Après avoir séduit des milliers de lecteurs et de lectrices, l’adaptation au petit écran de la bande dessinée Heartstopper rencontrait un grand défi : lui rendre justice ! Un pari remporté haut la main puisque loin de trahir l’œuvre originale, la première saison a su en respecter l’essence, si ce n’est même la magnifier. Avec cette seconde saison, Netflix propose à nouveau un univers à la fois charmant et étonnamment émouvant.
À titre de rappel, l’action se déroule dans un collège d’Angleterre (l’équivalent du secondaire, au Québec) où Nick (Kit Connor) est le très populaire capitaine de l’équipe de rugby et Charlie (Joe Locke), le bouc émissaire désigné en raison de sa timidité et de son orientation sexuelle. Le hasard amène les deux ados à partager des pupitres contigus : coup de foudre pour Charlie et cheminement identitaire pour Nick qui réalise qu’il est bisexuel.
De nombreux autres personnages se greffent à cet arc principal : Ella (fantastique Yasmin Finney), une étudiante trans, Tara (Corinna Brown) et sa petite amie Darcy (Kizzy Edgell) et Tao (William Gao), protecteur autoproclamé d’Ella et de Charlie. Les thèmes de l’homophobie, du racisme, de la transphobie et de l’intimidation ordinaire sont présents en filigrane, mais sans jamais verser dans le mélodrame et toujours avec, en dominante, ceux du cheminement identitaire, de l’amour et du soutien des proches.
Dans cette seconde saison, Nick est confronté à une nouvelle réalité : il ne sait pas comment annoncer à ses proches, notamment à son père et à son frère ainé, qu’il est bisexuel et en amour. De son côté, Charlie s’abandonne complètement dans cette relation, au point de parfois s’y perdre. Ella et Tao cherchent à déterminer la nature exacte de leur relation, craignant que tout changement puisse entrainer la fin d’une amitié que tous deux chérissent. Tara et Darcy vivent en apparence le parfait amour, mais la pomme semble cacher un ver puisque Darcy se révèle incapable de
réellement s’abandonner.
La passion des premières rencontres et des embrassades tendres et passionnées est étonnamment bien représentée, de même que la ronde des hésitations à sortir du placard avec, en parallèle, le fardeau de devoir mentir à ses proches. La tourmente des émotions contradictoires de chacun trouvera son point cathartique lors d’un voyage scolaire à Paris, où de grandes vérités seront échangées, mais où se révéleront également de nouveaux enjeux qui alimenteront certainement la prochaine saison.
Un clin d’œil se glisse par ailleurs lors d’une scène où Charlie déclare à Nick ne pas être un grand amateur de Marvel. La scène est particulièrement amusante puisque tout semble confirmer que l’acteur Joe Locke interprétera le rôle de Billy, fils de Wanda et futur grand sorcier de l’univers Marvel, dans la série Agatha : Coven of Chaos dont la diffusion est prévue en 2024 !
La nouvelle saison se révèle une parfaite réussite, tant sur le plan de la progression des personnages que de l’interprétation de ces derniers. Une réécoute permet par ailleurs de relever le soin minutieux avec lequel des marqueurs relationnels ou de personnalités y sont soigneusement disposés pour se moduler suivant le contexte : le jus de pomme partagé par Ella et Tao, les « Hi! » (« Salut ») de Charlie et Nick ou les « Sorry » (« Désolé ») de Charlie.
L’urgence entourant la production d’une troisième saison se fait cependant parfois sentir puisque la distribution vieillit et que des décalages importants commencent à être visibles entre l’âge fictif des personnages (13-14 ans) et celui, réel, des acteurs et actrices. C’est plus particulièrement le cas de Kit Connor, maintenant âgé de 19 ans, qui fréquente assidûment le gym et pour lequel, dans certaines scènes, les coutures des vêtements semblent à deux doigts d’éclater.
Impossible de ne pas dévorer les épisodes en rafale, le sourire aux lèvres et, souvent même, une petite larme au coin des yeux.
INFOS | Les deux saisons de Heartstopper sont offertes sur Netflix en anglais et dans un excellent doublage français.
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