Michel Gadoury a fondé son tout premier bar gai en janvier 1976, le Studio 1, dans le centre-ville. Cela inaugurait toute une période de développement, d’ouverture de clubs ou encore d’achats de bâtiments. On compte sur les doigts des deux mains le nombre de clubs que Michel Gadoury a ouvert au fils des ans. Tout dernièrement, Michel Gadoury a cédé le bar Stud à son gérant de longue date Mario Goudreau. En passant, le Stud fêtera déjà ses 30 ans en 2025. C’est le dernier bar que Michel Gadoury laisse aller à un membre de son fidèle personnel. Cela boucle la boucle du milieu de la nuit des bars gais dans laquelle il a évolué durant 48 ans maintenant.
«J’ai décidé de céder le Stud à cause de la maladie, de confier Michel Gadoury. J’ai eu une embolie pulmonaire en janvier 2023 et j’ai beaucoup de difficulté encore à m’en remettre. Cela m’a fait beaucoup réfléchir. Je me suis dit qu’avant qu’il m’arrive quelque chose [d’encore plus grave], c’est mieux de passer le flambeau à mon gérant Mario. C’est un fidèle employé depuis plus ou moins 20 ans. Il a été doorman, puis il est passé à gérant et a acquis l’expérience. Je resterai durant deux ans en tant que ‘’mentor’’ afin de le guider et qu’il soit sur la bonne voie. Le Stud est une vraie institution qui a passé à travers la COVID, cela a été dur, mais on a réussi. Je n’ai pas d’inquiétude pour l’avenir.»
Mario Goudreau a évolué à divers postes dans le Village, en tant que doorman réputé au K.O.X./Katakombes, au Unity I et puis comme copropriétaire au Dépanneur du Village, entre autres. «Mario patauge depuis très longtemps lui aussi dans le milieu des bars du Village, je l’ai connu alors que j’étais actionnaire du Unity I à l’époque», se rappelle-t-il.
«Mario [Goudreau] prend possession d’un commerce qui va très bien, je suis très confiant qu’il va faire grandir le Stud encore pour plusieurs années à venir», dit Michel Gadoury qui a acquis au fils des ans les bâtisses abritant aujourd’hui le Stock Bar et le Unity ainsi que le Stud, bien entendu. Alors qu’à Montréal on essayait de se dépêtrer de la construction du Stade olympique et que celui soit prêt pour les Jeux de juillet de 1976, en janvier de cette année-là, Michel Gadoury ouvrait son tout 1er établissement dirigé vers la clientèle gaie, soit le Le Studio 1, à l’angle de Metcalfe et Sainte-Catherine Ouest. Puis tout un chapelet de clubs commence à prendre forme : le Réflexion (au coin de Drummond et Sainte-Catherine), le Sécurité Maximum (sur Saint-Hubert au coin de Sainte-Catherine), le tout premier club Unity (ou Unity I), l’Aigle Noir, le Cocktail, et enfin le Stud. Michel Gadoury participe ainsi, en même temps, à la transition entre l’ouest et l’est et l’établissement du Village de façon plus «permanente» vers dans ce qui était le quartier Saint-Jacques.
Ainsi, cinq décennies s’écoulent entre le Studio 1 et le tout dernier né qui est presque un établissement en soit qu’est l’espace l’Atrihom au Stud, une belle verrière éclairée et lumière naturelle et de la végétation à profusion. Presque un petit coin tropical au cœur du Stud. «L’Atrihom est un de mes plus nouveaux projets au Stud et dont je suis très fier. C’est un très beau lieu. Ce projet est tombé en plein milieu de la COVID, mais on s’en est sorti et je suis très content de voir cet endroit-là aujourd’hui», affirme Michel Gadoury. Il y a quelques temps, on avait aussi introduit une section «Le Resto» avec un menu offrant burgers, frites, hot dogs, sandwichs, etc. On peut donc joindre l’utile à l’agréable, soit regarder de beaux hommes passer tout en dégustant un délicieux grilled cheese ! C’est encore Michel Gadoury qui avait eu l’idée de cet ajout en aménageant une cuisine et en engageant le personnel nécessaire à cette entreprise et relever le défi de créer un «restaurant» au sein du Stud.
Je me souviens de plusieurs qui lui disaient qu’un bar aussi situé au coin de Papineau et Sainte-Catherine ne fonctionnerait pas, qu’il fermerait quelques mois plus tard ! Michel Gadoury repoussait, en quelque sorte, les limites du «hot spot» du secteur en mettant sur pied un club à ce qui était, à cette époque-là, la «frontière» est du Village. Et dire que ce bar célèbrera ses 30 ans sous peu. Michel Gadoury aura décidément fait mentir tous ses détracteurs et oiseaux de malheur.
«Je veux remercier du fond du cœur la fidèle clientèle qui m’a appuyée et suivie depuis 48 ans, lance-t-il. Je ne sais pas comment vraiment les remercier. J’espère que cette clientèle va continuer d’appuyer Mario à présent ! Mais j’aimerais également offrir tous mes remerciements aux employés du Stud qui sont là depuis longtemps. Très peu d’entre eux nous ont quittés en raison de la pandémie, beaucoup nous ont prêté main-forte et nous ont permis ainsi de rester ouvert. Je les remercie chaleureusement.»
«Un de mes plus gros souhaits est que l’on puisse créer une maison de retraite pour les hommes gais, un peu comme les ‘’Résidences Soleil’’. C’est un de mes souhaits pour que les personnes âgées gaies puissent prendre leur retraite dans une certaine quiétude. C’est un grand besoin en ce moment et pour les années à venir. Il n’y a rien en ce sens encore, pourtant il faut subvenir aux nombreux besoins de ces gens-là. Comme vous voyez, j’ai encore des idées plein la tête», de souligner Michel Gadoury.
Est-ce à dire alors qu’il prend définitivement sa retraite et se la coule douce dans son chalet dans le Nord ? Non pas vraiment, du moins pas tout à fait. «La communauté gaie m’a fait vivre de bons moments et je vais continuer, dans la mesure du possible, d’épauler certains événements de la communauté», dit-il. Et il ne faut pas oublier, comme il l’a souligné plus haut, qu’il sera là encore durant deux ans pour donner un coup de main à Mario Goudreau au Stud. On souhaite bonne santé et bonne «pré-retraite» à Michel Gadoury !
INFOS | Bar Stud, 1812, rue Sainte-Catherine Est, Montréal.
Tél. 514-598-8243 ou https://www.lestudmontreal.com