Samedi, 7 septembre 2024
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    Exécuter un gai n’est plus injustifié

    L’assemblée générale des Nations Unies vient de retirer la mention de l’orientation sexuelle dans l’amendement qui condamne les exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires et les autres assassinats.

    La motion présentée par le Maroc et le Mali afin de supprimer le terme «orientation sexuelle» de l’amendement sur les exécutions injustifiées a été acceptée par l’assemblée de l’ONU. Celui-ci fait pourtant explicitement référence à d’autres groupes fragilisés, comme les défenseurs des droits humains, les minorités religieuses ou les enfants des rues.

    La mention de l’homosexualité existait, quant à elle, depuis 1999 mais a fait les frais du vote qui a lieu tous les deux ans. Elle a été remplacée par des «raisons discriminatoires de n’importe quel motif», beaucoup trop vagues pour lutter efficacement contre l’homophobie au niveau international. Cette suppression était tout particulièrement soutenue par les pays arabes et africains qui sont nombreux à pénaliser les rapports homosexuels; cinq d’entre eux les condamnent par la peine de mort. Ce vote est dangereux et constitue une évolution dérangeante.

    Dans un contexte où les intégrismes religieux attisent la haine envers les minorités sexuelles, ce retrait a effectivement de quoi inquiéter, notamment dans le cas de l’Ouganda, dont la loi anti-gaie susceptible d’être adoptée très prochainement, pousserait les citoyens de ce pays à la délation et menacerait d’emprisonnement ou d’exécution les gais et lesbiennes.

    Compte tenu de l’activisme des évangélistes américains dans cette région d’Afrique, une contagion des pays voisins est également à craindre. La modification de l’amendement restreint de manière inacceptable la capacité d’action de la communauté internationale. Car, il faut le dire et le répéter, l’ouverture aux réalités homosexuelles est loin d’être la voie empruntée par les religions dominantes. 

    Et il ne faut surtout pas se méprendre sur la timide ouverture du pape Benoît XVI sur l’usage du condom. Dans son livre d’entretiens, qui vient de paraître, il y condamne une nouvelle fois sévèrement l’homosexualité «qui s’oppose à l’essence même de ce que Dieu a voulu à l’origine». Il la décrit comme «Injuste», «contraire à la volonté de Dieu» et «inconciliable avec la vocation de prêtre».

    Dans la mesure où «le célibat des prêtres [pourrait] pour ainsi dire [être] assimilé à la tendance à l’homosexualité», le pape renouvelle son discours bien connu qui oscille entre l’homosexualité condamnable sans appel et le concept hypocrite des homosexuels qui «en tant qu’êtres humains méritent le respect» et ne doivent «pas être rejetés». Des paroles qui humilient des millions de vies qui doivent endurer chaque jour des discriminations. Le pape ne fait qu’armer le bras de l’homophobie.

    En offrant une justification aux auteurs de discriminations, il ressuscite la haine envers ce qui est différent, se rendant ainsi co-responsable d’homicides, d’arrestations et de violences.

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