Précédé d’une critique dithyrambique d’Armistead Maupin, auteur des Chroniques de San Francisco, ce livre suscitait beaucoup d’attentes et de craintes : s’agissait-il d’un coup publicitaire sans réel fondement? Fort heureusement, le roman comble pleinement les espoirs que l’on pouvait nourrir à son endroit.
L’action est centrée autour du personnage de Will qui approche de la quarantaine et remet soudainement en question bien des aspects de sa vie. Il exerce le métier de libraire mais en vient progressivement à se demander s’il ne devrait pas vendre son commerce actuel et monter une nouvelle librairie ailleurs.
Est-ce qu’il doit vraiment poursuivre sa liaison passionnée avec son beau-frère qui dure maintenant depuis plusieurs années et qui a débuté, à l’instigation de l’époux de sa sœur, au lendemain même de leur nuit de noces? Par ailleurs, sa mère souffre d’Alzheimer depuis quelques années et son père éprouve de plus en plus de difficultés à gérer la dégradation de l’état de santé de son épouse.
C’est alors que la sœur de Will lui offre comme cadeau d’anniversaire un séjour dans une maison de campagne en Cornouailles où il décide d’inviter sa famille, espérant qu’un paysage étranger saura stimuler sa mère. Mais Will a l’impression d’être déjà venu dans cette maison, même s’il ne peut s’en rappeler clairement.
Le roman est divisé en deux parties : une première qui se déroule à l’époque contemporaine, et la seconde, pendant l’enfance de Will, alors qu’il s’appelait Julian. Pourquoi a-t-il changé de prénom et quel est le drame qui s’est déroulé dans cette résidence qui semble avoir affecté toute la famille? Et qui est cet homme mystérieux qui réside à proximité? Pourquoi fascine-t-il Will à ce point?
Un roman captivant de la première à la dernière page. Les personnages ne sont pas statiques, mais tout au contraire, d’une grande complexité, et se révèlent tout de suite très attachants. L’évolution de la maladie d’Alzheimer est bien rendue et constitue sans nul doute un point fort du récit.
La construction de ce dernier, où alternent passé et présent, est d’une grande efficacité, en ce sens qu’elle donne au lecteur la possibilité de dresser des parallèles entre les deux périodes.
Un roman que l’on souhaiterait déguster lentement pour en savourer chaque bouchée, mais que l’on ne peut paradoxalement s’empêcher de dévorer avec voracité, tellement il est rare de pouvoir goûter un met si bien apprêté.
Incontournable !
Chronique d’un été / Patrick Gale. Paris : Belfond, 2002. 478p.