Lancée en avril dernier afin de célébrer les 40 ans d’existence de la Journée de visibilité lesbienne, la campagne « Invisibiliser c’est discriminer » vise à contrer la lesbophobie, une journée à la fois, tous les jours de l’année.
Propulsée par le Réseau des lesbiennes du Québec, la campagne s’est déployée sur le Web, au sein des organismes communautaires ainsi que par le biais d’une campagne d’affichage dans les villes de Montréal et de Québec notamment. Un moyen d’investir l’espace public, explique Julie Antoine, directrice générale du RLQ, afin de ramener les réalités lesbiennes au cœur de l’actualité : « L’absence de visibilité dans les médias et la sphère publique est signe qu’une forme de discrimination subsiste à l’égard des femmes de la diversité sexuelle. Cette campagne vise à redonner du pouvoir aux femmes LGBTQIA2S+ en sortant de l’ombre les enjeux spécifiques qui touchent les diverses communautés lesbiennes au Québec, tout en dénonçant l’invisibilisation systémique de la lesbophobie au sein de notre société. »
Des exemples ? Invisibiliser les représentations positives de femmes dans les manifestations et évènements LGBTQIA2S+ au profit d’images stéréotypées, aborder les questions LGBTQ2S+ en bloc, laissant derrière celles plus spécifiques aux femmes de la diversité sexuelle ou encore tout simplement éviter de mentionner les termes « lesbiennes » et « lesbophobie ». D’ailleurs, le déploiement de la campagne offre une myriade d’outils pour comprendre ce qu’est la lesbophobie et pour, bien sûr, la contrer : « La lesbophobie, un mot qu’on entend encore trop peu pour décrire une réalité qu’on voit malheureusement trop souvent », appuie Julie Antoine.
« La campagne démontre sa nécessité, d’abord parce que plusieurs personnes ne savent pas ce qu’est la lesbophobie et ignorent même l’existence du terme. » De ce fait, la campagne met de l’avant un guide de ressources, à commencer par la définition du terme lesbophobie, soit « une phobie spécifique qui touche les femmes qui aiment les femmes en raison de leur orientation sexuelle, c’est-à-dire les lesbiennes, les femmes bisexuelles, pansexuelles et gaies en relation lesbienne ou encore les personnes perçues comme lesbiennes par la société ».
Si la définition mentionne judicieusement que cette phobie se trouve à l’intersection de l’homophobie et du sexisme, on explique également qu’elle peut se manifester plus concrètement par des attitudes négatives, de la discrimination, du mépris, de l’invisibilisation, du rejet ou de la haine envers les populations lesbiennes, pouvant mener à des actes d’intimidation ou de violence et ainsi porter atteinte à l’intégrité psychologique, physique ou sexuelle d’une personne. Sans compter la lesbophobie intériorisée, qui découle nécessairement de la lesbophobie sociale, appuie Julie Antoine : « La façon dont la société perçoit négativement les lesbiennes ou le lesbianisme peut même accentuer la lesbophobie intériorisée chez les lesbiennes. Comment s’aimer soi-même, embrasser son orientation sexuelle et aimer une autre femme, alors que la société nous invisibilise, nous ridiculise ou hypersexualise et même nous rejette ? »
Si proposer des modèles positifs fait partie de la solution, démystifier par la prise de parole en est une autre. C’est pour cette raison que le Réseau des lesbiennes du Québec invite les femmes de la diversité sexuelle à témoigner via leur site Web, pour ainsi partager leurs expériences de façon anonyme, afin de démystifier les enjeux touchant la lesbophobie.
Le site devient une plateforme de témoignages uniques où ces prises de paroles diversifiées et authentiques contribuent à donner une voix, mais également de l’empowerment aux femmes de la diversité sexuelle.
Enfin, cette prise de parole s’imprime également dans la troisième édition du zine papier de la JVL, intitulé cette année Journée de visibilité lesbienne 2022. 40 ans d’histoires, puisqu’il vient non seulement donner de la visibilité aux femmes LGBTQ+, mais également rendre hommage aux militantes et organismes permettant de célébrer le 40e anniversaire de la Journée de visibilité lesbienne. Ce zine grand format d’une cinquantaine de pages met en lumière l’histoire de la JVL à travers les témoignages de plus d’une trentaine de femmes de la diversité sexuelle qui se sont impliquées dans le cadre de cette Journée, d’hier à aujourd’hui : d’âges et d’horizons variés, militantes ou retraitées, leurs parcours sont uniques et inspirants, puis façonnés à leur image.
Mentionnons également des entrevues avec des organismes qui ont participé au fil des ans, dont GRIS-Montréal, Interligne et la Fédération des femmes du Québec, sans oublier une entrevue avec la porte-parole de la Journée de visibilité lesbienne 2022, l’humoriste Coco Belliveau, ainsi que les récipiendaires des Prix visibilité et hommage, respectivement la rappeuse Sarahmée et l’écrivaine Nicole Brossard, puis un hommage posthume à Johanne Coulombe, récipiendaire du Prix militantisme, qui vise à rendre hommage à une militante ayant travaillé activement, souvent dans l’ombre malheureusement, pour l’avancement de nos communautés.
D’ailleurs, à l’occasion du 40e anniversaire de la Journée de visibilité lesbienne, le RLQ désirait diffuser les documents afférents aux éditions tenues depuis 1982. Pour ce faire, le site Web du Réseau des lesbiennes du Québec vous propose une ligne du temps Web commentée et illustrée de la Journée de visibilité lesbienne. « Une façon sans pareille de mettre de l’avant une histoire trop longtemps invisibilisée, au même titre que des initiatives et modèles positifs pour nos communautés », conclut Julie Antoine.
INFOS | Pour plus d’informations sur la campagne « Invisibiliser c’est discriminer » et pour témoigner de votre expérience, visitez le site Web :
visibilitelesbienne.ca
Pour vous procurer le zine Journée de visibilité lesbienne 2022.
40 ans d’histoires :
rlq-qln.ca
Pour consulter la ligne du temps de la Journée de visibilité lesbienne, visitez :
rlq-qln.ca
Pour écouter ou réécouter les baladodiffusions enregistrées, visitez :
visibilitelesbienne.ca