Les Usher représentent la crème de la haute société : ils sont riches et puissants et personne n’ose s’y opposer. Pourtant, un mal terrible gangrène cette famille dysfonctionnelle dont les crimes et les malversations en tous genres trouvent leurs racines dans un pacte infernal. Une série spectaculaire où l’angoisse le dispute à l’oppression!
Mike Flanagan est un maître de l’horreur gothique et plusieurs de ses séries marqueront sans doute à jamais les annales de la télévision. C’est notamment le cas de The Haunting of Hill House (La dernière demeure des Hill) et de l’époustouflant Midnight Mass (Sermons de minuit) où il réussit le tour de force de marier horreur, critique sociale et émotions à fleur de peau.
The Fall of the House of Usher adapte librement la nouvelle éponyme d’Edgar Allan Poe, mais également plusieurs des autres récits de l’écrivain. Les plus observateurs remarqueront d’ailleurs que chacun des épisodes reprend le titre, les lieux ainsi que certains des thèmes de la nouvelle correspondante.
La dynastie des Usher contrôle un immense empire pharmaceutique depuis la fin des années 70, notamment en raison du succès du Ligodone, un analgésique puissant qui se révèle cependant délétère. La compagnie réussit toujours à échapper aux tribunaux jusqu’au jour où le procureur révèle qu’un procès ira de l’avant puisqu’il peut dorénavant compter sur un informateur qui se cache au sein de la famille. Il n’en faut pas plus pour monter chacun des membres les uns contre les autres et que s’entame une hécatombe délicieusement macabre où chacun trouve la mort dans des circonstances atroces. Mais qui est à l’œuvre : un meurtrier ou des forces surnaturelles?
Le récit alterne entre le temps présent où Roderick Usher (Bruce Greenwood) confesse ses crimes à Auguste Dupin, enquêteur pour le Ministère public, et un passé à géométrie variable, qui varie de quelques heures à plusieurs années, où se révèle progressivement un dédale complexe d’intentions malveillantes. Bien qu’on sache dès le départ que les six enfants vont trouver la mort, on ignore quand, comment et la nature du venin qu’ils cachent en eux.
À l’encontre du cliché habituel, la série ne met pas en scène un personnage héroïque confronté au mal. Ici, chacun est profondément imparfait et cache un agenda perfide. La série présente également un éventail extrêmement diversifié d’orientations et d’appétences. Auguste Dupin (Carl Lumbly) est un père de famille gai, Victorine (T’Nia Miller) est lesbienne, Prospero (Sauriyan Sapkota) est pansexuel, Napoléon (Rahul Kohli) et Camille (Kate Siegel) sont bisexuels et Tamerlane (Samantha Sloyan) trouve son plaisir dans la contemplation de prostituées qui jouent le rôle d’épouse par procuration auprès de son époux.
La photographie et la mise en scène sont une splendeur et c’est avec maestria que le réalisateur insuffle aux moindres échanges, une tension à couper au couteau. On se surprend également à explorer les moindres arrière-plans puisque chaque coin sombre peut cacher une menace. Les dialogues sont savoureux et contribuent sans aucun doute aux prouesses d’interprétation qui ponctuent la série (c’est notamment le cas d’une allégorie, à décrocher la mâchoire, sur les citrons et la limonade). Difficile par ailleurs d’anticiper l’évolution du récit non plus que sa conclusion qui, malgré certains indices judicieusement disséminés, en surprendra plus d’un.
Fait à noter, les épisodes sont ponctués de soliloques reprenant directement certains passages des œuvres de Poe et qui y instillent un souffle poétique puissant. Dans le cadre du doublage français, ce sont les traductions réalisées par Charles Baudelaire et Stéphane Mallarmé qui sont utilisées, ce qui ne fait qu’ajouter à la qualité exceptionnelle de celui-ci.
The Fall of the House of Usher (La chute de la maison Usher) est présenté en anglais et dans un doublage français exceptionnel sur Netflix.
https://www.youtube.com/watch?v=yvuAWVzP6wI (The Fall of the House of Usher, bande-annonce originale)
https://www.youtube.com/watch?v=honlK0gMqiU (La chute de la maison Usher, bande-annonce française)