À l’image du Québec qui l’envisage, le gouvernement britannique a annoncé des mesures pour «garantir la liberté d’expression» dans les établissements d’enseignement supérieur et tempérer les effets de la «cancel culture» qui priverait de parole certains universitaires.
Avec son projet de loi, le gouvernement veut ainsi éviter que des universitaires ne perdent leur emploi pour avoir exprimé des positions controversées, mais aussi empêcher que les pressions étudiantes ne conduisent à l’annulation de certains orateurs invités à des conférences, et décriés pour ces mêmes raisons.
«Je suis profondément inquiet de l’effet paralysant sur les campus d’une censure et d’un silence inacceptables», a déclaré mardi le ministre de l’Éducation Gavin Williamson. «Nous devons renforcer la liberté d’expression dans l’enseignement supérieur, en renforçant les obligations légales existantes et en veillant à ce que des mesures énergiques soient prises en cas de violation».
Le gouvernement envisage donc de nommer un «champion de la liberté d’expression» pour enquêter sur les cas où cette liberté a été violée, mais aussi de permettre aux universitaires qui ont perdu leur emploi dans des litiges similaires d’éventuellement réclamer une indemnisation.
«La liberté d’expression est au cœur même de notre démocratie», a estimé le Premier ministre Boris Johnson sur Twitter. « Il est tout à fait juste que nos grandes universités – lieux historiques de la liberté de penser – voient désormais cette liberté protégée et renforcée par des protections juridiques plus solides ».
Ces propositions ont été saluées par un groupe de chercheurs dans le quotidien conservateur The Times. «Ces dernières années, trop d’universitaires ont été marginalisés parce qu’ils ont des opinions peu orthodoxes sur des questions comme le genre, le Brexit et l’héritage de l’empire » britannique, peut-on lire dans leur lettre ouverte.
«Des orateurs stimulants ont été désinvités (de débats) et les universités font souvent passer la ‘’sécurité émotionnelle’ des étudiants avant la liberté d’enquêter», poursuivent-ils. «La plus grande menace contre la liberté d’expression ne provient pas du personnel ou des étudiants, ou de ce qu’on appelle la ‘cancel culture’, mais bien des tentatives du gouvernement de contrôler ce qui peut être dit ou pas sur le campus», a critiqué Jo Grady, secrétaire générale du syndicat des Universités et Colleges.
Selon Hillary Gyebi-Ababio, vice-présidente du Syndicat national des étudiants, «il n’existe pas de preuve d’une crise de la liberté d’expression sur les campus». Selon une étude récente, 0,06 % des conférences et des événements organisés dans les universités britanniques ont été interrompus ou annulés en raison de l’opinion des intervenants.
Parmi les orateurs visés, on trouvait l’europhobe pro-Brexit Nigel Farage, la journaliste de la BBC Jenni Murray accusée de transphobie ou encore le philosophe Roger Scruton, à qui sont reprochés des positions islamophobes et antisémites.
Rédaction avec AFP