Lundi, 17 mars 2025
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    Michel Joanny-Furtin n’est plus

    L’équipe de Fugues vient de perdre un ami et un fidèle collaborateur, Michel Joanny-Furtin. Entré à l’hôpital, il y a un peu plus d’une semaine, pour des problèmes chroniques de santé, il est décédé dans la nuit de vendredi à samedi à l’âge de 63 ans.

    Michel

    Né le 24 octobre 1957, dans la commune de Charolles en France, Michel a cultivé toute sa vie bien des passions, dont une pour le Québec et une autre pour le journalisme. Mais avant d’être journaliste et d’immigrer dans la Belle province, Michel a œuvré en France comme travailleur social auprès des jeunes sourd.e.s et des familles dans le besoin.  

    De cette expérience, il avait gardé le goût de venir en aide. D’ailleurs, s’il le pouvait, Michel était toujours prompt à rendre service. Ce sens du dévouement était indissociablement lié au sens de l’amitié que Michel cultivait avec égard et attention.

    Sa carrière a bifurqué ensuite dans les relations publiques, la radio et la presse, se spécialisant dans la culture. Un travail qui l’a amené à vivre dans plusieurs régions de France. Et sans avoir encore mis les pieds au Québec, il a collaboré comme chroniqueur pour Radio-Canada lors de différentes éditions du Festival de Cannes. 

    Michel est réellement tombé en amour avec le Québec en 1999. Un double coup de foudre, devrait-on dire, puisqu’il rencontre un québécois lors de ce premier séjour, en assistant au spectacle de Mado, Mascara, la nuit des drag, présenté lors du Festival DiversCité. Ce québécois, prénommé Stéphan, deviendra son conjoint. Qui prend mari prend pays, Michel s’installe définitivement à Montréal l’année suivante et tente sa chance dans les médias écrits d’ici. « C’est le Québec qui m’a mis à l’écriture…» 

    Chez Fugues, où il est arrivé à la fin 2002, il a trouvé une deuxième famille professionnelle. Comme bien d’autres, il s’est rapidement attaché aussi bien au magazine qu’à ceux qui y travaillent. Pour Fugues il a réalisé plus de 600 reportages et entrevues au fil des ans, sur divers aspects de la communauté et sur la culture.

    Chloé et Michel

    Au même moment, il commence aussi à écrire jusqu’à aujourd’hui pour de nombreux hebdomadaires de quartiers montréalais ainsi que pour des revues et des sites web spécialisés. 

    En parallèle, Michel s’est aussi investi dans le bénévolat et le communautaire. Et, tout naturellement, il s’est tourné, entre autres, vers le communautaire gai. «Très jeune, j’ai senti que j’étais différent, et ma sortie du placard s’est faite à dose homéopathique selon les milieux dans lesquels j’évoluais. J’ai l’impression que, pendant cette période d’orages, et malgré quelques douches froides, j’ai réussi à passer entre les gouttes sans trop d’éclairs ni de tonnerre. La communauté d’ici, et le Village, m’ont permis d’être, et de le dire », confiait Michel à son ami, collègue et voisin Denis-Daniel Boullé, dans un portrait que ce dernier avait fait de lui dans Fugues, en 2013.

    André et Michel

    Rappelons que Michel a collaboré à la remise en forme des Prix Arc-en-Ciel et son gala, une expertise qu’il mettra ensuite au service du Gala Phénicia. Il s’est également impliqué pendant plusieurs années dans la Chambre de Commerce LGBT du Québec. Comme animateur-producteur, il a produit l’émission Arc-en-ciel sur CINQ FM et produit à CIBL FM, Opér’Apéritif, une émission sur l’opéra. L’homme était un passionné de cinéma, mais encore plus d’art lyrique et de musique classique, ce qui ne l’empêchait pas d’apprécier la chanson plus actuelle et les spectacles de drags. 



    Michel (autour de 2006)

    Il serait difficile de ne pas souligner une autre de ses folies : son amour pour la moto. Il a longtemps été membre de l’Association des motocyclistes gais du Québec (AMGQ) et Michel se déplaçait aussi souvent qu’il le pouvait avec sa moto dès les premiers beaux jours et tentait de retarder la remise au garage chaque hiver. 

    Ce que les gens appréciaient le plus chez lui? Son empathie et sa patience. Quoique… Il est bon de préciser que, s’il avait de la patience avec les gens, celle-ci disparaissait en une fraction de seconde avec les choses matérielles. « Les objets m’en veulent… », affirmait-il souvent à la blague. À ce moment-là, ses origines françaises reprenaient le dessus avec un vocabulaire coloré, explicite, à faire rougir les bonnes sœurs. Heureusement, son sens de l’humour, et une réelle capacité à se remettre en cause, lui permettaient de retrouver très vite sa bonhomie.

    Bien entendu, des petits coups de blues de la mère patrie pouvaient l’assaillir, mais ils ne duraient que l’instant d’y penser. Il regrettait seulement deux choses au Québec, l’absence de TGV et cette distance trop grande entre les deux continents.

    Michel entouré d’amis et de militant-e-s LGBTQ

    Jovial, amical, sympathique, Michel était un «bon vivant». Il aimait la bonne chair, c ‘est clair, mais il aimait aussi et surtout la compagnie avec laquelle il prenait un verre, sirotait une bière ou bouffer du poulet rôti! 

    Nous nous joignons au deuil que vivent aujourd’hui, son conjoint Stéphan, sa mère et son frère Gilles, à qui nous offrons nos plus profondes condoléances. 

    Michel, tu nous manques déjà. 

    Denis-Daniel, André C. et Yves

    Michel entouré d’une partie de l’équipe de Fugues, lors du party de Noël de 2018.

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    3 COMMENTS

    1. Michel était notre ami fidèle depuis 1985, tout un pan de notre jeunesse est parti ! nous avons passé de si bons et quelquefois moins bons moments ensemble il était d’une gentillesse et d’un humour hors du commun… très cultivé ds de nombreux domaines… ns ns retrouvions ds son appart du 13 ème arrdt de PARIS je l’aidai à brocher ses dossiers de presse, il m’a fait travailler ds le social pour arrondir les fins de mois toujours ds la bonne humeur. Aujourd’hui malgré la distance ns gardions le contact et je n’entendrai plus son timbre reconnaissable entre 1000 distillant un Allo… de l’autre coté de l’atlantique…. il laisse un grand vide, il a rejoint son papa qui vient de partir 2 semaines plus tôt ! Michel on t’aime éternellement nous sommes si tristes

      • Je joins ma voix (de ténor) à celle de Pascal, car nous avons connu ensemble Michel-Joanny dans les années 80, quand nous participions à l’aventure du Groupe Vocal Françoise Legrand, à Paris. Il était un être d’exception, enjoué et toujours prêt à la rigolade. Notre chef Françoise l’avait baptisé “Schtroumpf” et ça lui allait bien ! Nous avons accompli tant de choses musicales ensemble… et au-delà. Nous avons parcouru en sa compagnie l’Italie, la Grèce, et l’Autriche ; effectué en 1985 un tour complet de France qui s’est achevé dans son fief, Charolles. Son départ m’attriste, car des êtres de cette trempe, il en existe peu. Même s’il avait quitté le vieux continent il y a bien longtemps, son personnage de “gay” luron restait et restera toujours en ma mémoire. Requiescat in pace, Michel !

    2. Très beau résumé de la vie de Michel. Je retrouve dans votre message d’au revoir le Michel que j’ai connu enfant, à Charolles, avec qui je jouais lorsque j’allais à la forge de mon papa à côté de chez ses parents. Sincères condoléances à son conjoint. Les gens meurent mais nous gardons leurs souvenirs dans nos cœurs.

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