Le montréalais Daniel Dory était de passage à la maison le 20 octobre dernier le temps d’un concert dans le cadre de la tournée nord-américaine The Trilogy Tour, qui réunit Ricky Martin, Enrique Iglesias et Pitbull. À quelques heures de fouler les planches du Centre Bell aux côtés de la vedette portoricaine, le Québécois, devenu l’un des chorégraphes et danseurs les plus prisés sur la scène internationale, s’est confié à propos de la tournée actuelle, de sa carrière et de ses projets d’avenir.
Natif du quartier Ahuntsic-Cartierville, l’artiste et danseur aux multiples talents a commencé à pratiquer la danse dès l’âge de 6 ans. C’est à Montréal qu’il a appris le hip-hop (sa spécialité), mentoré par Alexandra « Spicey » Landé, une rencontre déterminante dans son cheminement. Il a par la suite poursuivi sa formation à l’école française New Danse Studio, ainsi que dans plusieurs autres écoles à Montréal, New York et Los Angeles.
« Je suis super excité parce que ma mère, ma famille et mes amis assisteront au spectacle ce soir ! J’ai des papillons dans le ventre, lance Dory d’entrée de jeu. C’est beaucoup plus stressant de performer devant sa famille que devant des gens qu’on ne connaît pas ! » Vie de tournée oblige, la routine quotidienne du danseur est réglée au quart de tour.
Au réveil, il s’assure de prendre un déjeuner soutenant, avant de travailler ses muscles et d’effectuer ses étirements journaliers afin de bien centrer son corps, son principal outil de travail. Il se dirigera par la suite à la salle de spectacle entre 15 h et 17 h pour commencer les préparatifs du concert, incluant les costumes et le maquillage. Une fois sur scène, un feu roulant de performances se déchaîne. Alors que Ricky Martin livre succès après succès, le Montréalais accompagné de trois danseurs et trois danseuses performe un marathon continu de 50 minutes sans arrêt. Selon le danseur, les tubes de Ricky Martin sont tellement nombreux qu’il est difficile d’identifier un numéro favori, mais il a tout de même son moment préféré dans le spectacle : « Le show complet est excellent, mais Livin’ La Vida Loca est vraiment mon préféré ! La mise en scène et les lumières sont géniales ! »

Lorsque le concert est terminé, certains membres de la troupe se réuniront parfois pour sortir, manger ou boire un verre, mais le repos est toujours de mise, précise Dory : « On est tellement épuisés après un spectacle, que tout le monde veut se reposer ! Nous avons des spectacles toutes les semaines, et parfois même jusqu’à trois jours de show consécutifs. »
Tout dépendant de la star qu’il accompagne sur scène, les routines peuvent différer : « Lorsque j’étais en tournée avec Cher, nous faisions des classes de ballet d’une durée de 30 minutes avant le spectacle », illustre le professionnel. Pour lui, l’ambiance de la tournée qui l’amène actuellement aux quatre coins de l’Amérique du Nord jusqu’en décembre est toutefois beaucoup plus familiale : « Chaque équipe a sa propre routine et ses propres façons de faire, mais comme je collabore avec Ricky Martin depuis 2015, nous sommes devenus un peu comme une famille. C’est toujours extraordinaire de travailler avec lui ! »
C’est d’ailleurs cette proximité et cette relation de confiance qui ont poussé Ricky Martin à venir recruter Daniel Dory pour une troisième tournée. En plus d’avoir travaillé avec Cher et Ricky Martin, Daniel Dory a partagé la scène avec les plus grandes vedettes de la musique, dont Mariah Carey, Lil Nas X, Jennifer Lopez, Rihanna et Sam Smith. Plus récemment, il a aussi dansé lors de plusieurs cérémonies, incluant les Oscars, les American Music Awards, les VMA Awards, les Latin Grammys, en plus d’avoir fait une apparition à l’émission Ru Paul’s Drag Race. Parmi les moments les plus marquants de sa carrière, il cite sa participation au spectacle de Lady Gaga : « Ça s’est super bien passé, j’ai beaucoup aimé travailler avec elle. Elle est super sympathique. Ç’a été un moment très fort pour moi parce que j’avais un solo avec elle ! »
Au-delà de sa carrière de chorégraphe et de danseur, le Montréalais d’origine haïtienne a lancé en janvier dernier, La Fierce, un nouveau temple de l’art de la drag mis sur pied avec son conjoint Olivier Croft. Ces prestations destinées à la communauté LGBTQ+ ont lieu au YOYO, un club parisien situé en plein cœur du Palais de Tokyo. Animés par la célèbre drag queen Nicky Doll, de Drag Race France, les spectacles marient les queens locales et internationales dans une mégaproduction incluant des costumes et une mise en scène de l’ampleur des concerts présentés par Ricky Martin ou Beyoncé. Selon Dory, l’objectif pour les prochaines années est de présenter ce concept ailleurs dans le monde, dont au Québec : « J’aimerais beaucoup l’amener à Montréal ! Pour l’instant, nous allons développer le marché européen, et ensuite possiblement Montréal parce qu’il y a beaucoup de talent en drag ici. » Une carrière de cette amplitude a de quoi faire rêver la plus jeune génération, notamment celle d’Ahuntsic-Cartierville.
Lorsque l’on demande au principal intéressé quel message il aimerait envoyer aux jeunes de son quartier, il rappelle que rien n’est impossible à qui sait faire preuve de détermination : « Continuez à poursuivre vos rêves ! Tout est possible ! J’ai travaillé fort et je me suis entraîné, mais il ne faut pas s’arrêter. Il faut continuer de croire en ses rêves et foncer ! »