Mercredi, 26 mars 2025
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    Jean-Bernard Hébert : amoureux du théâtre et de la vie

    Depuis 1985, Jean-Bernard Hébert a, au fil des saisons, proposé au public du Théâtre du Vieux-Terrebonne des pièces de Feydeau, de Ronfard, de Molière et d’autres auteurs pas vraiment reconnus pour leur contribution au théâtre léger. L’été dernier, il a produit le classique Douze Hommes en colère, qui n’est pas ce qu’on peut appeller une comédie! Cet été, la compagnie, que dirige cet adepte de hockey et membre de la ligue gaie des Dragons de Montréal, produira trois spectacles : une pièce de théâtre, Le Mal de mère, de Pierre-Olivier Scotto, avec Janine Sutto et Roger Larue (au Théâtre de la Dame Blanche du parc de la Chute-Montmorency), ainsi que deux comédies musicales, Ah! vous dirais-je maman (au Théâtre du Vieux-Terrebonne) et Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux? (au Théâtre d’Eastman).

    “Il est fini le temps où l’on transformait n’importe quelle cabane à sucre en théâtre d’été pour y monter des comédies faciles”, me confie le producteur et comédien Jean-Bernard Hébert, l’un des principaux artisans de la relance du théâtre d’été. Vers 1980, le Québec comptait plus de 120 salles privées en activités durant l’été. Il en reste un peu plus de 25, mettant en vedette des comédiens professionnels. Et, production estivale ne rime plus avec comédies faciles. De grands noms du théâtre institutionnel y participent désormais. Les dramaturges Michel Marc Bouchard et Michel Tremblay, de même que les metteurs en scène Serge Denoncourt et Jean-Frédéric Messier, sont du nombre.

    L’été dernier, Jean-Bernard a investi près d’un demi-million de dollars pour monter et produire le classique Douze Hommes en colère. “Bien qu’il ne s’agit pas d’une comédie, on a quand même tenu l’affiche 60 soirs à guichets fermés. Un privilège rare pour les comédiens qui cessent normalement de jouer après une vingtaine de représentations en saison régulière.”

    Le producteur et comédien dit constater une évolution dans les goûts culturels des Québécois. Le niveau monte. “Les gens ont beaucoup évolué au cours des dernières années. Les goûts se sont raffinés. On recherche la qualité.”

    Cela dit, pour lui, l’expérience du théâtre d’été doit dépayser. “Le spectateur a besoin de voir d’autres horizons. Il ne faut pas oublier la dimension beau tour de machine dans un décor champêtre. Ça restera toujours présent.”

    Quand, à 22 ans, Jean-Bernard se lance dans la téméraire aventure du théâtre durant la belle saison, il risquait de se casser la gueule. À l’époque, les théâtres d’été présentaient des pièces construites selon un canevas simple, toujours semblable, dans le seul et unique but de dilater la rate d’un public qui digère son repas en profitant des vacances.

    Seize ans plus tard, le directeur des Productions Jean-Bernard Hébert évolue dans un marché estival fort différent. Selon lui, “ceux qui ont survécu ont compris que la clé, c’était d’offrir des spectacles de qualité, avec des comédiens professionnels, dans une salle climatisée. Ça n’exclut pas la comédie. Mais, il faut qu’il reste quelque chose au spectateur à la fin.”

    Ce qu’il voulait, “c’est développer un créneau de théâtre de qualité en été, explique-t-il; du répertoire populaire pour une clientèle qui, en saison, va au Rideau-Vert ou chez Duceppe. Un public qui aime être touché par du théâtre d’émotion autant dans la comédie que dans le drame.” Bref, un type de théâtre divertissant et intelligent.

    L’invité

    Après avoir produit Douze hommes en colère l’été dernier, Hébert assume de nouveaux risques en dirigeant trois théâtres cet été, offrant des productions musicales fort coûteuses. Pas moins de huit comédiens à Eastman, dont Nathalie Simard, Joël Legendre et Tony Conte dans la revue Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux?, et quatre autres artistes connus incluant Sylvie Tremblay et André Montmorency dans une création de Michel Duchesne, Ah! vous dirais-je maman…, à Terrebonne. Mais, l’entreprise la plus périlleuse demeure la réouverture de l’ancien théâtre de Paul Hébert, déménagé au parc de la Chute-Montmorency.

    “L’ouverture de ce théâtre, qui était un véritable éléphant blanc depuis quatre ans, va donner un souffle nouveau au théâtre d’été à Québec”, croit Jean-Bernard Hébert, qui a signé une entente de trois ans. Pour souligner sa première saison à Québec en été, Jean-Bernard Hébert présente jusqu’au 8 septembre Le Mal de mère, de Pierre-Olivier Scotto, avec Janine Sutto et Roger Larue dans une mise en scène de Daniel Roussel. Par la même occasion, on fête les 60 ans de théâtre de Madame Sutto et son 80e anniversaire de naissance. Par la suite, la troupe enchaînera avec une tournée dans tout le Québec.

    Du côté d’Eastman, on présente tout l’été une impressionnante revue musicale signée Lorraine Beaudry, Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux?, avec Nathalie Simard, Bianca Ortolano, Tony Conte, Joël Legendre, Patrice Bissonnette et Pierre Benoît. Avec ce spectacle, on nous invite à entendre beaucoup de chansons et à nous laisser gagner par la nostalgie de succès des années 40.

    Notre Petite Ville

    À Terrebonne, des chansons également, mais nullement nostalgiques puisqu’il s’agit d’une création. Ah! vous dirais-je maman est un musical de Michel Duchesne dont la mise en scène est signée André Montmorency, que l’on retrouve aussi sur scène en compagnie de Sylvie Tremblay, Sylvie-Catherine Beaudoin et Benoît Langlais. On raconte, dans ce musical qui est présenté au Théâtre du Vieux-Terrebonne jusqu’au 8 septembre, l’histoire d’une mère seule qui décide de communiquer avec son ado.

    En septembre, alors que ses théatres d’été termineront leur saison régulière et que la tournée de Le Mal de mère débutera en province, Jean-Bernard se consacfrera à sa seconde passion… le hockey… Eh oui, le hockey! Il y a maintenant plus de dix ans qu’il pratique ce sport avec la ligue gaie des Dragons de Montréal. Il en a d’ailleurs été le vice-président pendant trois saisons. Pour lui, il s’agit d’une activité physique importante, qui contribue également à intégrer bien des homosexuels des régions et de la banlieue à la communautué gaie. “J’y ai rencontré plusieurs amis qui comptent pour moi, et je ne suis pas le seul, loin de là.”

    Cet homme, qui n’a jamais eu de difficulté à accepter son orientation sexuelle, comprend qu’il peut être dur pour certains gais de socialiser avec d’autres. Il regrette tout de même que trop peu de comédiens gais acceptent de parler publiquement de leur orientation sexuelle. “Je croyais que les exemples d’André Montmorency et de Yves Jacques, qui ont fait leur sortie publique du placard, allaient inspirer d’autres comédiens à faire la leur sortie, mais non. Pourtant, ça n’a eu aucun impact négatif sur la carrière de ces deux excellents comédiens” rappelle-t-il. Pour lui, seul le talent devrait compter. Sans doute, les gérants des comédiens dans le placard ne partagent pas son opinion…

    Chat en poche

    S’il ne s’est pas réservé de rôles cet été dans les pièces qu’il produit, comme il le fait généralement presque chaque année, parions qu’il ne se tournera pas les pouces d’ici le prochain été, alors qu’il entend présenter Master Class pour souligner le 25e anniversaire du décès de Maria Callas. Et parmi les autres projets avec lesquels il jongle depuis quelques années, on retrouve une adaptation québécoise de The Sum of Us, cette pièce australienne qui raconte la relation d’un père avec son fils homosexuel. Il ne pense pas la monter l’an prochain, “mais peut-être après. On verra bien…”

    Ah! vous dirais-je maman… au Théâtre du Vieux-Terrebonne, jusqu’au 8 septembre 2001. Réservations : (450) 964-1220 ou (514) 846-0908;

    Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux? Au théatre d’Eastman, jusqu’au 1er septembre. Réservations : 1 877 297-8822 ou (450) 297-2860;

    Le Mal de mère, au théâtre de la dame blanche du parc de la chute de montmorency, jusqu’au 8 septembre. Réservations : 1 866 661-5156.

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