Après avoir ébloui 1,5 million de personnes lors de ses participations à La Voix et à Star Académie, Jules lance le 31 mai son tout premier album solo, Pour tout vous dire, une plaquette pleine de soul, de groove, de jazz et de R&B, dans laquelle il exploite à fond sa voix de virtuose.
Tu lances un premier album à 25 ans. Quelles émotions t’envahissent ?
JULES : De l’excitation et de la fierté ! Je suis du genre à consommer toute ma musique en album, de la première à la dernière chanson, dans l’ordre. C’est sacré pour moi. Je crois que c’est une vitrine magnifique sur la vie d’un artiste. Je trouve ça fou d’avoir un projet que les gens vont pouvoir découvrir à leur manière.
Ta maîtrise vocale est indéniable. Quand as-tu commencé les cours de chant ?
JULES : Au milieu du secondaire. En troisième secondaire, j’ai vécu ma première expérience sur scène à Secondaire en spectacle. Je ne peux pas dire que j’ai eu la piqûre. C’était vraiment stressant pour un petit garçon qui ne s’assumait pas pleinement encore. Ensuite, j’ai participé au Camp en chansons de Petite-Vallée. J’ai tripé ma vie !
Puis, je suis allé au Festival de la chanson de Granby dans le volet pour adolescents. J’avais cinq jours avec des jeunes de partout au Canada pour monter 24 chansons écrites par des élèves du secondaire. Cette semaine-là, j’ai compris que je voulais faire ça de ma vie ! C’était de la scène, de l’apprentissage de paroles, de musique, de mise en scène ; à tel numéro tu es choriste, à tel autre tu apportes le micro pour la personne qui chante après. J’ai adoré !
Le grand public t’a connu à La Voix et à Star Académie. Que retiens-tu de ces expériences ?
JULES : De La Voix, je retiens l’apprentissage des plateaux de télé et à quel point notre attitude peut changer la donne. Pour faire nos émissions, il y a une fourmilière qui travaille d’arrache-pied. C’est un travail colossal de communauté et c’est important d’avoir du respect et de la gratitude.
Star Académie, c’est là où j’ai laissé mon côté artistique sortir. J’ai pu évoluer et laisser tomber mes barrières. À La Voix, à 17 ans, je n’étais pas pleinement assumé, j’étais encore gêné et j’avais de la difficulté à me laisser être flamboyant. Quand je suis entré à Star Ac, je m’étais juré d’être comme je suis avec mes meilleurs amis et ma famille. J’ai pris mon envolée en acceptant d’être 100 % moi-même, peu importe ce que les gens diraient.
Je me souviens que les profs de Star Ac avaient discuté de ta virtuosité vocale et des effets que tu ajoutais en chantant, mais qu’iels t’encourageaient à te connecter davantage à l’émotion. Tu pensais quoi de cette idée ?
JULES : C’était tellement pertinent ! J’accueille les belles émotions à bras ouvert, mais j’ai tendance à repousser les moins belles. Évidemment, ça ne me servait pas en chantant. Une des magnifiques aptitudes des artistes est de prendre ces émotions-là, de les transformer et de les transmettre. En les ignorant, ça m’empêchait d’être complet.
Ton album est groovy au maximum. Comment as-tu orienté le style de ta musique ?
JULES : Je suis très influencé par la soul, le R&B, le jazz et le funk. Quand j’ai commencé à chanter, je me retrouvais dans la musique d’Adele et de Sam Smith, faute de ne pas connaître d’autres artistes encore plus jazz et soul. Au cégep, j’ai pu explorer énormément d’affaires. C’est dans ces styles-là que je ressentais le plus de fougue. Tsé, quand tu vis… quasiment un orgasme ! Lorsqu’on jammait entre amis et que ça se passait, c’était quasi spirituel ! Ça m’arrivait tout le temps dans ces styles-là.
Quel a été ton contexte de création ?
JULES : J’ai presque tout écrit et composé, sauf Dommage, mon premier single, écrit par Corneille et Sofia, sa femme. Certaines chansons existaient depuis un moment, mais pas dans la version de l’album : c’étaient des petits bouts de paroles pas terminées. Quand j’ai clenché l’album avec mon meilleur ami, Olivier Girard, on a pris les meilleures, on les a complétées et je suis arrivé avec de nouvelles chansons. Pendant un mois, j’étais enfermé chez nous à créer sans arrêt.
Dans tes paroles, l’une des thématiques qu’on peut voir émerger, c’est l’idée de tout pour plaire, de faire semblant, des murs qu’on laisse tomber et de la peur de dire ce qu’on a en dedans. À quel point le regard des autres est-il quelque chose qui peut te faire vaciller ?
JULES : C’était très central dans ma vie de famille. Ma mère est directrice de commission scolaire et mon père est professeur. L’éducation était super importante chez nous et c’est venu avec l’importance de bien paraître en public. Très jeune, il fallait que je me tienne droit, que je sois poli et que je remercie les gens. Ce sont de très belles valeurs. Ça n’a pas mal influencé ma vie, mais ça a déposé un filtre sur moi. Quand je suis arrivé à l’âge adulte et que j’ai fait mon coming out à 18 ans, j’ai dû déconstruire beaucoup de choses. De 0 à 18 ans, il ne fallait pas que je dérange et que je déplace trop d’air. J’étais une sainte ! (Rires.)
No joke ! Ensuite, j’ai décidé de commencer à vivre et de laisser tomber certains mauvais plis.
Une chanson se nomme Les mots qui nous manquent. Dans l’album, on entend un besoin de crier des sentiments et un désir d’expression très fort. Est-ce un défi pour toi d’extérioriser ce que tu ressens ?
JULES : Oui… Avec cet album-là, j’ai besoin de m’exprimer et de crier plein d’affaires. Ça me fait tellement de bien ! Mais souvent dans ma vie, il me manque de mots. Je ne sais pas toujours comment exprimer certaines choses. J’imagine qui ça va offenser et à qui ça va déplaire. J’ai toujours une arrière-pensée pour l’autre. C’est très rare que je laisse sortir des mots sans penser à la personne devant moi ou aux personnes qui pourraient m’entendre.
INFOS | L’album Pour tout vous dire, de Jules, sort le 31 mai.