La mannequin trans Sofia Salomon veut bousculer le pays des Miss au Vénézuela

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Sofia Salomon espère faire bouger les lignes et offrir de la « visibilité » à la communauté trans dans cette société conservatrice.

Musique pop à fond dans un studio photo : la mannequin Sofia Salomon enchaîne les poses en maillot de bain, caressant l’espoir d’être la première femme trans à participer au concours de Miss Venezuela.

« Tous les regards sont tournés vers ce qui se passe à Miss Venezuela », dit-elle. « Si j’y étais, ce serait entrer dans l’histoire ». Au Venezuela, “terre” de Miss mais aussi pays conservateur, ce serait sans doute un événement plus qu’ailleurs.

Le pays compte pas moins de sept Miss Univers (1979, 1981, 1986, 1996, 2008, 2009 et 2013) et six Miss Monde (1955, 1981, 1984, 1991, 1995 et 2011), et le concours reste un rendez-vous incontournable avec des millions de téléspectateurs et un battage médiatique hors du commun malgré la crise.

Sofia Salomon espère faire bouger les lignes et offrir de la « visibilité » à la communauté trans dans cette société conservatrice.

Elle a participé en 2022 en Thaïlande à Miss International Queen, le plus grand concours de beauté pour les femmes trans, et s’est classée dans le top 6.

« Il y a eu beaucoup de messages sur les réseaux sociaux de la part de personnes qui voulaient que je participe à un autre concours », dit-elle. « Maintenant que Miss Univers et Miss Monde acceptent les filles trans, la possibilité de participer à Miss Venezuela s’ouvre à moi », estime-t-elle.

En 2018, Angela Ponce, alors Miss Espagne, avait brisé les barrières en étant la première femme trans à participer à Miss Univers.

Pour Sofia Salomon, qui vit du mannequinat en Espagne et au Mexique mais aussi d’une marque de vêtements qu’elle a lancée, le compte à rebours a commencé : les candidatures à Miss Venezuela seront bientôt closes. Chaque candidate sera ensuite évaluée par un jury qui sélectionnera celles amenées à concourir.

Née à Ciudad Bolivar, ville enclavée du sud du Venezuela, Sofia Salomon assure qu’elle a « toujours eu le soutien de mon père, de ma mère et de toute ma famille ».

“Enfer” pour certaines
« J’ai eu une belle enfance, pleine de respect et d’amour, et c’est ce qui rend les choses plus faciles, car on peut montrer à la société qui on est vraiment », explique-t-elle.

Toutes les personnes ayant changé de genre n’ont pas cette chance. « Au Venezuela, être transgenre est un véritable enfer pour beaucoup », déplore Richelle Briceño, avocate et militante trans.

« L’opportunité qu’a mademoiselle Sofia Salomon est un message pour la société (…). Malgré le fait que le Venezuela soit un pays très conservateur (…) les personnes transgenres ici survivent et s’imposent dans le bon sens du terme », applaudit l’avocate.

En Amérique latine, une région majoritairement catholique, l’Argentine a été pionnière en permettant en 2012 aux personnes trans de changer d’état civil, suivie par l’Uruguay, la Colombie, l’Equateur ou encore le Pérou.

Le Venezuela ne dispose pas de législation en la matière. Il autorise le changement de nom mais, selon les ONG de défense des droits des personnes LGBT+, cette possibilité est souvent compliquée par des fonctionnaires peu coopératifs ou récalcitrants.

« Tous ces pays ont progressé dans la reconnaissance de l’identité de genre, alors que le Venezuela est resté bloqué dans l’obscurantisme », estime Mme Briceño.

Sofia Salomon, par exemple, possède la double nationalité vénézuélienne et colombienne. Ses papiers en Colombie indiquent qu’elle est une femme, mais son passeport vénézuélien qu’elle est un homme.

Les groupes LGBT+ ont également demandé en vain une législation sur l’égalité vis-à-vis du mariage ou l’homoparentalité.

Dans ce contexte, Sofia Salomon espère avoir une influence positive et souligne que participer à Miss Venezuela n’est pas une fin en soi : « Quoi qu’il arrive, je continuerai à être une femme qui réussit. Cela a toujours été le cas ! »

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