Seul organisme communautaire anglophone dédié à la lutte contre le VIH et à la santé sexuelle au Québec, ACCM (AIDS Community Care Montreal) est actif à Montréal depuis plus d’une trentaine d’années. Alors que la réalité des populations qui vivent avec le virus a drastiquement changé depuis le début de la pandémie de COVID-19, une importante réflexion a été nécessaire par l’organisme quant à sa structure et aux manières d’offrir aux communautés des services pérennes et renouvelés. Au moment où ACCM s’apprête à emménager dans de tout nouveaux bureaux, Fugues s’est entretenu avec Crystal Harrison et Miguel Cubillos à propos de ce que les deux gestionnaires appellent la renaissance de l’organisme. Tour d’horizon.
« Nous opérons depuis quelque 30 ans depuis les mêmes bureaux et nous sommes maintenant sur le point d’emménager dans de nouveaux espaces dans le Pavillon Lafontaine, au cœur du parc. C’est très excitant! », lance Miguel Cubillos, gestionnaire des services de soutien d’ACCM.
Ce nouveau départ coïncide avec un changement d’approche et de vision pour l’organisme anglophone : « les besoins de nos communautés ont grandement changé ces dernières années, et nous nous demandions comment les servir de manière durable, explique Crystal Harrison, gestionnaire du département de l’éducation pour la prévention chez ACCM. Au printemps 2024, nous avons donc amorcé une importante révision de notre structure, de nos services et de nos façons de faire. »
En tant qu’organisation, ACCM vise donc aujourd’hui à honorer son héritage tout en se tournant vers l’avenir. En plus d’un nouvel emplacement au parc Lafontaine, le renouveau d’ACCM se traduit notamment par un élargissement de la clientèle cible de l’organisme.
En effet, l’équipe se donne maintenant pour mission d’intervenir en amont auprès des personnes à risque, plutôt que de se concentrer uniquement sur l’aide aux personnes vivant déjà avec le VIH. Ces groupes incluent, entre autres, les nouveaux arrivants. Offrant des services en anglais, en français, en espagnol et en arabe, ACCM est parfaitement positionnée pour interagir avec cette communauté. Parmi les services offerts aux nouveaux arrivants, on compte un soutien à la compréhension du système de santé : « les personnes nouvellement arrivées nécessitent beaucoup de temps à s’installer, ils ont donc souvent d’autres priorités que leur santé.

Nous les aidons donc à comprendre notre système de santé, nous leur fournissons de l’information sur les services disponibles ou les aidons à obtenir des rendez-vous », illustre Miguel Cubillos.
Grâce à ACCM, les personnes nouvellement arrivées peuvent aussi obtenir des formations pour faciliter leur intégration dans la culture québécoise : « le volet santé est un aspect important, mais nous avons réalisé qu’il y avait également un manque du côté de la littéracie financière, par exemple. Nous proposons donc des ateliers de formation à propos de la préparation de budget, de la compréhension des taux de change, du système bancaire québécois, etc., illustre Miguel Cubillos. En quelque sorte, nous tentons de paver la voie pour qu’ils puissent développer une vie florissante au Québec. »
En plus d’élargir son soutien aux nouveaux arrivants, ACCM a également développé des programmes de sensibilisation destinés au public plus jeune: « nous allons dans les écoles dans les communautés où la sensibilisation au VIH n’est pas abordée et où les options de prévention ou de protection ne sont pas connues, renchérit Crystal Harrison. Plusieurs élèves rencontrés sont surpris de savoir que la PrEP existe et qu’elle peut prévenir le VIH. »
Cette situation pousse d’ailleurs les intervenants à tirer la sonnette d’alarme à propos d’un manque dans l’éducation à la sexualité dispensée dans les écoles. En effet, les deux spécialistes qui sont formés pour aborder ces notions déplorent que de 5 à 15 heures d’éducation à la sexualité doivent être intégrées dans le cursus scolaire, mais que la quinzaine d’heures ne soit que très rarement atteinte : « la question de la sexualité retombe souvent sur les épaules des enseignants, à qui l’on demande injustement de devenir des experts en santé sexuelle en plus de leurs autres fonctions. Les infirmières scolaires sont débordées et ne peuvent pas toujours mettre leurs connaissances à disposition. Plusieurs jeunes cherchent donc des réponses en ligne, possiblement via de mauvaises sources », souligne Crystal Harrison.
Afin d’offrir un soutien adéquat au personnel scolaire et des sources d’information fiables aux jeunes, ACCM propose donc diverses formations sur mesure adaptées aux questionnements et à la réalité de la clientèle scolaire. Parmi les thèmes abordés lors de celles-ci, on compte la question des relations saines, les rapports sexuels protégés, le VIH 101, le mélange du sexe et des drogues, la réduction des risques de santé ou encore la démystification du PnP (Party and Play). Au total, ce sont ainsi 1 927 jeunes qui ont été sensibilisés dans le cadre de 64 ateliers et 28 kiosques l’an dernier seulement.
La réinvention d’ACCM passe également par un retour aux sources, soit la présence sur le terrain dans les endroits et événements où se rassemblent les communautés à risque ou vivant avec le VIH. L’organisme a ainsi relancé au cours de l’année plusieurs partenariats qui avaient existé par le passé, mais qui avaient dû être mis en pause, faute de ressource. ACCM est donc de retour dans le nightlife montréalais sur une base hebdomadaire sous la forme de kiosques lors de différents événements et partys queers. L’équipe distribue notamment des écussons faisant la promotion de la consommation sécuritaire de drogues ou encore du matériel pour le sécurisexe gratuit tel que des digues dentaires (dental dams).
Pour Miguel Cubillos, la présence d’ACCM sur le terrain est une façon d’établir une communication à double sens avec la communauté : « lors des différents événements, les gens viennent discuter avec nous, ils nous permettent de mieux connaître leurs besoins, ce qui influence ensuite les formations et le matériel que nous partageons par la suite. »
Après un moment de hiatus, ACCM est donc de retour en force auprès de la communauté, avec une vision claire, des objectifs renouvelés et une équipe des plus enthousiastes pour servir les populations à risque ou vivant avec le VIH, conclut Miguel Cubillos : « notre structure et nos équipes étant maintenant stabilisées, il est temps pour nous de revenir dans la communauté, de se faire entendre et de montrer qui nous sommes et ce que nous avons à offrir : des humains talentueux avec des connaissances à partager. »

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