Quatre mois après la fin de son cauchemar, Brittney Griner, détenue dix mois en Russie, retrouve progressivement les habitudes d’une joueuse de basket de haut niveau, mais sa carrière ne la mènera plus à l’étranger et elle se consacrera aux personnes détenues injustement hors des États-Unis, a-t-elle annoncé.
Alors qu’on approche du coup d’envoi de la saison 2023 la Ligue nord-américaine de basket féminin (la WNBA), elle rencontrait cette semaine la presse (une figure imposée pour les meilleures joueuses de la ligue). Mais la conférence de presse de Brittney Griner à Phoenix était très attendue, et pas que par le monde du basketball.
Celle qui est l’une des figures de la communauté LGBT+ aux Etats-Unis s’exprimait pour la première fois publiquement depuis son retour aux États-Unis après avoir été condamnée en Russie à neuf ans de prison pour trafic de drogue selon les autorités russes.
Son équipe, le Mercury, avait beau avoir prévenu en amont qu’elle ne s’exprimerait pas sur ses dix mois de détention en Russie et sur son calvaire qui a pris fin après un échange contre le marchand d’armes russe Viktor Bout, détenu aux États-Unis, Griner n’a pas limité ses réponses au basketball et a même saisi l’occasion pour apporter son soutien à Evan Gershkovich, journaliste du Wall Street Journal, et à l’ex-Marine américain Paul Whelan qui sont actuellement tous deux détenus en Russie.
« Restez forts »
« Je dirais à tous ceux qui sont détenus à tort : restez forts, continuez à vous battre, n’abandonnez pas », a ainsi lancé Griner, arrêtée en février 2022 dans un aéroport de Moscou avec une vapoteuse et du liquide contenant du cannabis, un produit interdit en Russie.
« Continuez à y croire, a-t-elle poursuivi, car on ne va pas s’arrêter, on ne va pas s’arrêter de se battre, on ne va pas s’arrêter d’attirer l’attention sur tous ceux qui sont actuellement loin de nous », a poursuivi la joueuse de 32 ans.
Alors qu’elle écrit un livre sur sa détention qui devrait sortir en 2024, la double championne olympique (2016, 2020) a expliqué comment elle avait tenu bon durant son séjour notamment dans une colonie pénitentiaire de Mordovie, surnommée la «terre des prisons».
« Restez éveillés, trouvez une petite routine et respectez-là du mieux possible, c’est ce qui m’a aidé », a-t-elle insisté.
Pour supporter sa détention, son expérience d’athlète a été précieuse. « Vous savez, j’ai traversé des moments difficiles », a-t-elle reconnu la voix brisée par l’émotion. « Tout au long de la vie, nous sommes confrontés à de l’adversité. Et celle-ci était forte ». Ce qui l’a beaucoup aidé, a-t-elle rappelé, c’est de savoir qu’on se battait pour sa libération: « Les informations arrivaient parfois avec un peu de retard (…) Cela m’a donné de l’espoir, ce qui peut être également dangereux parce que quand ça ne marche pas, c’est terrible ».
Une certitude, Griner ne portera plus le maillot d’un club étranger, comme elle le faisait à chaque intersaison depuis ses débuts dans le championnat WNBA en 2013.
« Je le dis clairement : je n’irais plus jouer à l’étranger, si ce n’est quand je représente mon pays aux Jeux olympiques. Si je suis sélectionnée, cela sera la seule raison pour moi de quitter le territoire américain », a-t-elle prévenu.
Depuis 2015, une fois sa saison aux États-Unis terminée, Grinner jouait pour le club russe de Ekaterinbourg et c’est lorsqu’elle s’apprêtait à rejoindre cette équipe qu’elle avait été arrêtée le 17 février 2022 en provenance des Etats-Unis.
« Beaucoup d’entre nous vont à l’étranger pour l’argent que cela rapporte, parce que cela nous permet de faire vivre notre famille », a-t-elle rappelé. «Mais, c’est terminé pur moi».