Jeudi, 10 octobre 2024
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    Deux mamans, deux oncles et un couffin

    Avec ses acquis juridiques, l’homoparentalité est aujourd’hui socialement considérée comme un modèle familial viable, de moins en moins jugé. Des couples de femmes et d’hommes peuvent désormais élever leurs enfants, sans être sempiternellement comparés à l’hétéronormativité. Au final, on parle ici de ce sentiment universel d’aimer un enfant et de le voir grandir, s’épanouir. Un sentiment partagé par les deux mamans et les deux ‘’oncles’’ de Dastan. Rencontre avec un mignon quatuor.

    En ce beau samedi après-midi, je roule vers la Rive-Sud de Montréal, en route pour la demeure de Karine Richer et Mélissa Chiasson, qui sont ensemble depuis près de 9 ans. À mon arrivée à destination, le couple dans la trentaine communique avec leurs voisins et meilleurs amis Marco Boudreau et Alain Halde. Le couple gai arrive donc rapidement. Dastan, le fils de Karine et Mélissa dort paisiblement, il n’a que 16 mois. L’entrevue peut commencer.

    La chimie du quatuor est déjà palpable : « Nous sommes amis depuis bientôt 9 ans, ce sont nos meilleurs amis, nous sommes comme un couple, on peut avoir les mêmes chicanes», explique d’emblée Mélissa, sur cette amitié solide qui a débuté lorsqu’elle a rencontré Marco, il y a 15 ans. D’ailleurs, Marco n’hésite pas à avouer que c’est Mélissa qui l’a initié au Village et «aujourd’hui il pourrait remporter la palme du gars qui a le plus de photos dans le Fugues, [dans la section clubbing où j’y étais]», enchérit à la blague, Alain, son copain depuis plus de 2 ans. «Une de nos premières dates, c’était chez les filles», ajoute le couple.

    La question technique
    Débutons avec la question technique de la conception, celle que tous les couples lesbiens se font poser. «Lorsque j’ai rencontré Karine, c’était déjà clair dans ma tête que je voulais des enfants et c’est pratiquement le premier sujet que nous avons discuté ensemble», souligne Mélissa, qui désirait davantage porter l’enfant que sa conjointe.

    «À mes 31 ans, nous avons décidé de commencer les démarches avec OVO. Il y a eu 6 mois de tests. La recherche du donneur a été drôle et pénible. Après la première insémination, deux semaines plus tard, je tombe enceinte, mais ça s’est mal terminé…» Pendant, les 3 années suivantes, Mélissa fera plusieurs essais et fécondations In Vitro : «c’était difficile», explique Karine « car on pensait juste à ça, et notre vie tournait autour de ça. Tout le monde attendait notre coup de fil, c’était toujours négatif, jusqu’au jour où nous avons décidé de lâcher prise…»

    Près de 4 ans après le début des démarches, le petit Dastan Richer-Chiasson voit le jour : «Aujourd’hui nous sommes deux mamans, et Dastan a autant d’affection pour les deux, peu importe qui est la mère biologique et qui l’a porté», appuient les deux femmes. Karine et Mélissa ont opté pour un donneur inconnu provenant d’une banque «on ne voulait pas uniquement juger avec les photos, mais nous avons décidé de les consulter, car on voulait qu’il ressemble à Karine», explique Mélissa, «il lui ressemble d’ailleurs plus qu’à moi» ajoute-t-elle.

    La question du papa
    «Lorsqu’on attendait un bébé, je ne crois pas que Marco et Alain étaient préparés au coup de foudre qu’ils allaient avoir pour Dastan», explique Mélissa. «On s’attendait à l’aimer, mais pas autant! C’est presque le nôtre, on ne peut passer 24h sans le voir», confirme Marco. Cela dit, il n’y a pas de «papa». Marco et Alain sont les meilleurs amis du couple, «les oncles de Dastan», «on les appelle les mon’oncles poulets», expliquent les deux femmes, «ce sont les hommes de sa vie, à nous 4, nous formons sa famille. Marco et Alain avouent avoir le beau rôle «nous on arrive et il est content de nous voir, mais les filles vont le coucher, alors ce sont elles les méchantes!»

    La conversation est sympathique et les blagues coulent à flot, l’amitié est palpable. On sent que Karine et Mélissa ne pouvaient priver Dastan de cette amitié et présence masculine. Au début de l’aventure avec Dastan, Marco et Alain voulaient avoir leur propre enfant, mais aujourd’hui, ils avouent préférer leur rôle d’oncles omniprésents. Et leur attachement est clair; photo d’arrière-plan de cellulaire avec Dastan à l’appui!

    «Au niveau affectif c’est délicat, car non on ne se considère pas comme les papas, mais nous sommes sa famille», ajoute Alain, le mon’ oncle gâteau, qui avoue être certainement le gars qui parle le plus de Dastan au boulot «j’en parle comme si c’était le mien», évinçant la compétition de tous les papas et mamans de son bureau…«C’est certain que si un jour je parle de déménager, Alain va se pitcher en avant de mon truck», lance Karine.

    «Je n’aurais jamais pensé que pour ces deux-là, mon gars aurait été aussi important dans leur vie», confie Mélissa. Ironiquement, le premier mot prononcé par Dastan fut papa…Mais nous pouvons conclure à la logique de la linguistique, les syllabes en sont plus facilement prononçables… D’ailleurs, du point de vue des petits voisins et neveux, Dastan est un petit garçon très chanceux, car il a le luxe d’avoir deux mamans et deux papas… Et la beauté de la chose, c’est que l’entourage de Dastan ne juge pas, sentant que l’enfant est heureux.

    La question d’un deuxième enfant
    Lorsque Dastan sera en âge de comprendre ou de poser des questions sur sa conception, «nous allons lui expliquer sans détour, nous avons même pris un donneur ouvert, alors il sera en mesure de savoir s’il désire connaître qui est son donneur», expliquent Karine et Mélissa. «La seule chose qu’on va lui faire comprendre c’est que ce n’est pas un père, mais un donneur.» Dans les débuts de l’aventure, Marco désirait être le donneur, mais tous ont trouvé que «cela pourrait être dangereux», alors l’option fut évincée : «On ne voulait pas un papa biologique présent, car Karine, qui ne porte pas l’enfant, se serait retrouvée à l’arrière-plan», explique Mélissa, la mère biolo-gique. Ainsi, Dastan a deux mamans et deux oncles…

    Et peut-être bientôt un petit frère ou sœur? «On y pense gros», concluent les deux femmes. Marco et Alain offrent déjà de garder Dastan pendant l’accouchement, ou même «d’accoucher Mélissa», conclut Alain à la blague. Cela dit, le lien affectif est palpable. Tout comme le bonheur du quatuor de cette famille, qui pourrait s’agrandir dans les années à venir… Mais pour l’instant, c’est plutôt un voyage à Walt Disney en famille qui est à l’agenda!

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