Distingué par la Queer Palm au dernier Festival de Cannes, Joyland se voit censuré au Pakistan, son territoire d’origine. Ce film, qui sera présenté durant le festival Image+nation, s’intéresse à une danseuse trans et sa relation avec un jeune homme de classe moyenne.
Triste nouvelle : ce film queer pakistanais vient d’être censuré par les autorités de son pays d’origine, où il ne bénéficiera donc pas d’une sortie en salles. Un retournement de situation étonnant, puisque les instances décisionnaires lui avaient dans un premier temps donné leur feu vert. Pour justifier ce revirement, le ministère de l’Information et de la diffusion a partagé un communiqué expliquant avoir reçu des plaintes quant au «contenu hautement répréhensible» du film qui «n’est pas conforme aux valeurs sociales et aux standards moraux de notre société». En clair, la transphobie est la cause de cette censure.
Réalisé par Saim Sadiq, Joyland braque sa caméra sur Haider, un homme dans la trentenaire (incarné par Ali Junejo), issu d’une famille de classe moyenne et marié à une femme dans un couple sans histoire. Son quotidien est chamboulé par l’irruption de Biba, une danseuse transgenre (jouée par Alina Khan).
Attendu au Québec à la fin décembre ou au début janvier, le long-métrage a remporté le Prix du Jury ainsi que la Queer Palm lors de l’édition 2022 du Festival de Cannes. Il a aussi été acclamé dans divers autres festivals internationaux, de Toronto jusqu’à Melbourne.
Joyland est d’ailleurs toujours sélectionné aux Oscars – dont la 95e cérémonie se tiendra le 12 mars 2023 – pour représenter le Pakistan dans la section «Meilleur film étranger». L’annonce de cette censure pourrait mettre en péril sa participation, mais rien encore n’a été décidé.
Sur Twitter, l’actrice Sarwat Gilani, qui joue dans le film, s’insurge de cette censure du Pakistan : «C’est honteux qu’un film pakistanais fait par 200 Pakistanais·es sur une période de six ans et qui a reçu des ovations de Toronto jusqu’au Caire, en passant par Cannes, se retrouve entravé dans son propre pays. N’enlevez pas ce moment de fierté et de joie à notre peuple !».
Ce film sera présenté au Cinéma Moderne dans le cadre d’Image+nation, le samedi 19 novembre à 21h. > image-nation