Le plaisir d’une soirée en boite de nuit semble de plus en plus à notre portée. Dès le 14 mars, vous pourrez vous déhancher sur la piste de danse au son de votre DJ préféré ou encore vous prendre pour Céline ou pour Elton lors d’une soirée de karaoké.
Le premier ministre François Legault en a fait l’annonce, le 8 février dernier : le plan de déconfinement du gouvernement prévoit, après une ouverture partielle le 28 février à 50 % de leur capacité, une ouverture complète dès le 14 mars, et ce, sans les limitations au niveau des heures de fermeture que l’on a connues depuis deux ans, lors des périodes de réouverture. Donc, dès le 28 février, vous pourrez cogner votre verre à ceux de vos ami.es pour un toast festif, dans le bar de votre choix. Une bonne nouvelle pour les tenanciers qui avaient dû fermer leurs portes le 20 décembre dernier après une hausse fulgurante de cas de COVID-19, à la suite de la propagation du variant Omicron. Pour deux semaines, une limite de 50 % de capacité sera cependant imposée et la danse sera encore interdite, ainsi que le karaoké. Toutes ces mesures seront levées dès le 14 mars 2022, après quoi les bars ne devraient plus avoir de limite de capacité et il sera possible de jouer du bassin sur la piste de danse au son des derniers hits. Que vous couriez les classiques ou les succès du top 40, vous pourrez de nouveau chanter dans un karaoké, comme au bar Le Normandie, au bar le Cocktail ou au Club Date.
Soulagement, mais aussi une certaine crainte
« Je suis super content qu’on ouvre à nouveau », s’exclame Gary Blanchard, propriétaire du Campus, le club de danseurs nus. « Le bar est prêt. Mon équipe aussi est prête à reprendre le travail sans problème. Plusieurs des danseurs aussi m’ont contacté pour revenir. Une chance que j’avais les reins solides pour supporter tout ça. » Rappelons que d’habitude le Campus peut compter sur une trentaine de danseurs au cours d’une semaine. « D’après moi, Legault ne jouera pas au yoyo, il ne fermera plus pour une raison bien simple : ça coûterait trop cher au gouvernement et à l’économie », croit Gary Blanchard qui est au Campus depuis 37 ans maintenant. « S’il y a de nouvelles éclosions, ils envisageront autre chose que la fermeture complète », estime-t-il.
Luc Généreux, le copropriétaire du bar Le Cocktail, est lui aussi aux anges. « Bien content de pouvoir rouvrir, tout comme le staff et notre clientèle d’ailleurs. J’ai confiance qu’on rouvre pour de bon cette fois-ci. J’ose espérer que s’il y avait une nouvelle éclosion, les gouvernements travailleront différemment que de fermer l’économie encore une fois », croit Luc Généreux.
Jocelyn Roy, propriétaire de l’Aigle Noir, est évidemment content de l’annonce de la réouverture. Pour lui, l’essentiel sera de trouver du personnel adéquat. « Je viens de contacter mon personnel pour savoir s’ils peuvent revenir. Je suis en train de recueillir leur réponse, pour l’instant ça ne semble pas poser de problème pour le 28 février, vu que nous aurons des contraintes de capacité (50 %) qui vont s’appliquer d’ici le 14 mars. Mais je devrai sans doute recruter quelques busboys et barmen pour la réouverture à 100 % ». Lui aussi ne semble pas trop craindre de refermeture : « Même si on n’est sûr de rien, ça ne m’inquiète pas trop », de poursuivre Jocelyn Roy. Je crois que [François] Legault va y penser à deux fois avant de nous refermer tout à nouveau ! »
Derrière ce soulagement, il y a évidemment l’urgence de retrouver une activité normale. « Nous sommes bien contents encore une fois de pouvoir ouvrir, mais je dirais que nous sommes pas mal échaudés par tout ça. Ça devient difficile de ne pas nous enlever de la tête le fait qu’une autre fermeture pourrait survenir, surtout qu’on s’est fait couper nos activités karaoké et de danse seulement quatre semaines après les avoir autorisées à la fin 2021 », commente Pascal Lefebvre, propriétaire du bar Le Normandie et organisateur des Partys District (District Events). « On avait un beau momentum à la fin 2021 avec tous les partys de Noël, etc., et on s’est fait tout couper à 24 h d’avis. Donc, oui, nous restons sur nos gardes… On demeure lucides et craintifs. »
Copropriétaire des bars Le Date et le District Video Lounge, Danny Jobin se dit : « Bien content de voir une lueur au bout de la pandémie. […] Nous serons prêts pour le 28 février. Bien sûr, au Club Date je vais devoir reprendre mes sing along, vu que le karaoké ne va revenir que le 14 mars prochain. Mais bon, on est habitués maintenant de se revirer de bord rapidement. Pour le District, nous allons garder la formule habituelle et je me croise les doigts pour que ce soit la dernière fois [qu’ils ferment les bars]. On peut certainement vivre avec ce virus en étant prudents. Nous avons bien hâte de retrouver pour de bon notre chère clientèle qui, elle aussi, doit avoir hâte ! En espérant que c’est la bonne, cette fois-ci », conclut-il.
Malgré leur bonheur de pouvoir rouvrir, certains propriétaires de bars ne cachent pas leurs inquiétudes.
« C’est une bonne nouvelle, certes », dit Mathieu Ménard, le propriétaire du bistro-bar Minéral, ainsi que de l’épicerie-café Aperitivo, les deux étant situés sur Atateken. « Mais cette troisième fermeture a fait plus mal que les deux autres. On est arrivés pas mal au bout et pas juste financièrement, mais psychologiquement aussi. Nous sommes contents qu’il y ait un plan. Mais quand ils ont annoncé la réouverture des restaurants, c’était encore quelques jours avant, sans consultation, sans préparation. »
En effet, le premier ministre n’a annoncé que le 25 janvier que les restos pouvaient rouvrir à 50 % de leur capacité six jours plus tard. « Nous avons rouvert le Minéral le 31 janvier, parce qu’on a une cuisine et qu’on peut y servir à manger. Mais, encore là, on a la limite de 50 %. Mais les frais fixes, le loyer et les autres frais, eux, sont à 100 % », rétorque Mathieu Ménard également copropriétaire de la Brasserie Blind Pig (dans Homa) et du Waverly (dans le Mile-End). Avec le froid qu’il a fait en janvier, les tuyaux ont gelé dans un des établissements de Mathieu Ménard. « Il faut réparer les dégâts, ce sont des coûts supplémentaires imprévus qu’il faut absorber. Le gouvernement n’est pas conscient de ce genre de chose-là. Quand on n’est pas en opération, certains équipements brisent. »
Tous souhaitent que la clientèle soit de retour, tout en étant conscient que ni les employés de bureau ni les étudiants ne sont encore pleinement dans le centre-ville. Cela dit, on peut avoir espoir qu’après deux ans de disette, les gens voudront se divertir, s’amuser et avoir du bon temps. Et avec le printemps qui arrive et une température plus clémente à prévoir.