« J’ai été la première femme à me dire homosexuelle à l’Assemblée nationale du Québec », rappelle avec fierté la députée péquiste de Taschereau, Agnès Maltais, à l’occasion d’une entrevue accordée à Fugues pour faire la promotion de l’encan-bénéfice d’œuvres d’art du GRIS-Québec (voir autre texte). Depuis son élection dans cette circonscription de Québec pour la première fois, le 30 novembre 1998, elle a eu à sa charge plusieurs ministères et elle a occupé diverses fonctions importantes dans l’opposition officielle.
Elle a accepté d’être la coprésidente d’honneur de cette activité de financement du GRIS-Québec, étant donné que cet organisme s’adresse aux jeu-nes LGBT. « Moi, appuyer le GRIS, c’est d’appuyer tous les jeunes à travers le Québec qui découvrent leur homosexualité, qui vivent leurs premiers émois et qui peuvent être seuls lors de cette étape significative de leur vie. GRIS, c’est la réponse à cette situation. »
C’est d’ailleurs pour venir en aide à des jeunes d’un groupe LGBT de Québec qu’elle avait révélé « officiellement » aux médias son orientation sexuelle homosexuelle en 2003. L’intimidation envers les jeunes la préoccupe particulièrement. « Alors que j’allais prononcer une conférence dans le cadre des activités pour souligner le 25e anniversaire du Groupe gai de l’Université Laval (GGUL), j’ai appris que le groupe avait été victime, la veille, de vandalisme (local et murale dans les couloirs souterrains, selon le blogue Le Journal du GGUL). J’étais profondément choquée. Encore une fois, c’étaient des jeunes qu’on visait. J’ai alors déclaré que j’étais homosexuelle et j’ai donné ma conférence, à laquelle des journalistes assistaient, sur ce sujet. »
Elle précise toutefois que certaines personnes étaient déjà au courant qu’elle était lesbienne, puisqu’elle l’avait dit publiquement à l’âge de 20 ans, à sa première émission de radio, diffusée sur les ondes de la radio communautaire CKRL, et parce que dans le milieu culturel où elle travaillait, elle se présentait régulièrement avec sa conjointe lors d’événements.
Au début des années 2000, elle avait aussi dévoilé son homosexualité aux membres du caucus du Parti Québécois alors que Paul Bégin, ministre de la Justice à l’époque, lui avait demandé son aide pour convaincre les autres membres du caucus du bien-fondé de son projet de la loi légalisant les unions civiles entre des conjoints de même sexe. « À leur grande surprise, plusieurs ont appris que la ministre de la Culture et des Communications était homosexuelle. Ils m’ont traitée avec un grand respect. »
Un coming-out salutaire
« Après mon coming-out officiel, j’ai eu l’impression d’être moi-même, de ne plus rien cacher à mes électeurs. L’honnêteté et la franchise, ce sont des qualités qu’on me donne dans ma vie politique. J’ai eu l’impression d’être véritablement affirmée comme personnalité politique. J’étais entière et complète. Un coming-out donne de la confiance en soi. Je pouvais aussi intervenir beaucoup plus facilement et solidement à l’Assemblée nationale sur des sujets LGBT. »
Elle précise que la grande majorité des commentaires de ses électeurs ont été favorables. « J’ai été réélue le mandat suivant avec une majorité augmentée », fait-elle remarquer.
Elle est d’avis qu’une personne politique doit choisir son moment pour révéler publiquement son orientation homosexuelle, selon sa situation personnelle. «Il y a une immense satisfaction dans le fait d’être honnête avec ses électeurs. Je pense que ces derniers n’ont plus de craintes envers l’homosexualité dans leur réflexion pour se choisir un député. On l’a prouvé à maintes et maintes fois, dans toutes sortes de circonscriptions.»
Elle a annoncé à Fugues qu’elle demandera aux électeurs de Taschereau, aux élections générales de 2018, un septième mandat pour les représenter à l’Assemblée nationale.