Samedi, 22 mars 2025
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    Se préparer au futur

    Bien que la définition de la rémission appliquée au VIH soit encore débattue, on peut la voir comme la possibilité pour une personne vivant avec le VIH (PVVIH) d’arrêter tout traitement antirétroviral. Ce dernier empêche, en effet, le virus de se multiplier, mais ne permet pas de s’en débarrasser complètement. Le virus reste présent sous la forme de séquences génétiques fonctionnelles intégrées dans notre propre matériel génétique (sous forme d’ADN – acide désoxyribonucléique) au sein de cellules, l’immunité faisant partie de nombreux organes. Ces derniers sont qualifiés de réservoirs pour le virus (organes génitaux, cerveau, intestins, etc.).

    La stratégie présentée par Melanie Ott de l’Université de Californie à San Francisco à la dernière conférence internationale sur le sida, pour y arriver, est de réduire le VIH au silence : sans chercher à effacer les séquences virales présentes dans les réservoirs. L’idée est de l’empêcher de s’exprimer. Et pour cause, la stratégie cible la première étape d’«expression» de l’ADN viral qui est sa traduction en ARN (acide ribonucléique). L’ARN est l’intermédiaire menant à la synthèse des protéines virales, qui opèrent la multiplication du VIH au sein de la cellule humaine. En ciblant la traduction de l’ADN, on s’attaque donc à l’étape limitante. Plusieurs leviers d’action existent pour empêcher la traduction des gènes viraux, en entravant la mobilité et la fonctionnalité de différentes protéines impliquées dans sa mise en œuvre.

    Mais il n’est pas question de rentrer dans le détail. Ce qu’il faut retenir, c’est que ces travaux ouvrent des perspectives de thérapie génique, c’est-à-dire la modification de notre ADN à l’aide d’un vecteur qui peut être un virus ou une cellule humaine modifiée. On peut voir cela comme un « plug-in » (un branchement) correctif suite au téléchargement d’un logiciel informatique source de dysfonctions (soit un virus informatique !). Dans le cas de cette thérapie avec objectif de rémission au VIH, l’idée serait d’insérer dans le génome de nos cellules une molécule d’ADN intégrant plusieurs gènes et séquences fonctionnelles qui auront pour effet de bâillonner et réduire au silence les gènes viraux, sans les expulser. En cas de succès, il n’y a plus de traitement à prendre pour contrôler le virus, la thérapie fonctionne toute seule : c’est la rémission. L’arrivée d’une telle thérapie est toutefois conditionnée aux avancées de la thérapie génique qui rencontrent encore des freins en conditions réelles, aujourd’hui.

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