Dès l’instant où Sabrina et Mélanie se sont vues, les centaines de milliers d’adeptes de L’amour est dans le pré ont senti que les plaques tectoniques de leur cœur venaient de bouger. Durant le reste de la saison, iels ont été témoins de l’évolution d’une histoire d’amour au féminin, la première de l’histoire de l’émission, qui s’est conclue par une double demande en mariage !
Étiez-vous conscientes de l’impact que vous auriez en termes de représentation des femmes queers ?
Sabrina : Je me suis inscrite en n’étant aucunement consciente de ce facteur. Ça n’a même pas effleuré mon esprit. Je m’inscrivais d’abord et avant tout pour moi et pour rencontrer quelqu’un, sans penser à l’impact que ça aurait.
Mélanie : À mes yeux, l’amour, c’est de l’amour. Je n’ai jamais perçu mes relations comme étant différentes des autres. Alors, je ne me suis pas inscrite en pensant faire un changement.
Sabrina : Par contre, on s’est fait dire qu’on avait un impact positif. On se fait beaucoup écrire sur les réseaux sociaux. On constate qu’on inspire des gens et qu’ils trouvent ça beau.
Sabrina, craignais-tu d’être exposée aux jugements du public, puisqu’on voit peu de personnes qui se disent attirées par l’humain avant le genre ?
Sabrina : Oui, j’avais certaines craintes. Je savais que j’étais la première candidate à se décrire comme ça à L’amour est dans le pré et je n’aime pas l’attention qui vient avec ça. Je sentais aussi qu’il fallait que je me donne un titre de bisexuelle, un terme que je n’avais jamais vraiment employé avant. Dans la vie de tous les jours, je ne me définis pas avec un terme : j’aime un homme ou une femme, tout simplement. Et aujourd’hui, j’aime une femme.
Plusieurs personnes des communautés queers ne veulent pas nouer de relations amoureuses avec une personne qui n’est pas attirée par un seul genre. Mélanie, comment te positionnais-tu face à ça ?
Mélanie : Je dois avouer que je n’y avais jamais vraiment pensé. Un jour, avant même de rencontrer Sabrina, j’avais vu un commentaire sur Facebook disant qu’elle ne savait pas ce qu’elle voulait. À ce moment-là, je me suis dit : « À quel point on s’en fout ? ». On a le droit d’aimer qui on veut et ce n’est pas un truc qui me fait peur. Elle m’a choisie. On a une bonne communication. Si, un jour, elle ressent un manque ou je ressens un manque, on peut s’en parler et essayer de le combler.
Dans l’émission, le public a assisté à une magnifique rencontre entre Sabrina, ses grands-parents, deux prétendantes et un prétendant. Trouvez-vous que c’est une belle démonstration que les personnes âgées et celles qui vivent en région sont plus ouvertes qu’on le dit ?
Sabrina : Oui et non. Plusieurs personnes ignoraient que je pouvais aimer autant les hommes que les femmes. Ça a surpris beaucoup de gens de ma région. Ils n’ont pas été méchants, mais ils étaient un peu déstabilisés. En ce qui concerne mes grands-parents, ils sont merveilleux. Quand j’ai fait mon coming out, j’avais tellement peur qu’ils ne m’aiment plus, mais ça ne les dérangeait pas du tout. Ils me souhaitaient juste du bonheur.
Mélanie : Je me sens très acceptée dans sa famille. Il n’y a jamais de malaise parce qu’on est deux filles ensemble. C’est beau à voir.
Décrivez-nous vos souvenirs du premier moment où vous vous êtes vues.
Mélanie : Quand je l’ai vue marcher sur la passerelle au speed date, Sabrina avait toute une aura ! J’avais besoin d’en savoir plus sur elle. J’étais intriguée. Et je la trouvais encore plus belle en personne. Quand je l’ai aperçue, les genoux voulaient me faire fouin-fouin-fouin…
Sabrina : Dès le départ, j’avais eu un petit coup de cœur pour sa lettre. Même si je rencontrais cinq prétendant.e.s en même temps, j’avais tendance à regarder Mélanie un peu plus. Je la trouvais mystérieuse. Je me reconnaissais là-dedans. Je trouve que je ne m’ouvre pas beaucoup et j’espérais qu’elle s’ouvre à moi.
Au départ, pourquoi aviez-vous l’impression que vous vous ressembliez beaucoup ?
Mélanie : On se ressemble physiquement et parfois, sans faire exprès, on s’habillait pareil. En plus, nos passés se ressemblent.
Sabrina : On a les mêmes lacunes et les mêmes blessures. On se demandait si on serait capables de se soutenir là-dedans, étant donné qu’on se ressemble autant. Au fond, on se comprend bien et on en ressort plus fortes.
De l’extérieur, c’était écrit dans le ciel que vous finiriez ensemble. Est-ce qu’il y a des choses qui vous ont surprises l’une sur l’autre ?
Sabrina : Je ne m’attendais pas à ce qu’elle soit autant sur la cruise !
Mélanie : Je suis surprise d’entendre ça, parce que je ne savais pas que j’étais de même !
Sabrina : Sur la ferme, c’est elle qui faisait du rentre-dedans et qui démontrait le plus.
Mélanie : Je ne pensais pas être capable de cruiser en fait. C’était peut-être inconscient.
Maintenant que vous êtes fiancées, quels sont vos projets ?
Sabrina : On n’est pas encore certaines, mais on envisage un mariage l’année prochaine. On veut commencer la planification cet été.
Mélanie : On y va une étape à la fois. D’abord, le déménagement, qui s’est fait il y a un mois. Et on va commencer à parler plus sérieusement du mariage et des enfants.
Sabrina : On ne se met tellement pas de pression ! Peut-être que ça va se faire en même temps. On veut aussi refaire la maison au grand complet. On dirait que tout arrive en même temps. On est prêtes !
Si des personnes LGBTQ+ hésitent à participer à L’amour est dans le pré, que leur
diriez-vous pour alimenter leur réflexion ?
Mélanie : On a juste une vie ! S’il y a vraiment quelqu’un qui les intéresse, je les encourage à s’inscrire. Moi-même, j’ai failli ne pas m’inscrire et je serais passée à côté de Sabrina.
Sabrina : Personne ne sort de cette aventure-là perdant.e.
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