Si les causes de dépression sont très nombreuses et diversifiées, les soins sont là. Mais statistiquement, les femmes sont plus conscientisées en général et, qu’il s’agisse de problèmes médicaux ou psychologiques, elles sont plus enclines à consulter et à faire appel à un spécialiste. De leur côté, les hommes ont tendance à laisser aller les choses, ils hésitent, repoussent toujours l’inévitable jusqu’à la limite et, parfois, il est trop tard pour certains. Pourtant, les traitements existent et aident à mettre un terme aux souffrances et à faire voir la lumière au bout du tunnel. Car, parfois, même si la tempête ne se calme pas et que l’océan semble en perpétuel orage, le soleil peut briller à nouveau sur la vie…
C’est le message qu’essaie de faire passer le Dr Denis Audet, un omnipraticien de Québec qui veut sensibiliser les hommes à la dépression. Si votre comportement change ou si vous vous apercevez que l’attitude de votre conjoint ou d’un de vos amis change, peut-être est-ce une dépression. Selon les études épidémiologiques, les deux tiers des cas diagnostiqués sont chez les femmes, tandis que le tiers restant représente l’ensemble des diagnostics posés pour les hommes. On croit en effet que seulement un cas de dépression sur 10 serait décelé et traité chez les hommes. «Ce ne serait donc que la pointe de l’iceberg», de dire le Dr Audet. Mais quels sont les signes susceptibles de laisser entrevoir une dépression?
Si, chez les femmes, la tristesse, la peine, le découragement et le fait de pleurer souvent sont, en général, des indices de dépression, chez les hommes, le comportement est un peu plus masculin. On aura des problèmes interpersonnels, on sera plus brusque avec l’entourage, plus irritable, plus impatient, moins tolérant pour certaines choses. «Il faut comprendre qu’il s’agit d’hommes, donc un homme a un comportement nécessairement plus masculin, il y a plus de testostérone dans sa façon d’agir. Il y a aussi encore la culture macho qui veut qu’un homme est un grand garçon qui ne pleurera pas, qui est capable d’en prendre. Les hommes sentiront moins de tristesse que les femmes et plus d’irritabilité, plus de difficulté à se concentrer dans leur travail, et l’idéation suicidaire est aussi plus commune chez les hommes», explique le Dr Denis Audet. Les causes de dépression peuvent être multiples, mais il peut s’agir aussi de problèmes physiologiques. À l’andropose, certains hommes peuvent souffrir de dépression en raison de la baisse de testostérone. «Dans ces cas très précis, on prescrira de la testostérone, cela fera partie du traitement et aidera le patient à s’en sortir, ajoute le Dr Audet.
La fonction réduite de la glande thyroïde peut aussi entraîner des symptômes de dépression, donc on traitera avec des médicaments pour rétablir la pleine capacité de la thyroïde. Donc, on a recours autant aux approches médicales que psychologiques pour traiter la dépression.» En effet, pour déterminer une dépression, on sondera non seulement le côté psychologique mais aussi le côté médical, par des tests et des questions sur le quotidien. Les soins sont donc très nombreux. S’il y a bien sûr les fameux antidépresseurs et les psychothérapies (pour les dépressions modérées à sévères), toute une gamme d’autres éléments peuvent aider la personne à guérir. L’activité physique peut augmenter le taux de sérotonine et de dopamine, deux ingrédients essentiels au cerveau et qui agissent sur l’humeur. Il y a aussi des composantes en périphérie qui peuvent faire en sorte que la vie quotidienne soit plus agréable, soit le rôle des oméga 3 et «des liens familiaux et amicaux plus étroits et chaleureux, prendre soin d’un animal, etc., cela peut contribuer à faciliter la rémission», note le Dr Audet.
Évidemment, l’objectif est toujours d’atteindre le niveau initial de la personne et qu’elle puisse s’améliorer et fonctionner comme avant. À cause de certaines circonstances, certaines personnes peuvent ne pas guérir complètement. Un traitement plus agressif d’antidépresseurs peut alors engendrer des résultats positifs. «Quand les hommes ne se reconnaissent plus, quand ils ont des changements de comportements, qu’ils sont plus irritables, un des messages importants à passer, c’est de consulter. Car ce n’est pas normal que l’on ait des troubles de sommeil, de perte d’appétit, de concentration, etc., pendant trois, quatre semaines ou plus. Il faut donc consulter le plus tôt possible surtout que, chez les hommes, la dépression peut mener, en de rares cas, jusqu’au suicide. Et là encore, c’est plus violent chez les hommes: on ne prendra pas de pilules, ce sera plutôt avec une carabine ou par pendaison, parce que ce sera une réaction plus masculine, plus violente. Il ne faut vraiment pas attendre», de conclure le Dr Audet.