Ali et Yves ont entrepris l’aventure d’une rénovation majeure, qui modifiera et agrandira de manière importante leur espace de vie. Projet de couple, ce réaménagement extrême a été longtemps pensé, soupesé et évalué afin de satisfaire idéalement leurs besoins pour plusieurs années. Après un premier article qui abordait l’origine de ce projet et leurs inspirations au niveau du design, ils partagent avec nous, cette fois, leur expérience à trouver les experts qui les ont aidés à réaliser leur rêve.
Après quelques mois à jongler avec les différentes options de rénovations à leur triplex, Ali et Yves en sont venus à la conclusion, au début de 2014, que le premier expert qu’il leur faudrait trouver allait être un architecte.
«Dans notre cas, nous savions assez bien ce que nous voulions en matière de finis, de matériaux et d’utilisation de l’espace», explique Ali qui est aussi designer. «Nous avions même une assez bonne idée de ce que nous voulions comme sanitaires, robinetteries et les électroménagers, au niveau du style. Mais nous étions aussi conscients que nous avions besoin d’aide, afin de solutionner certaines problématiques techniques du projet, entre autres, au niveau de la lumière et afin d’évaluer les options pour maximiser l’espace : on creuse un sous-sol ou non? Et, si oui, quels genres de coûts cela entrainerait-il? Évidemment, les coûts de production d’une maison unique et originale peuvent varier considérablement, plus que la rénovation d’un espace qui garde plus ou moins les mêmes divisions.»
L’ampleur du projet et l’âge de l’édifice (plus de cent ans) incitent donc le couple à la prudence et à faire appel à l’expertise d’un professionnel de l’architecture. C’était vraiment nécessaire? «Je crois que cela dépend de l’ampleur des rénos», précise Ali. «S’agit-il simplement d’un changement de look, de changements cosmétiques ou plutôt d’une transformation majeure, qui impliquent non seulement un nouvel esthétisme, mais une planification de l’espace au complet. Dans notre cas, cela nous a permis d’atteindre un niveau de qualité élevé et cela nous a fait assurément épargner stress et temps et, fort probablement, argent aussi. Les mauvaises décisions en rénovation sont d’habitude très dispendieuses…» « Nous ne voyions pas l’expertise de ce genre d’expert simplement comme une dépense, mais comme un investissement, comme une assurance, et finalement comme une manière d’économiser des travaux inutiles ou mal faits, explique à son tour Yves. La difficulté pour nous était de trouver l’architecte avec qui ont voulait travailler.»
Dans les faits, il n’est pas simple de trouver les architectes intéressés par les projets résidentiels ou de rénovation au Québec. Il n’existe pas de répertoire complet consacré à ce sujet. Il y a certes l’Association des architectes en pratique privée du Québec, mais tous les architectes n’en font pas partie. Par ailleurs, l’Ordre des architectes ne peut recommander ou privilégier un de ses membres au détriment d’un autre. Vous pouvez évidemment contacter les architectes qui annoncent dans DécorHomme. Assurez-vous que ça clique, entre vous et ce professionnel! Comme pour le choix d’un psy ou de tout autre professionnel avec qui on a une relation parfois émotive… sur une période qui peut s’allonger sur plusieurs mois, voir un an.
«Les premières firmes d’architectes que nous avons contactées étaient très occupées», rappelle Yves. «Une avait une liste d’attente de plus d’un an et une autre de plus de deux ans… On a rapidement compris que l’exercice de trouver le bon match pourrait être long. Dans les faits, ça nous a pris presque 5 mois»
«Dans le cadre de nos recherches, nous avons passé plusieurs soirées à regarder des photos de réalisations de projets résidentiels sur les sites de nombreuses firmes d’architectes pour mieux identifier ceux dont le style correspondait à nos goûts et à nos envies, précise Yves. «Des architectes dont nous connaissions l’existence, via DécorHomme, et aussi via l’émission Visite Libre. Mais également d’autres architectes moins connus que des collègues de travail d’Ali nous ont proposés.»
«Sur une période d’un peu plus de trois mois, nous avons rencontré les architectes de cinq firmes dont l’esthétique des projets récents avait pour nous une certaine résonnance», enchaîne Ali. «L’idée était de faire de premières rencontres informelles, question de voir si nous avions des atomes crochus avec l’un d’entre eux.» Choisir le bon architecte a été l’une des décisions les plus importantes que ce couple a pris, au même niveau que le choix de l’entrepreneur général. «L’expertise de l’architecte que nous avons sélectionné a été essentielle tout au long de nos négociations avec les entrepreneurs potentiels, précise Yves. Comme nous ne faisons pas de rénovations résidentielles sur une base régulière, il nous aurait été assez difficile d’évaluer les coûts normaux de tels ou tels travaux.»
Quelques rencontres permettent au couple d’échanger et d’exprimer ses besoins, d’évaluer le réalisme du budget qu’il envisageait, de discuter des formes de rémunération de la firme d’architectes et des photos d’inspiration qu’Ali leur fait parvenir. La liste des souhaits du couple est longue, mais cohérente. Et dès le départ, le couple garde en tête qu’il lui faudra sans doute faire certains compromis pour arriver à respecter le budget qu’il s’est fixé.
L’enthousiasme exprimée par Yves de Fontenay de la firme Pelletier de Fontenay, les solutions présentées lors des premières rencontres, le porte-folio (photos ci-dessus) de la jeune firme (qui est depuis associée au projet d’agrandissement de l’Insectarium de Montréal) et la possibilité de débuter le projet dans quelques mois seulement convainquent le couple de sélectionner cette firme. «La firme est relativement jeune, mais leur pratique embrasse toutes les échelles (petits et grands projets, résidentiels et institutionnels), et les architectes de la firme montrent un intérêt particulier pour la forme et la géométrie, explique Yves. «Notre projet à beau en être un de rénovation, nous voulions qu’il intègre une redéfinition entière de l’espace actuel», enchaîne Ali.
Une des versions préliminaires des plans du sous-sol
S’ensuit une série de rencontres où l’architecte présente les concepts avec des variantes et où les clients émettent leurs commentaires, posent des questions sur certains éléments, demandent certaines modifications. Les clients approuvent un premier plan qui consiste à dégager le rez-de-chaussée de la majorité de ses murs intérieurs, afin de créer une grande pièce de vie où se trouvent la cuisine, la salle à diner et le salon. Le reste de l’étage comprend une salle de bain, un rangement à l’entrée et un bureau. Un escalier ouvert mène au sous-sol dont les plafonds sont à la même hauteur qu’au rez-de-chaussée (plus de 9’). Une grande suite des maîtres, où s’enfile, chambre, walk in et salle de bain, se partage l’espace avec une chambre d’invités, une autre salle de bain, un atelier, une salle de lavage et un petit espace pour la machinerie.
Une des versions finales des plans du sous-sol
Un mois plus tard, afin de s’assurer que les coûts respectent le budget de départ, le couple décide de supprimer la chambre d’invités et la salle de bain supplémentaire au sous-sol, se disant que l’atelier pourra éventuellement comprendre un lit mural escamotable.
Rapidement, la firme d’architecte produit (autant pour ses clients que pour les entrepreneurs qui feront une soumission) des illustrations très réalistes des différents points de vue intérieurs de la maison afin de donner l’idée la plus claire possible de ce que les espaces devront avoir l’air avec le type de finition envisagé au départ.
Tableau des matériaux et textures / Pelletier de Fontenay
Illustration 3-D en angle pour mieux apprécier certains perspectives / Pelletier de Fontenay
Concept original pour l’escalier et la partition de l’Atelier / Pelletier de Fontenay
Les devis de productions techniques de l’architecte et de l’ingénieur sont ensuite envoyés à six entrepreneurs généraux qui ont émis l’intérêt de soumissionner. Par précaution, le couple décide d’opter pour des tarifs à forfait, afin de limiter les dépassements de budget. «Pour ce faire, il fallait un devis de production très précis au niveau des matériaux, mais aussi au niveau de la réalisation des travaux,», explique Yves.
Rapidement, le couple décide de retirer du devis de construction certaines étapes du projet, comme le plancher de béton pour le rez-de-chaussée et le sous-sol, l’escalier en acier et la conception et la réalisation de la cuisine, qu’il tient à donner à de petites firmes locales qui en ont fait leur spécialisation.
«L’idée était de s’associer à des artisans, des gens qui ont développé une expertise, qui voient leur travail comme de la création», explique Ali. C’est ainsi que le contrat pour les planchers de béton est octroyé à Atelier B de Frédéric Tremblay, qui se spécialise dans les planchers, les comptoirs de cuisine et divers objets en béton. «Cet artisan traite la matière depuis 15 ans pour ses propriétés esthétiques», explique Yves. «Un projet de béton, ça se prépare».
Un plancher de béton récemment réalisé par Frédéric Tremblay et son équipe d’ATELIER B
L’escalier en acier, ainsi que la rambarde, le dosseret de la cuisine et les cadres des murs en verre seront fabriqués par Félix Lepage dont les structures métalliques donnent l’impression d’une légèreté surprenante.
Une rambarde signée Félix Lepage
Pour ce qui est de la cuisine, le couple a porté son choix sur Cuisines Steam, dont il suit les réalisations depuis quelque temps. D’ailleurs le couple, accompagné de leur architecte, ont visité le nouveau showroom, lors de son inauguration en novembre 2014. Quelques rencontres avec une des designers de cette firme, Monika Markes, confirment le couple dans son choix.
Le soir de l’inauguration du nouveau showroom de Cuisines Steam
Pendant deux mois, à raison d’une rencontre par semaine environ, le couple épaulé par l’architecte épluche les soumissions reçues une après l’autre de chacun des entrepreneurs généraux, évaluant le pour et le contre de chacune. «On a compris qu’un devis pouvait être interprété de bien des manières par différents entrepreneurs», se rappelle Yves. «On a rapidement vu qui avait l’habitude de travailler avec des architectes et ceux qui ne l’avaient pas fait souvent. Devant l’écart important entre les différentes soumissions, on a aussi pris la décision à ce moment-là de couper le projet en deux.» La partie de la démolition de l’excavation, de la solidification de la structure et des fondations fut donnée à un entrepreneur spécialisé dans ce genre de travaux, alors que la construction comme telle — la supervision des différents corps de métiers, et la finition — a été confiée à une autre firme, en qui le couple a eu le plus confiance après avoir vu des réalisations récentes.
Il ne manquait que les permis de l’arrondissement de la ville pour débuter les travaux à proprement parlés… On y revient dans le prochain article.
Dans la prochaine édition, nous aborderons avec Ali et Yves, les différentes étapes de la rénovation, allant de la démolition, la consolidation et le renforcement des fondations et de la structure, jusqu’à la reconstruction de l’espace défini.
Pour suivre les travaux de rénovation, visitez la page Facebook du projet.
Firme d’architecte : Pelletier de Fontenay
https://www.pelletierdefontenay.com
Planchers en béton : Atelier B
Escalier, dosseret, rambarde et cadres des cloisons en acier : Félix Lepage