Rien de plus mignon ou de plus exaspérant que les films axés sur les amourettes adolescentes de la fin de l’école secondaire ! Le genre est codé de manière particulièrement rigide et les sentiments magnifiés s’inscrivent presque toujours sous l’adage d’un « jusqu’à la fin des temps ». La variante trans d’Anything’s Possible (Tout est possible) ne peut donc que soulever la curiosité : est-ce que la même recette sera suivie ?
Écrit par la scénariste trans Ximena García Lecuona et réalisé par l’acteur Billy Porter (The Broken Hearts Club), le film s’inscrit effectivement dans la mouvance des films qui combinent le passage à l’âge adulte avec la découverte des sentiments amoureux et d’une rencontre entre deux êtres qui doivent affronter l’adversité.
Toutefois, la différence fondamentale dans ce film est que l’enjeu se situe autour de Kelsa (superbe Eva Reign), une ado noire trans de Pittsburgh. Celle-ci cherche simplement à bien vivre une réalité parfois difficile en compagnie d’une mère survoltée. Kelsa ne rêve que d’une chose : être acceptée à l’université d’une grande ville, New York ou Los Angeles, et enfin accéder à un environnement où elle pourra véritablement se réinventer.
Elle est donc prise au dépourvu lorsqu’un étudiant musulman de sa classe d’art plastique, Khal Zubai (irrésistible Abubakr Ali), lui offre des fleurs et lui demande s’ils peuvent se fréquenter. Évidemment, le fait que la coqueluche de ses dames préfère Kelsa génère de nombreux conflits et jalousies. Certains garçons l’accusent d’être gai ou d’être malade, alors que certaines filles sont insultées qu’il leur préfère une trans.
Kelsa est charmée, mais elle pense qu’un jour ou l’autre sa transidentité lui causera des problèmes. Elle craint également d’être la caution morale de Khal, dans le genre « il est tellement gentil, il a une copine trans », et en même temps elle ne veut pas lui partager sa réalité. Bref, rien n’est simple, mais il s’agit peut-être bien d’une bonne représentation des contradictions qui bousculent l’esprit d’une jeune fille trans.
La seconde partie du film enchaine rapidement toute une série de problèmes allant de l’interdiction de fréquenter les toilettes genrées, à la transphobie de certains élèves, en passant par le paternalisme racial de certaines femmes blanches, etc. De nombreux thèmes sont abordés en lot et résolus un peu trop facilement. Cela étant dit, l’ensemble demeure bien articulé et on peut comprendre que la scénariste souhaite faire feu de tout bois.
Le film évite par ailleurs le piège de présenter la relation des deux adolescents comme étant finale et absolue. Oui, l’amour existe encore, comme le dit si bien la chanson, mais leur relation ne représente peut-être que l’une de ses nombreuses étapes. Le cœur ne se fige pas à l’adolescence !
Un film très attachant, même s’il ne réinvente pas la roue, mettant en scène des interprètes qui se distinguent par la justesse de leur jeu et une passion amoureuse plus que palpable. Deux doublages français de très bonne qualité sont offerts : un réalisé au Québec et l’autre en France.
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