Mardi, 21 janvier 2025
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    Non je ne vous raconterai pas une autre histoire de voyage, même si ce n’est pas l’envie qui manque. En fait c’est que, voyez-vous, j’arrive à peine d’un autre séjour de deux semaines en Europe, où je me suis donnée en spectacle, à Paris et Bruxelles plus précisément, et comme ça fait environ cent fois que j’y vais, je me suis dit que je n’aurais plus rien à dire sur un sujet que j’ai couvert plutôt deux cents fois qu’une.

    Je sais, on ne fait jamais deux fois le même voyage et, en me forçant un peu, je pourrais bien trouver une ou deux anecdotes croustillantes à vous raconter, mais, sincèrement, qui s’intéresse encore à mes dévergondages libidineux, je vous le demande. De toute façon, j’étais tellement prise par mes spectacles que je n’ai pas eu le temps de faire la tournée des lieux de perdition et, même si j’avais voulu, l’énergie n’était pas au rendez-vous. Non, non, je n’ai pas perdu ma libido, je suis encore une jeune fringante de 29 ans et quelques poussières.

    C’est que, voyez-vous, chaque fois que je vais à Paris, je suis logée chez ma tatie, Madame Hervé. Bon, logée est un bien grand mot, disons qu’elle me niche dans une armoire à balais où le lit est à peine plus grand qu’une table de massage et où on étouffe comme dans un bain de vapeur. Et je ne vous parlerai pas de la salle de bains grande comme une cabine de sauna où elle m’oblige à prendre ma douche comme les marins, pour économiser l’eau chaude (ce qu’elle peut être radine parfois!). Pas l’idéal quand t’es habituée de passer des heures sous la douche. Tu te mouilles, tu fermes le robinet, tu te savonnes, tu ouvres le robinet, tu te rinces, tu fermes le robinet, tu te laves la tête, tu te fous du savon dans les yeux, tu vois plus rien, tu ouvres le mauvais robinet, tu t’ébouillantes, tu hurles, tu sacres, pis tu finis en te disant que la prochaine fois tu vas prendre ta douche quand la tatie ne sera pas là et tu laisseras couler l’eau jusqu’à tant qu’il n’y ait plus d’eau chaude dans le réservoir! Ça lui apprendra à me rationner et à m’interdire d’utiliser son savon-gel philosophique de Laroche-Posay! 

    Là vous vous dites, mais ne sont-ce pas là deux bonnes raisons pour aller passer la nuit dans un backroom et prendre sa douche au sauna? Je vous donnerais raison si ce n’était que maintenant elle bouffe bio, la vieille. C’est quoi le rapport vous me dites? 

    Finis les saucissons, les viandes en sauce et les fromages gras, maintenant elle me nourrit aux pâtes sans gluten, à la salade de légumineuses, à la purée de carottes bouillies et au yaourt nature 0% de gras (ouach, ouach et triple ouach!). Tout ça peut paraitre bien exotique sur un menu de resto végétarien, mais je vous dis pas l’effet que ça peut avoir sur un estomac habitué au gros steak juteux sur le barbecue, à la lasagne double fromagée et à la crème glacée Häagen Dazs.

    Trop de bouffe bio ça donne des ballonnements, ça fait péter et ça vous enlève toute envie de forniquer. Croyez-moi sur paroles! Donc, pour faire une histoire courte (trop tard!), je pourrais bien trouver un autre sujet pour vous narguer un peu en vous disant, par exemple, que j’ai vécu le plus beau début de printemps de ma vie alors que le mercure n’est jamais descendu sous la barre des 25 degrés pendant toute la durée de mon séjour. Fait plutôt rare à Paris en avril, alors que vous vous geliez la peau des fesses au Québec, mais comme au moment où j’écris ces mots il fait un soleil de plomb sur Montréal avec des températures au-dessus des normales saisonnières, j’aurais un peu l’impression de me moquer dans le beurre.

    Que voulez-vous, depuis que je ne suis plus sur Facebook, je suis en manque de bitcher et je n’ai plus d’autres moyens, que les pages de ce magazine, pour rire du peuple (vous en l’occurrence, très chers sujets) avec le temps qu’il fait ailleurs pendant que vous vous plaignez du temps qui n’est jamais à votre goût au Québec. Et j’ai beau me rabattre sur Twitter pour faire aller ma langue de vipère, mais 140 caractères c’est trop peu pour cracher mon venin et de toute façon, j’ai autre chose à faire que de répéter le même Twit aux dix minutes pour m’assurer qu’il sera vu par tous mes 4500 followers.

    Alors même si je ne m’étendrai pas sur le sujet de mon dernier voyage en France (j’arrête, ici, c’est promis), permettez-moi tout de même de vous dire que mes trois soirs de spectacles au chic Tango à Paris ont fait salle comble et furent des succès répétés, chaque soir de représentation, avec applaudissements monstres, cris du coeur, standing ovation et rappels à n’en plus finir.

    Un scénario réitéré à la Boule rouge à Bruxelles où j’ai eu la chance et le grand bonheur de performer avec ma copine LaDiva Live devant un public en délire qui n’en finissait plus de scander : «Une autre, une autre, une autre!». Et puis tient, tant qu’à me lancer des fleurs, aussi ben me garrocher le pot qui va avec, imaginez-vous donc mes petits chéris d’amour, qu’en plus de tout ce succès inespéré, votre Reine, votre diva, votre déesse, votre matante préférée s’est fait offrir un contrat dans un vrai théâtre parisien pour l’année prochaine. Deux soirs au Vingtième Théâtre, une salle de 400 places (l’équivalent d’un terrain de football pour une salle parisienne) et une possibilité d’une mini tournée de quelques villes françaises.

    Que pourrais-je demander de plus? Mon nom en lettres pailletées sur une banderole accrochée à la tour Eiffel! Réservez vite vos prochaines vacances à Paris et assurez-vous d’y être les 26-27 avril 2016, car j’aurai besoin de bons vieux cris de bûcherons dans l’assistance, ne serait-ce pour montrer aux Français comment on acclame une Reine au Québec.

    Ah comme je sens que je vais m’amuser. Un nouveau public et tout plein de nouveaux Français à bitcher! Ça doit être comme ça que s’est senti Gargamel la première fois qu’il a mis le pied dans le village des Schtroumpfs! Juste d’y penser, j’ai une coulée de bave qui me monte aux lèvres!

    Bon ben coudon, pour une fille qui ne voulait pas raconter son dernier voyage, c’est loupé. Au moins, le mois prochain je ne risque pas de vous endormir avec une autre histoire de voyage, car je passe l’été à Montréal (soyez avisés gens du 450 et de la campagne rurale qui venez voir les drags queens dans leur habitat naturel, je serai à mon cabaret tous les weekends de l’été, beau temps, mauvais temps!), car y’a pas de sortie du Québec de prévue avant la fin septembre (oui, oui, un autre voyage, pour fêter le demi-siècle de ma sœur Nicole à l’Oktoberfest de Munich et ensuite dans les vignobles de Toscane pour arroser tout ça).

    Oups, je viens juste d’y penser, ce n’est pas tout à fait vrai que je ne quitterai pas le Québec de l’été, car, fin juin, je prendrai part à la Gay Pride de Toronto où je serai DJ pour une deuxième année consécutive à la soirée Starry Night en compagnie des meilleures drags queens de l’heure sous la présidence d’honneur de Panti Bliss, la queen de Dublin (une drag queen incroyable, à l’humour fin et intelligent, que j’ai eu la chance de rencontrer) et comme si ce n’était pas assez, j’aurai l’immense joie de donner mon tout premier spectacle solo à Toronto, et, en français svp, le 24 juin à l’Alliance Française, pour célébrer la St-Jean Baptiste avec les amis québécois expatriés dans la ville Reine. Hum, ça sent encore l’histoire de voyage palpitante à vous raconter. Yeah, j’ai déjà hâte au mois prochain!

    Anecdote #1 : Mon dernier soir à Paris : Je bois du vin rouge avec ma bonne copine Kassandre dans un bistro parisien et j’éclate en sanglots quand le serveur m’apporte mon entrecôte. J’pense que c’est la première fois que le serveur voyait une vache aussi émotive devant un morceau de bœuf!

    Anecdote #2 : Le premier gars que je rencontre en revenant de voyage : «Qu’est-ce que tu fais dans la vie ?» J’m’habille en clown pour faire rire le monde, et toi? « Je suis caméraman dans une émission de chasse et je filme des dindons qui font la cour à des dindes en plastique.» Des dindons qui cruisent des dindes en plastique ? «Oui, oui, c’est comme ça qu’on les attire pour les chasser.» Wow, ça l’air passionnant. Après ça on va me dire que le métier de drag queen c’est fucké!

    Mado Lamotte 

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