Grand retour de Jodie Foster au petit écran dans une série policière où se mêlent, avec une redoutable efficacité, enquête procédurale et forces obscures qui semblent réduire les habitants de Tsalal, un petit village d’Alaska, au rang d’insectes pris au piège de machinations cosmiques.
Une nuit de 60 jours vient tout juste de tomber sur la contrée et c’est dans une atmosphère glaciale et crépusculaire que survient un événement incompréhensible : la disparition des huit hommes composant l’équipe d’une station de recherche. Ne reste sur le sol qu’une langue découpée au couteau et d’innombrables questions. Pourquoi les chercheurs se sont-ils enfoncés dans la froidure, laissant derrière eux leurs chaussures et manteaux ?
À qui ou à quoi voulaient-ils échapper ? Cette prémisse intrigante se révèle bientôt en relation avec le viol et le meurtre d’une jeune Inuite dont le corps, dénué de langue, a été découvert six ans plus tôt : un crime irrésolu que certains cherchent obstinément à enterrer. Cet entrelacement entre passé et présent amène l’inspectrice Liz Danvers (Jodie Foster) à s’associer avec l’agente Evangeline Navarro, interprétée par l’ancienne boxeuse Kali Reis. Une alliance qui ne plaît à aucune des deux policières, dont les visions du monde et les méthodes de travail se situent aux antipodes. Pris dans la tourmente de ces deux forces de la nature, s’ajoute Peter Prior (Finn Bennett), un très attachant et naïf agent de police qui les accompagne au cœur de cette enquête laborieuse.
Cette interminable nuit semble par ailleurs avoir réduit à néant le voile fragile qui protège notre monde des forces surnaturelles. Les visions d’outre-tombe se multiplient et l’effroi atteint son apogée lorsque les corps des chercheurs sont retrouvés, prisonniers des glaces, le visage arborant un cri de terreur muette et les membres distendus par la souffrance. Par ailleurs, quelle est la nature des travaux et des forages que ces derniers effectuaient à travers des profondeurs intouchées depuis des millénaires ?
Au-delà d’une intrigue angoissante, le récit pénètre également au cœur d’une réalité rarement évoquée au petit écran : celle des communautés nordiques isolées où se tissent des relations complexes et parfois toxiques entre Occidentaux au tempérament volatil et membres des Premiers Peuples. Chacune des deux policières affronte également ses propres démons : Liz et sa crainte irraisonnée de voir sa fille métisse succomber à l’influence de sa petite copine et à l’appel de la culture traditionnelle innu et Evangeline, confrontée aux problèmes de santé mentale de sa jeune sœur.
Au fil des épisodes, les pistes se multiplient alors même que la tension monte au sein d’une petite communauté dont l’équilibre semble à deux doigts de sombrer dans l’abîme. Qui agit dans l’ombre ? La série brouille astucieusement les cartes et nous amène à alterner entre deux théories opposées : un être de chair et de sang ou des puissances souterraines et immémoriales ? Quelle que soit la réponse, nous serons tous et toutes rivé.e.s aux écrans pour en connaître la conclusion.
INFOS | Les six épisodes de True Detective, Night Country sont présentés sur Crave, en anglais et dans un excellent doublage français.