Il est rare d’évoquer des figures religieuses avec respect puisque nous sommes trop souvent baignés dans un rappel de l’intolérance de ces institutions. Bien évidemment, il faut faire la part des choses entre l’Église et ceux qui y servent et il y a justement une figure qui s’est rapidement détachée du lot pour remporter les faveurs du public : l’abbé Gravel.
Décédé des suites du cancer en août 2014, son départ a secoué la communauté LGBT dans laquelle il s’était illustré avec un acharnement mâtiné de candeur qui en a laissé plusieurs désarmés.
Figure controversée, il n’a pas hésité à prendre des positions diamétralement opposées à celle de l’Église et s’est même impliqué en politique devenant le premier prêtre québécois élu à la Chambre des communes. Il est cependant facile d’oublier l’homme derrière le prélat ou le politicien. Qui était vraiment Raymond Gravel?
C’est à ce périple que nous convie le journaliste Carl Marchand au cœur d’un ouvrage couvrant la dernière année de la vie de l’abbé réalisé à partir d’une série d’entrevues. Il ne s’agit donc pas réellement d’une biographie, au sens formel du terme, même si le prêtre y évoque les étapes marquantes de sa vie comme sa relation difficile avec un père violent, son combat contre la drogue, sa foi, sa relation avec l’Église, la maladie et, bien évidemment, la mort.
L’auteur aborde même la question de l’amour en évoquant la relation ambiguë de l’abbé avec un ami de religion musulmane. D’une grande sobriété, l’ouvrage n’en demeure pas moins très touchant. L’auteur y entrouvre, avec adresse, les portes des jardins secrets d’un homme lucide quant à la fin qui approche, mais demeurant rempli d’espoir. Un être à la fois plus simple et complexe que la figure publique qu’il était, malgré lui, devenu.
Raymond Gravel : Le dernier combat / Carl Marchand. Montréal : Éditions du CRAM, 2015. 165p.