Sa mère fauchée par la mort, alors qu’il n’était encore qu’un enfant, Thibaud vit depuis lors en compagnie de son père et de sa grand-mère paternelle.
Une relation où s’entremêlent la haine et l’amour se tisse peu à peu entre celle-ci et son petit-fils. En effet, Léonie exerce une surveillance attentive et inlassable des moindres gestes de son petit-fils. Rien n’échappe à son œil d’aigle.
D’ailleurs, celle-ci réunit chaque jour un cercle de commères dans sa cuisine pour faire le point sur les derniers développements survenus en ville. Chacune des commères frétillantes d’aise rapporte son lot de médisances, presque au bord de l’orgasme.
Pendant l’été, Thibaud travaille comme caissier dans un supermarché et est vite fasciné par une famille qui passe toutes les semaines à sa caisse, et plus particulièrement par le père, Hugo, dont il souhaiterait sentir les mains puissantes contre lui.
Au même moment, il fait la connaissance d’un agent de sécurité — Frédéric — lors d’une fouille particulièrement prolongée effectuée par ce dernier, à la suite d’un vol dans un centre commercial. Une histoire passionnée naîtra entre les deux hommes.
Cependant, Thibaud devra faire face à l’intolérance de sa grand-mère concernant son homosexualité et au terrible secret entourant la mort de sa mère, que ses amies commères conservent jalousement depuis des années.
Une écriture fine, incisive, qui se déguste avec grand plaisir. L’auteur, Gilles Aubier, se révèle ici maître dans l’art de mettre en scène les tensions inhérentes aux personnages. Chacun saura sans nul doute savourer les réparties cinglantes que Thibaud et sa grand-mère s’échangent tout au long du récit.
Un roman captivant qui se déguste comme du bonbon.
Fausse compagnie / Gilles Abier. Paris : Actes Sud, 2000. 237p.