Simon ne passe pas inaperçu. Souriant, vif d’esprit, drôle, intelligent, ce véritable moulin à paroles se fait voir à la télévision (Cette année-là à Télé-Québec), entendre à la radio (Plus on est de fous, plus on lit sur Ici Première) mais surtout, il se fait lire. Simon publie plus vite que son ombre! À 37 ans, il compte déjà une quarantaine d’œuvres: des romans, du théâtre et des livres jeunesse. Ouvertement gai, cet auteur prolifique a intégré des thèmes liés à l’homosexualité dans la moitié de ses bouquins. «J’ajouterais que dans mes livres pour enfants, j’essaie de briser certains stéréotypes liés au genre», tient-il à préciser.
Mine de rien, en parsemant ses livres jeunesse de thèmes aux couleurs de l’arc-en-ciel, Simon participe à sa façon à former une jeunesse ouverte à la différence. Et déjà, en se promenant dans les écoles pour y donner des conférences et des ateliers, il réalise l’impact réel qu’il a auprès de cette nouvelle génération. «Les réactions m’émeuvent souvent, raconte-t-il. Comme cette petite fille de 6e année qui, dernièrement, m’a couru après dans le corridor pour me confier à l’oreille un secret qu’elle avait jusqu’alors gardé à elle seule: «Monsieur Simon, j’aime les filles.» Elle m’a dit ça, toute tremblante, et je lui ai répondu, les yeux pleins d’eau devant sa confiance: «tu seras aimée». Je n’ai rien trouvé d’autre à dire.»
Flashback sur les 35 dernières années
Profitant de l’anniversaire de Fugues, le défi lui a été lancé de répondre à ces questions en lien avec l’actualité LGBTQ+ des 35 dernières années.
Quel événement t’a marqué le plus?
De loin, la tuerie au Pulse, cette boîte de nuit LGBTQ à Orlando, en Floride, en juin 2016.
Quel film/livre/pièce/danse/album abordant une thématique LGBTQ+ t’as le plus marqué?
Parce que je suis boulimique de culture, embrassons tout! Un film: C.R.A.Z.Y. de Jean-Marc Vallée. Un livre: N’essuie jamais de larmes sans gants de Jonas Gardell. Une pièce: Angels in America de Tony Kushner. Un spectacle de danse: The Principle of Pleasure par Gerard Reyes au FTA en 2017. Un album musical: Rent de Jonathan Larson. Une expo: Focus: Perfection de Robert Mapplethorpe au MBAM. Une chanson: Constant Craving de k.d. lang. Dans chacune de ces œuvres, je sens une grande sincérité de l’artiste, et c’est la sincérité des démarches qui a tendance à me résonner dans le cœur.
Si tu avais à couronner une personne du milieu LGBTQ+ pour son travail et/ou pour ce qu’elle est, qui serait-ce?
En bâtissant un œuvre majeur, en théâtre comme en littérature, j’irais du côté de Michel Tremblay, un incontournable. Sinon Clémence Desrochers, l’artiste qui cautérise toutes les peines au monde.

À propos de FUGUES …
Ton tout premier souvenir de Fugues?
En secondaire 5, en 1999, après avoir fait mon coming-out à une amie, cette dernière a glissé un Fugues dans mon sac. J’ai d’abord été émoustillé en regardant les photos (ouin, je sais…), mais j’ai lu les articles avec un réel intérêt (juré!).
Ta couverture préférée de Fugues?
Je ne peux pas répondre «la mienne», hein? Hé hé… Mais sincèrement, chaque fois que c’est un artiste champ gauche sur la couverture, ça me réjouit et j’applaudis.
Que représente Fugues pour toi?
Pour moi, Fugues, c’est une importante vitrine culturelle et sociale qui célèbre les avancées et dénoncent les reculs de la cause LGBTQ+ de partout dans le monde, parsemée de gars en bedaine qui me tombent un peu su’es nerfs avec leur panoplie d’abdos (soupir).