Dominique Lavergne, ambassadrice, 12 août
Le 12 août est consacré, selon les thématiques adoptées cette année par Fierté Montréal, aux communautés fétiches, ours et cuir. Fierté Montréal a choisi nulle autre que Dominique Lavergne, la toute première titrée Mme Cuir Montréal 2017 de l’histoire pour représenter ces collectivités souvent mal connues ou même parfois ridiculisées et ce, par d’autres LGBT… Qu’en est-il de ces communautés en 2020, qui (ne l’oublions pas) ont été au cœur des luttes pour les droits des LGBT et ont été les premières à se mobiliser lorsque le VIH-sida a fait son apparition par des rassemblements afin de lever des fonds pour les soins aux personnes malades ou mourantes.
Ambassadrice de cette édition 2020 de Fierté Montréal, la militante Dominique Lavergne, qui a été coprésidente d’honneur du festival Fierté Montréal 2018, sera en direct sur Instagram, le 12 août dès 17h, pour partager «à cœur ouvert» (comme elle le dit si bien) et avec le public sa passion du cuir. Elle répondra aux questions.
«C’était tout un honneur que de gagner le titre de Mme Cuir Montréal. Tu vis un moment de gloire et tu ne t’attends pas à ce que les gens reviennent vers toi par après, souligne Dominique Lavergne. Ensuite, Fierté Montréal m’a nommé coprésidente en 2018 et, maintenant, je suis ambassadrice pour les communautés fétiches. Je me sens choyée de pouvoir rendre plus visible ces communautés-là, d’en parler et de pouvoir sensibiliser les gens.»
Le fameux dessinateur Tom of Finland (Touko Valio Laaksonen, 1920-1991) a beaucoup influencé la communauté cuir avec le look motards et les «hankies» (les mouchoirs de diverses couleurs) qui identifiaient leurs préférences sexuelles. Plusieurs générations ont suivi ce look avec la moto, la veste de cuir perfecto, les bottes, la ceinture à grosse boucle, etc. Si certains ne juraient que par cette «tradition», en 2020, il en est autrement. «Avec le temps, le style gars de cuir à la Tom of Finland s’est transformé, il a évolué», précise l’énergique Dominique Lavergne. «Les façons de s’identifier ont changé. L’hyper masculinisation n’est plus le seul modèle. En 2020, c’est acceptable de porter du cuir et d’avoir du vernis à ongle ou de chausser des talons hauts. Cela dit, l’essence, elle, demeure la même.»
Il en de même pour les gars de type bears (ours), plus en chair, poilu et barbu. Il y a quelques années, un homme bien portant et vêtu de cuir s’était fait ridiculiser dans un party fétiche, on lui disait que ce n’était pas sa place, qu’il était «gros» ! Suite à ça, il y a eu une campagne anti «body-shaming», contre cette discrimination du corps. «Les valeurs anti body-shaming ont fait leur chemin, si bien que c’est tellement mieux vu aujourd’hui et accepté dans la communauté, ces hommes n’ont plus peur de sortir et de s’afficher et c’est tant mieux», dit Dominique Lavergne.
Les jeunes semblent avoir délaissés le cuir pour d’autres formes de fétichismes. Les partys se sont ainsi diversifiés, mais surtout spécialisés. Tenues sportives, jockstraps, maillots de lutte (singlets), etc., le fétichisme est maintenant pluriel plus que jamais. «De tout temps, les tendances ont varié, sauf qu’aujourd’hui elles sont moins taboues, les gens les expriment plus ouvertement», note Dominique Lavergne. «Par exemple, chez Priape, où j’ai travaillé durant des années, c’est plus fashion, le cuir se mélange au denim. Chez Mistr Bear, on table sur les tailles fortes et le «puppy gear», tandis que chez Armada Par The Men’s Room, on est plus centré sur le style sportif, les camisoles moulantes, du cuir coloré, etc. Les tendances évoluent à chaque année. Il y a maintenant aussi des applications [de rencontres] spécifiques qui permettent aux gens de vivre leurs divers styles.»
Mais comment est-ce qu’on répond aux préjugés qui, parfois, sont tenaces? «Il ne faut pas se le cacher, il y aura toujours des préjugés, même à l’intérieur de la communauté LGBT. Lorsque je me promène avec ma veste de cuir, les gens me regardent, ils me posent des questions parce qu’ils sont curieux aussi. Je crois que la patience et l’amour font en sorte de changer les choses et sensibiliser les gens. Peut-être qu’il y en qui seront choqués par ce mode de vie, mais d’autres s’ouvrent [aux possibilités du fétichisme], et c’est ce qui est important», indique Dominique Lavergne.
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