Préparez vos habits de fête : Andrew Ahn, le réalisateur de Fire Island, revient avec une toute nouvelle comédie romantique queer, The Wedding Banquet. Inspiré du film culte d’Ang Lee (1993), ce remake ambitieux est coécrit par James Schamus, scénariste du film original, et met en vedette un impressionnant mélange de stars hollywoodiennes et de figures queer contemporaines.
La nouvelle version réunit Kelly Marie Tran (Star Wars: The Last Jedi) dans le rôle d’Angela, Lily Gladstone (Killers of the Flower Moon), nommée aux Oscars, dans celui de Lee, Bowen Yang (Saturday Night Live) dans celui de Chris, et l’acteur coréen Han Gi-chan, qui fait ses débuts en anglais dans le rôle de Min. À leurs côtés, deux légendes : l’Oscarisée Youn Yuh-jung (Minari) et Joan Chen (Saving Face).
Le synopsis annonce la couleur : « Angela et sa partenaire Lee n’ont pas eu de chance avec leurs traitements de fertilité in vitro et ne peuvent plus se permettre une nouvelle tentative. Pendant ce temps, leur ami Min, héritier d’un empire industriel coréen et toujours dans le placard, dispose de beaucoup d’argent familial… mais son visa étudiant arrive à expiration. Quand son copain Chris, allergique à l’engagement, refuse sa demande en mariage, Min propose à Angela un mariage blanc : une carte verte en échange du financement d’une nouvelle FIV pour Lee. Mais leurs projets d’élopement discret s’écroulent quand la grand-mère de Min débarque de Corée à l’improviste et exige une cérémonie fastueuse. »
Le film regorge de quiproquos, de répliques acérées et de clins d’œil humoristiques, notamment lors d’une scène de mariage coréen traditionnel.
Entre fidélité et réinvention
Le Wedding Banquet original, deuxième long métrage d’Ang Lee, racontait l’histoire d’un agent immobilier taïwano-américain gay, qui se mariait fictivement pour obtenir une carte verte à une colocataire chinoise — jusqu’à l’irruption de ses parents venus de Taïwan, exigeant un banquet de noces qui mettait tout sens dessus dessous. Ce mélange de drame familial, d’humour et de portrait des communautés immigrantes dans le New York des années 1990 en faisait un jalon du cinéma queer.
Trente-deux ans plus tard, Andrew Ahn et James Schamus modernisent le récit en l’ancrant dans le 21e siècle : on y parle de fertilité, de visas temporaires, de pressions familiales et de l’importance des familles choisies. Le ton se permet plus de mélodrame (et beaucoup de larmes à l’écran), mais aussi une légèreté irrévérencieuse qui maintient le dialogue avec l’original.
Si le premier acte abuse un peu des scènes de sanglots, le film gagne en intensité dès l’arrivée de Ja-Young, la grand-mère de Min, incarnée avec une subtilité magistrale par Youn Yuh-jung. À la différence des parents rigides du film de 1993, elle perce le stratagème en quelques minutes à peine et devient, pendant un temps, la véritable héroïne du récit. Sa lucidité et sa bienveillance contrastent avec l’agitation émotionnelle des autres personnages et apportent un souffle comique et critique qui manquait jusque-là.
Une comédie queer intergénérationnelle
Le film, tourné à Vancouver et baigné d’une atmosphère « Pacifique Nord-Ouest », actualise les enjeux d’immigration et de classe tout en célébrant les solidarités queer et la notion de famille choisie. Le jeu des interprètes est solide : Lily Gladstone impose un charisme magnétique, Kelly Marie Tran navigue entre humour et anxiété, tandis que Bowen Yang apporte son sens comique à des scènes parfois trop mélodramatiques. Et, clin d’œil aux fans, le scénario n’hésite pas à glisser une blague sur Star Wars.
Sans égaler la délicatesse de l’original, The Wedding Banquet version 2025 trouve sa propre voix : une comédie queer tendre et flamboyante, parfois trop larmoyante, mais habitée par un désir sincère de réinventer un classique pour une nouvelle génération.
Sortie en salles en avril dernier et maintenant accessible à la location ou l’achat, entre autres, sur AppleTV, Amazon Prime.
