Un autre ouvrage coup de poing, portant sur l’Église, publié par H&O. Cette fois-ci, le regard est posé sur Pie XII, un pape que le Vatican envisage d’élever au rang de saint (il ne reste maintenant qu’une étape à franchir).
Ce dernier a toujours exhibé des prises de position morale élevée, mais son silence constant, pendant la Seconde Guerre mondiale, quant aux atrocités nazies en laisse plusieurs dubitatifs.
L’Église objecte qu’il ignorait tout de ce qui se tramait, mais plusieurs auteurs et chercheurs, dont Bruno Alexandre, auteur de cet ouvrage, dépeignent une tout autre réalité. En fait, le pape était l’individu le mieux renseigné d’Europe non seulement quant aux crimes des Allemands, mais également quant au drame de la Croatie. Un secret que le Vatican cherche désespérément à cacher puisque les prêtres et religieuses présents ont appuyé et même béni les soldats catholiques croates dans le cadre du massacre des chrétiens orthodoxes.
Le portrait du pape s’avère être celui d’un homme qui se complaît surtout sur un échiquier politique afin de vaincre la menace communiste plutôt que de se préoccuper de réelles questions humaines ou spirituelles.
Son jugement moral est également quelque peu tordu. Par exemple, une fois la guerre terminée, il exige des couvents et monastères abritant des enfants juifs, qui furent baptisés pendant le conflit, de tout faire pour les cacher aux parents venus les réclamer.
Un ouvrage fascinant et terrible à lire sur un pan trop méconnu de notre histoire.
Enquête sur une sainteté contestée : Pie XII, le silence de la morale / Bruno Alexandre. Le Triadou : H&O, 2012. 252p.