Dimanche, 16 mars 2025
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    Voir le VIH en trois dimensions

    Le 24 octobre dernier, ViiV Soins de santé Canada a organisé le premier sommet communautaire national sur les soins du VIH (incluant la prévention, le traitement et les déterminants sociaux associés à la santé). L’événement qui s’inspire d’un sommet similaire qui a lieu aux États-Unis depuis 26 ans a réuni à Toronto les leaders communautaires de tout le pays pour une journée complète afin d’échanger sur le statut de la maladie et les façons de l’aborder plus efficacement. Parmi les intervenants présents, on comptait le docteur Bertrand Lebouché, clinicien, chercheur et professeur agrégé en médecine à l’Université McGill. Au moment où le Canada est l’un des seuls pays où les cas de VIH sont en hausse, le médecin de famille revient sur l’événement communautaire et sa pertinence dans la lutte à l’épidémie.

    Pouvez-vous nous expliquer votre rôle actuel au sein de l’Université McGill?
    Bertrand Lebouché : Tout à fait! Je suis médecin de famille spécialisé notamment en soins du VIH, de l’hépatite C et des ITSS. Comme chercheur, je passe la moitié de mon temps à travailler avec des personnes atteintes du VIH et mon équipe de recherche pour trouver de nouvelles façons de traiter le virus. Nous utilisons des approches avant-gardistes telles que des chatbot, des applications mobiles, etc., de manière à ce que les patients jouent un rôle actif dans leur suivi. L’idée est qu’ils aient accès aux bonnes informations en temps réel pour qu’ils puissent prendre les bonnes décisions à propos de leur situation.

    On pourrait avoir l’impression qu’en 2025, la lutte au VIH est un dossier réglé, mais ce n’est pas le cas. Pouvez-vous nous donner un aperçu de l’état de la situation dans vos propres mots?
    Bertrand Lebouché : Malheureusement, l’épidémie de VIH est relativement contrôlée au niveau mondial, sauf au Canada, et plus précisément au Québec. Par exemple, nous avons eu en 2022-2023 une augmentation de 35 % des nouveaux cas au Canada, et de 40 % au Québec. Cette hausse s’explique en partie par l’accueil au Canada, notamment au Québec, d’un grand nombre de personnes qui viennent de pays où la prévalence du virus est importante. Cette clientèle représente environ 90 % des nouveaux cas traités par mon équipe. À l’opposé, quand on s’intéresse précisément aux populations plus à risque, mais qui sont nées ici, dont les hommes qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes, nous avons plutôt constaté une baisse de 56 % des cas de VIH, ce qui démontre l’efficacité des traitements préventifs disponibles aujourd’hui et l’importance de donner accès à ces solutions aux nouveaux arrivants.

    Des traitements comme la PrEP…
    Bertrand Lebouché : Exactement! Si on donne accès à ces traitements aux personnes qui arrivent de l’étranger, elles pourront plus facilement aller mieux, s’intégrer, aller travailler, etc. Depuis quelques mois, la PrEP est disponible par injection tous les deux mois et elle le sera prochainement tous les six mois. Même chose pour les antirétroviraux qui peuvent aussi se donner en un comprimé par jour et même par injection tous les deux mois à celles et ceux qui vivent avec le VIH, donc la situation est en amélioration constante. L’un des enjeux qui ne s’améliorent pas, c’est la stigmatisation, d’où l’importance des groupes d’aide et organismes de soutien communautaires.

    Vous avez justement participé cet automne au premier Sommet communautaire national sur les soins du VIH organisé par ViiV Soin de santé Canada. Pourquoi ce genre de rassemblement communautaire est-il important?
    Bertrand Lebouché : Le VIH est aujourd’hui une maladie chronique, il y a donc une expertise communautaire en lien avec le soutien des gens qui vivent avec la maladie. Je crois qu’il faut mélanger toutes les approches pour continuer à faire toujours mieux. C’est en entendant le point de vue des groupes communautaires et des personnes qui vivent avec le VIH au quotidien sur le terrain qu’on va réussir à le contrôler.

    Quelle est la différence entre cet événement et les congrès scientifiques traditionnels?
    Bertrand Lebouché : Dans les congrès, on invite des chercheurs (comme moi) à venir parler d’un sujet, mais dans ce cas-ci, c’était intéressant parce que c’était un sommet par et pour la communauté! Ce format amène totalement une autre expertise, prouvant l’importance des savoirs partagés! Qu’il s’agisse du vieillissement, de la comorbidité, etc., nous avons tous abordé la même réalité, mais avec des angles différents, chacun regardant l’enjeu du VIH avec sa propre lunette. Ça donnait l’impression de regarder le problème comme un prisme en trois dimensions. J’ai beaucoup aimé et grandement appris!

    Les discussions se tenaient en mode « talk-show », quels ont été les moments forts à vos yeux?
    Bertrand Lebouché : Je dois dire que j’ai été particulièrement charmé par le panel auquel j’ai été invité, qui s’intitulait « Naviguer avec le VIH, de la jeunesse jusqu’au vieillissement avec dignité et avec soins ». La notion de navigation est super intéressante pour moi parce que la seule chose que je demande à mes patients est que leur VIH soit stable, c’est-à-dire qu’il soit indétectable, et qu’il le reste. En revanche, la vie n’est pas stable! Comment peut-on donc faire pour garder une forme de stabilité et pour continuer à naviguer, même quand la mer est parfois agitée? Ce sont des questions bien réelles que nous avons pu aborder lors de cette discussion.

    L’événement a donc été une réussite…
    Bertrand Lebouché : Absolument, ç’a été très intéressant d’entendre les approches de tous. Je lève mon chapeau à tous les participants, notamment Muluba Habanyama, de l’Ontario AIDS Network, qui est intervenu à plusieurs reprises toujours de façon très intéressante durant l’activité. Elle a, entre autres, rappelé aux participants l’importance de se remémorer « les personnes absentes de la salle », c’est-à-dire celles vivant avec le VIH ou décédées des suites du virus. Cela a permis d’approfondir la discussion en mettant en lumière les voix souvent négligées.

    En terminant, avez-vous un conseil ou un message d’espoir pour les gens atteints du virus ou pour leurs proches?
    Bertrand Lebouché : Je pense qu’il est important de rappeler que le VIH n’est plus une maladie grave si on se fait tester, soigner et qu’on utilise les traitements pour le contrôler. Le pire choix est de faire l’autruche, donc il faut sans attendre se faire tester et se faire traiter ou, encore mieux, utiliser les moyens pour prévenir sa transmission. En cas de besoin de soutien, il faut aller voir les groupes communautaires. Ils ont une grande expertise et peuvent vous aider et vous faire beaucoup apprendre.

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