leurs sentiments les plus intimes.
À l’école, ils ne voient pas leur réalité reconnue, ni même évoquée, si ce n’est, la plupart du temps, qu’en des termes négatifs (insultes, plaisanteries, etc.). On n’a qu’à lire, pour s’en convaincre, les études de Michel Dorais et de la Fondation Émergence, entre autres, ou le livre de témoignages de Jasmin Roy, Osti de Fif. Autant que la problématique du racisme, l’homophobie est un thème qui doit être abordé par les enseignants, même si le sujet est délicat et parfois passionnel. L’important est de «déconstruire les stéréotypes», de confronter les étudiants à leurs préjugés, d’ouvrir des brèches, des fenêtres, dans les raisonnements les plus fermés. Ce pourrait simplement se faire en abordant l’actualité (Fierté gaie, homoparentalité, mariage entre personnes de même sexe), en invitant des intervenants du GRIS ou bien en témoignant soi-même… C’est ce que Marc-André Patry (notre modèle en couverture ce mois-ci) fait depuis quelques années en étant simplement lui-même et en n’évitant pas les questions sur son orientation sexuelle en classe.
Diverses ressources existent déjà pour aider les enseignants à mieux aborder ces questions. La Commission des droits de la personne, et certaines commissions scolaires offrent des sessions de formations pour le personnel enseignant. Quant au GRIS-Montréal, outre les sessions de démystification en classe, il a développé un excellent Guide Pédagogique pour aider le personnel des écoles à transmettre des données objectives sur l’homosexualité et combattre l’homophobie.
L’école peut et doit faire en sorte que tous les élèves puissent s’exprimer dans leur diversité, elle doit permettre à chacun de recevoir une éducation dans les meilleures conditions, affirmer et valoriser les personnalités et les différences de chaque élève. À ce titre, elle se doit de présenter les réalités de l’homosexualité dans un cadre langagier positif, afin de répondre à sa mission d’éducation pour tous. Une école digne de ce nom doit valoriser et respecter chacun, quelle que soit son orientation sexuelle.