Intense, déjantée, hors normes. C’est ainsi que l’on peut décrire Diane Dufresne, mais c’est aussi ce que l’on peut dire de Belmont, le théâtre musical créé par Jade Bruneau en 2018 et qui fait un retour sur scène en 2025 dans une tournée à travers le Québec.
Pour évoquer l’icône québécoise qui a marqué la chanson francophone, il fallait bien un spectacle aussi fou, extravagant, sensible et percutant qu’elle. Comment créer une œuvre qui lui rend hommage sans que ce soit une pièce biographique ou une revue ? Le défi était de taille et heureusement, Jade Bruneau avait une forte proposition. L’idéatrice et metteuse en scène du spectacle savait très bien où elle s’en allait quand elle a décidé de monter cette grande fresque poétique et théâtrale dans l’univers de Diane Dufresne. Sans être impliquée dans sa création, cette dernière a donné son aval en toute confiance.
Alors que la célèbre chanteuse est si complexe et multiple, Jade Bruneau a eu une idée brillante : incarner ses nombreuses facettes en cinq personnages féminins. Cinq couleurs primaires qui apportent chacune un éclairage distinct : la diva, l’artiste, l’amoureuse, la folle et la petite fille. Campées respectivement par Catherine Sénart, Catherine Allard, Laetitia Isambert, Geneviève Alarie et Laur Fugère, ces cinq femmes se combinent et se complètent comme un puzzle où chaque pièce est une énigme en elle-même. Avec leur talent vocal impressionnant et leur jeu investi, elles forment une distribution rêvée pour porter ce spectacle si singulier.
Ces interprètes portent avec aplomb et prestance les mots de celle qui a su rassembler les foules, notamment au Stade olympique avec son mégaspectacle Magie rose. On a rendez-vous ici avec de grandes voix, capables de tenir les envolées qu’exige le répertoire de Dufresne. Geneviève Alarie est particulièrement touchante dans son interprétation du Parc Belmont. Catherine Sénart est impériale lorsqu’elle interprète Les adieux d’un sex-symbol.
À leurs côtés, un seul homme, le clown, qui sert à la fois de narrateur et de miroir aux hommes qui ont côtoyé la star au fil des années. Campé avec brio par Pierre-Olivier Grondin à la voix, lui aussi, incroyable, il y a tantôt un peu de Luc Plamondon (son parolier) en lui, tantôt un peu de Richard Langevin (son conjoint) ou bien de François Cousineau (son compositeur). Au contact de ces femmes, il s’en trouve lui-même changé avec une envie irrépressible de se déployer comme elles.
Pendant 90 minutes sans entracte, les artistes sont non seulement continuellement présents, mais leurs voix s’entrelacent dans une mise en scène extrêmement tissée serrée. Les cinq femmes évoluent dans de perpétuelles allées et venues aux confins de l’univers de Diane Dufresne. Elles chantent ses chansons, en solo et en chœur, à la manière d’un immense mashup qui leur donne une tout autre ampleur. Complétée par des morceaux originaux d’Audrey Thériault et des dialogues signés Laurence Régnier, l’œuvre de Dufresne se cristallise ainsi en un vibrant et libérateur cri d’affirmation.
Belmont relève un merveilleux défi : celui de nous plonger bien au-delà de la vie et l’œuvre de cette ahurissante artiste. Le spectacle offre une véritable immersion dans son imagination débordante qui résonne par conséquent avec la nôtre. Le contact entre les deux devient ainsi plus puissant, permettant à l’élan de vie de s’émanciper.
INFOS | BELMONT, théâtre musical https://www.spectaclebelmont.com
En grande rentrée montréalaise le 20 janvier au Théâtre Maisonneuve, puis en tournée au Québec du 16 janvier au 3 mai, Québec, Sherbrooke, Longueuil, Laval, Granby, Valleyfield, Shawinigan, Rimouski, Gatineau, Drummondville, Saint-Hyacinthe, Saint-Jérôme, Brossard, Saguenay, Sainte-Thérèse, Joliette.