Vendredi, 29 mars 2024
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    Richard Abel : « Avoir su, je l’aurais fait avant! »

    Il y a quelques jours à peine, l’ex-journaliste et auteur Denis-Martin Chabot lançait le livre «Richard Abel, Mon histoire en noir et blanc, le clavier de ma vie» (aux Éditions La Semaine). Une toute première biographie sur le musicien québécois réputé. Une première œuvre dans laquelle le pianiste lève le voile sur sa vie que le public ne connaissait pas. Ses années avec Jean Guilda, avec Alys Robi, avec Michel Louvain, mais également son enfance dans une pauvreté que l’on n’imaginerait pas possible au Québec dans les années 1960 et 1970.

    Richard Abel, Mon histoire en noir et blanc, le clavier de ma vie, par Denis-Martin Chabot

    On peut dire qu’il y a André Gagnon et Richard Abel, deux styles différents, mais deux pianistes qui ont eu du succès au Québec et sur la scène internationale. Pour ceux qui ne le savent pas, Richard Abel en est à son 18e album en carrière, Mes plus belles mélodies, qui vient de paraître avec 22 sillons… Abel compte six disques d’or et deux disques platine, ainsi que deux DVD certifiés platine sur trois! «Pour de la musique instrumentale, c’est extraordinaire, c’est magnifique, on ne s’attendrait pas à ça !», lance l’énergique Richard Abel rencontré au début novembre dans un restaurant du Village. «Mais ça n’a pas toujours été comme ça, loin de là», rajoute-t-il sur le champ avec un soudain brin de tristesse dans les yeux.

    C’est que Richard Abel ne l’a pas eu facile. Abel a d’ailleurs attendu un peu plus de deux ans après le décès de son père Claude pour pouvoir raconter son histoire. C’est que, avant cela, son père ne voulait pas qu’on revienne sur le passé. Né à Montréal dans une famille très modeste, on découvre dans le livre une vie familiale faite de misère, de privations nombreuses. Comment peut-on visualiser ne serait-ce qu’un instant vivre sans eau courante, sans électricité ? C’est pourtant ce qu’à vécu le petit Richard Abel. «Écrire ma biographie, c’était ressasser les choses, les ramener à la surface, évoque le pianiste les yeux déjà humides. Ce qui m’a décidé de dire oui à Denis-Martin Chabot (voir autre article), c’est que les gens disent que je l’ai eu facile en gagnant à la loto ! Mais si vous saviez la vérité et comment cela a été difficile, on ne le croirait pas», confie Richard Abel.

    Sous la plume de M. Chabot, on passe à travers les gammes de la vie du musicien. En effet, si la passion de Richard Abel était la musique et le piano, il a fallu travailler et trimer dur pour se payer des cours privés, s’inscrire dans une institution renommée à Westmount ou encore étudier au Collège Saint-Laurent. Pour se faire connaître et gagner un peu d’argent, Richard Abel deviendra pianiste accompagnateur pour plusieurs vedettes… D’abord Michel Louvain, Jean Guilda, Ti-Gus (Réal Béland père) et Ti-Mousse (Denyse Émond) et Alys Robi. En 2005, après bien des efforts, Richard Abel fait le Centre Bell, 6 500 personnes viennent pour entendre son concert. En 1988 et en 2001, il fait la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Il y donnera un autre concert l’an dernier, également… Tout cela, en plus de ses apparitions à la télévision et sa présence à des émissions de radio.

    On apprend aussi dans le livre que Richard Abel a rencontré trois fois l’extravagant Liberace. En raison de son concert Elegancia, au Centre Bell, une thématique d’un grand bal viennois où Abel et les musiciens sont costumés pour l’occasion, on compare tout de suite Abel à Liberace. Sans s’en offusquer, Richard Abel est plutôt étonné car : «Lorsqu’ils interprétaient Notre-Dame de Paris, les comédiens et chanteurs étaient costumés n’est-ce pas ? C’est la même chose pour moi, je n’ai porté des costumes que lorsque le concert le demandait, c’est tout ! J’ai fait tout un mois au Casino de Montréal récemment, j’étais habillé sobrement comme d’habitude. Par contre, Liberace m’a inspiré par sa variété de musique, par ses connaissances musicales, oui, mais cela s’arrête là.»

    Avec Denis-Martin Chabot, Richard Abel lève le voile sur son homosexualité. Il s’agit d’un véritable coming out ! Abel le fait de manière tranquille en parlant de sa relation avec sa première blonde, Joane, et de sa toute première relation avec un autre homme. Mais pourquoi ne l’a-t-il pas fait plus tôt pourrions-nous demander ? «Je te dirai que, tout comme toi, comme vous chez Fugues, on ne veut pas décevoir les lecteurs et lectrices tout comme je ne veux pas décevoir mes fans. J’ai fait 51 émissions de télé, sur le réseau TVA, avec Soeur Angèle. Beaucoup de mes fans sont très religieux et pratiquants. Tout comme vous, je ne voulais pas décevoir, chagriner ou offusquer qui que ce soit… C’est pourquoi j’ai tant hésité. Cependant, si j’avais menti sur mon orientation, j’aurais peut-être davantage déçu les gens! À voir l’énorme volume de courriels, textos, lettres, commentaires et confidences que j’ai reçu, je pense avoir fait la bonne chose. Jamais on ne m’a envoyé autant de mots d’encouragement et, au moment d’écrire ces lignes, aucun message homophobe. Avoir su, je l’aurais fait avant !», explique simplement Richard Abel en sirotant son café latte bien chaud…

    Et non, pour la petite histoire, Richard Abel n’a jamais remporté deux fois la cagnotte de la loterie ! C’est un mythe… Et ce qu’il gagnait en 1996 semble bien pâle comparé aux montants quasi astronomiques d’aujourd’hui…

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