Mercredi, 12 février 2025
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    Vers le vrai

    Un roman dont le titre est non seulement une métaphore relative au destin des personnages, mais également le nom d’une clinique prônant les thérapies de conversion. Avec une telle prémisse, inutile de préciser que ce roman jeunesse n’entraine pas le lecteur dans une grande farandole où les parents ne sont que câlins et sucre d’orge.

    Paul est dévasté lorsqu’il se sent attiré par un garçon de son école puisque cela va à l’encontre du destin tout tracé par ses parents. Enfant studieux et calme, il est destiné à une profession libérale, à une belle cérémonie de mariage et à 2,5 enfants. Il lui suffit cependant de croiser le regard de l’un des étudiants de son cours de théâtre et il perd bientôt tous ses repères. Thalia, de son côté, a très tôt su que son cœur penchait du côté des filles. Énergique et sportive, elle n’a que faire des faux-semblants et lorsqu’elle pense avoir trouvé le grand amour, elle veut le crier au grand jour. Cette déclaration bouleverse cependant tout ce qu’elle tenait pour acquis, tant du côté amoureux que familial. Dans les deux cas, Vers le vrai présente des parents qui croient fermement agir dans l’intérêt supérieur de leurs enfants et qui voient la thérapie de conversion comme une solution se situant presque à l’enseigne d’une prise d’Aspirine pour corriger un vilain mal de tête.

    Âgés de 18 ans, Paul et Thalia réagissent de manière complètement opposée à la proposition. Le premier y voit une porte de sortie inespérée et souhaite ardemment retrouver celui qu’il était, alors que la seconde n’hésite pas à décrier l’absurdité et la futilité de la démarche. Le rappel à la réalité sera cependant identique et brutal dans les deux cas. L’action du roman se déroule en France où le contexte social est peut-être un peu plus conservateur qu’au Québec, ce qui fait en sorte que la lecture se révèle parfois déstabilisante puisqu’on a l’impression que l’intrigue se déroule dans les années 70 ou 80. Évidemment, les familles ultraconservatrices existent toujours, il ne faut pas se le cacher, mais ce sont surtout les réactions des autres étudiant.e.s qui étonnent puisque le concept d’homosexualité génère dans ce groupe un tel scandale qu’il semble surgir d’une autre époque. En ce sens, il s’agit presque d’une capsule temporelle sur le plan narratif. Malgré ce bémol, Anne Loyer met habilement en scène l’évolution des personnages, de même que le courage dont toustes font preuve pour affirmer leur propre personne et aimer comme ils et elles l’entendent.

    INFOS | Vers le vrai / Anne Loyer. Paris : Slalom, 2022, 254 p.

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