Le Cinéma Moderne était plein à craquer lors des premières séances du Queer Cinéma Club de Montréal, les 15 mai et 20 juin dernier, alors qu’étaient projetés The Hours et Cruising. Tous les mois, l’organisateur Jeremie Romain (soutenu par Image+Nation) présentera des classiques du cinéma LGBTQ+, des œuvres grand public et des films indépendants.
Comment as-tu eu l’idée d’organiser cette soirée mensuelle ?
Jeremie Romain : Ça fait longtemps que je veux organiser un événement récurrent. J’ai participé aux débuts des soirées Mec Plus Ultra : j’étais DJ et je trouvais ça vraiment cool. Ensuite, je voulais lancer ma propre soirée, mais ça n’a jamais adonné. Un jour, j’ai arrêté de boire de l’alcool, alors je ne participais plus au nightlife. J’ai alors pensé faire quelque chose en lien avec ma passion pour le cinéma. Avant Noël, j’ai discuté avec un ami qui a lancé le Queer Cinema Club de Toronto, il y a deux ans. Je lui ai expliqué que je voulais reproduire le concept, mais changer de nom.
Qu’a-t-il répondu ?
Jeremie Romain : Qu’il souhaitait depuis longtemps faire une filiale à Montréal et à Vancouver. Il suggérait que je fasse ma propre affaire, sans participer à la programmation. Et de conserver le nom si j’en avais envie. J’ai alors contacté le Cinéma Moderne, un petit cinéma sur Saint-Laurent que j’aime beaucoup. Leur programmation était déjà très diverse. Ils ont trouvé ça très cool. Je leur ai montré une programmation potentielle et on est parti de là.
À quoi ressemblent les soirées ?
Jeremie Romain : Idéalement, je veux accompagner la projection du film avec une introduction ou une période de questions/réponses avec des artistes, mais je n’ai pas réussi à avoir d’extras pour la première. J’ai harcelé le manager de Nicole Kidman pour avoir une vidéo d’introduction de trois minutes dans laquelle elle souhaiterait la bienvenue à la projection et expliquerait ce que veut dire le film pour elle, comme c’est souvent le cas à Toronto. Un jour, on pourrait aussi ajouter une performance durant la soirée ou la projection d’un court métrage dont le thème est lié au film.
Ça t’a fait quoi de sentir l’engouement pour la soirée ?
Jeremie Romain : La première séance a été sold out en moins de 24 heures et la deuxième s’est remplie assez vite aussi ! Les gens me contactaient en DM sur Instagram pour me remercier ou pour s’impliquer. Plein de gens me disaient qu’on avait besoin de ça. Je ne m’attendais pas du tout à recevoir cette belle énergie. Dans la vie, je suis quelqu’un d’un peu négatif et pas sûr de moi-même, donc chaque fois que je fais quelque chose qui fonctionne, ça me surprend un peu.
Envisages-tu déjà d’organiser ta soirée dans une plus grande salle ?
Jeremie Romain : Je suis super reconnaissant que le Cinéma Moderne ait embarqué. La direction ne charge pas pour louer la salle. C’est vraiment une collaboration. Je me sentirais mal d’aller ailleurs. En ce moment, on fait deux séances le même soir. Peut-être qu’on pourrait faire plus de séances.
Comment choisis-tu les films ?
Jeremie Romain : Je veux montrer mes coups de cœur parmi les classiques de films LGBTQ+ ou des classiques aimés par la communauté, sans qu’il y ait toujours un personnage queer. J’ai commencé avec de gros titres pour que les gens embarquent rapidement, mais vers la fin de l’année je veux présenter une œuvre plus obscure des années 1960. Je vais également choisir un film queer thématique pour Halloween. Et montrer des films qui ont été des premières, comme la première fois qu’on a vu un personnage lesbien au cinéma.
Tu sembles vouloir créer plus qu’une simple soirée de projection.
Jeremie Romain : Oui, en plus de permettre aux gens de faire des découvertes cinématographiques, je veux que les gens se rencontrent, parlent de cinéma, deviennent ami.e.s et que, si les gens reviennent mois après mois, tout le monde dans la salle se connaisse par son nom.
Quels sont tes plus grands coups de cœur queers de tous les temps ?
Jeremie Romain : C.R.A.Z.Y. (2005), How to Survive a Plague (2012), Paris Is Burning (1990), The Rocky Horror Picture Show (1975), Victim (1961), sans oublier 120 Battements par minute (2017), And the Band Played On (1993), Dog Day Afternoon (1975), The Hours (2002), Maurice (1987).