Le jeudi 1er mai, le Cabaret Mado fêtera ses 23 ans. Oui, déjà ! Il devient un incontournable du Village. Bien sûr, que serait un établissement de drags sans un beau show pour en mettre plein la vue au public, avec plumes, paillettes et talons hauts ? Absolument gorgeous, Mado Lamotte elle-même montera sur les planches du Cabaret, appuyée par d’autres performeuses et performeurs, pour réaliser ses numéros préférés. En tout, une dizaine de drags seront présentes à l’événement qui prend toujours une allure de party. Mado elle-même fait une pause ici, le temps de célébrer cet anniversaire avant de reprendre la route pour sa tournée Mado, la bitch joyeuse, qu’elle a entamée en décembre dernier.
Ce 1er mai sera donc un genre d’hommage à Mado Lamotte, à la reine du Cabaret. « Mais, c’est une soirée qu’on fait surtout pour remercier la clientèle, pour les fidèles qui nous suivent et qui nous ont suivi.e.s durant toutes ces années », d’expliquer Mado. Ce spectacle sera placé sous la férule de Marla Deer, avec son œil très théâtral et avisé, qui prend justement le relais lorsque Mado n’est pas là. Les meilleurs performeurs de la scène du Cabaret y prendront part. Mais justement, comment va le Cabaret Mado ? « Après l’hiver où c’est plus difficile, comme pour tous les clubs d’ailleurs, le Mado remonte la pente, même que plusieurs spectacles affichent déjà sold out », dit la drag réputée des nuits de Montréal. Pour le jour de Pâques, le 20 avril, le Cabaret avait invité quelques têtes d’affiche de Canada’s Drag Race, dont Makayla Couture, The Virgo Queen, gagnante de la saison 5, Uma Gahd et Lexi Love (RuPaul’s Drag Race saison 17).
Le Cabaret tient toujours ses soirées régulières Full Gisèle les mardis, avec Gisèle Lullaby et ses invité.e.s, le Tracy Show tous les dimanches soir dès 21 h 30, avec Tracy Trash, et Mado Reçoit les vendredis et samedis. Les samedis après-midi, ce sont les fans de Jimmy Moore qui prennent d’assaut le Cabaret pour y voir l’artiste personnifier les Lady Gaga, Taylor Swift ou encore Shania Twain. On peut y apercevoir aussi d’autres drags de manière sporadique, telles que Lulu Shade ou Miami Minx, pour ne nommer que celles-ci. « Il y a toujours du renouvellement », souligne Mado. Les samedis de l’été, on aura même droit à trois spectacles avec des drags différentes, à 21 h, 23 h et même minuit avec un late show.
« Je suis contente que les femmes drags, soit les drag kings, [soient] plus acceptées maintenant, il y a des drags trans, etc. Le métier de drag s’agrandit, s’ouvre et évolue depuis les dernières années», note la légendaire drag. «Il y a même des femmes hétéros drags. On comprend mieux que faire de la drag est un métier, que ce n’est pas un freak qui se déguise en femme, ce n’est pas ça du tout même, que c’est un artiste à part entière. On voit d’ailleurs le succès de quelqu’un comme Mona de Grenoble, Barbada, etc. De génération en génération, on a vu comment cela a évolué depuis l’époque de Guilda. Déjà, des gens comme moi ou Michel Dorion, nous étions différents de Guilda. Et maintenant, nous avons des drag kings comme Bambi Dextrous, qui s’affirment, qui prennent leur place. Les jeunes aussi sont plus orienté.e.s vers les chanteuses renommées, etc. Cette évolution est intéressante à voir. »
Un show sous le signe de l’humour : Mado, la bitch joyeuse
Son spectacle Mado, la bitch joyeuse connaît un succès plus qu’appréciable en ce moment et l’engouement ne semble pas fléchir. Bien sûr, Mado bitche comme on la connaît, mais c’est plus léger, on n’est pas dans un club après tout. « J’essaie de considérer ça comme un rodage et l’année prochaine faire une autre tournée et y inclure un lancement à Montréal. Il y a des choses qui changent, que j’adapte tranquillement, même si les textes sont inspirés de ma Madographie [son autobiographie sortie en octobre 2023 aux Éditions La Presse, NDLR] », explique Mado Lamotte. « J’aime rester et rencontrer les gens après les shows. Beaucoup de personnes ne m’ont jamais vue en spectacle, c’est l’fun de discuter avec elles. Plusieurs aussi ont entendu parler du Cabaret, mais n’y ont jamais mis les pieds, donc on s’aperçoit que la réputation du Mado va bien au-delà de Montréal et certains veulent y aller pour voir les spectacles de drags », souligne Mado.
« Après 38 ans de carrière, être seule sur scène durant deux heures environ, cela demeure tout un défi pour moi. Dans un spectacle au Mado, il y a toujours des invitées, mais dans ce spectacle, c’est moi qui est là tout le temps, qui anime, qui parle, qui chante, etc. Je suis souvent surprise, parce que je pense que la salle ne sera pas pleine et puis, presque à la dernière minute, elle se remplit. » Au moment d’écrire ces lignes, il restait encore une dizaine de spectacles (Shawinigan, Drummondville, Lévis, etc.), soit jusqu’à la mi-juin environ. Mais à cette longue liste, il y a eu un bel imprévu « il y a eu le rajout de Mont-Laurier, en septembre, donc on ne sait pas en ce moment si d’autres pourraient se rajouter à cette liste peut-être », indique Mado.
La cerise sur le sundae nous provient du Théâtre du Nouveau Monde. Pourquoi ? C’est simple, c’est que Mado alias Luc Provost reprendra son rôle dans la pièce Hosanna ou la Shéhérazade des pauvres, dont la mise en scène sera réalisée par Maxime Robin. Évidemment, les textes sont ici de Michel Tremblay. La pièce avait été créée en 2023, au Théâtre du Trident à Québec. Oui, l’automne de Mado sera chaud ! Les dates sont du 11 novembre au 6 décembre. N’oubliez pas de réserver vos billets si vous voulez voir la pièce. « J’aimerais aussi reprendre, sur une base plus régulière, une soirée avec mon pianiste Squeegee Nicky. Cela fait presque 30 ans maintenant qu’on travaille ensemble. Mais, on verra si j’ai le temps pour mettre ça en place. Mais, j’y pense… », de conclure Mado.
INFOS | Cabaret Mado, 1115, rue Sainte-Catherine Est, Montréal.
T. 514-525-7566 ou https://www.mado.qc.ca