Parmi les événements qui rythment l’année LGBTQ au Québec, la remise du prix Laurent-McCutcheon est un incontournable. Cette année, la Fondation Émergence à l’occasion de cette remise de prix, a eu les honneurs de la terrasse de l’hôtel de ville, accueillant les représentants des organismes communautaires, des personnalités politiques, et bien entendu les récipiendaires des trois récompenses attribuées cette année.
La maîtresse de cérémonie pour l’occasion était l’Émissaire des droits et libertés de la personne du Québec, Julie Miville-Dechêne, accompagnée de Patrick Desmarais, président de la Fondation Émergence en présence de la ministre des Relations internationales et de la Francophonie, Christine St-Pierre, et Rosannie Filato, membre du comité exécutif de la Ville de Montréal, et responsable entre autres du développement communautaire. Dans leurs brèves allocutions, Christine St-Pierre et Rosannie Filato ont chacune souligné l’importance de continuer à travailler avec les communautés LGBTQ, telles qu’amorcé depuis plusieurs années.
Le Prix Coup de cœur est allé au Comité consultatif qui a préparé les excuses du gouvernement canadien pour la discrimination dont ont été victimes les individus LGBTQ2 et leurs familles dans la fonction publique fédérale et dans les Forces armées canadiennes. Excuses présentées au parlement par le premier ministre Justin Trudeau en novembre 2017. Parmi les neuf membres du comité consultatif, trois étaient présents pour recevoir le prix : Randy Boissonnault, député fédéral d’Edmonton-Centre, et conseiller spécial auprès du premier ministre sur les questions LGBTQ, Laurent Lafontant d’Arc-en-ciel d’Afrique, et Marie-Laure Leclercq. Randy Boissonault a rappelé l’émotion du premier ministre, les larmes aux yeux, présentant les excuses officielles et demandant pardon à toutes les personnes LGBTQ concernées au nom du Canada, « démontrant ainsi l’importance que le gouvernement actuel accorde aux droits et aux respects des personnes LGBTQ.»
Un petit village mis sur la map, et ses citoyens et citoyennes honorées par le Prix Allié.e. Ils et elles ont élu pour la première fois une mairesse trans, Julie Lemieux qui, avec le conseil municipal, veille à la destinée des 946 habitants du village de Très-Saint-Rédempteur en Montérégie. Julie Lemieux dans son long remerciement a souligné entre autres : «que c’étaient avant tout les citoyennes et les citoyens du village qu’on remerciait».
Une partie du conseil municipal de Très-Saint-Rédempteur entourait Julie Lemieux lors de la remise du prix. La nouvelle mairesse a aussi rappelé qu’elle avait été élue sur un programme avec une équipe et non parce qu’elle était trans. « Même si le fait que je sois trans a fait beaucoup parler de Très-Saint-Rédempteur, je souhaite que l’on me perçoive avant tout comme une personne engagée dans ma communauté, et que l’on me juge à mes résultats », a-t-elle conclu.
Le Prix Laurent-McCutcheon a été remis à la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée qui a mené à bien les nouveaux règlements pour le changement de mention de sexe et de nom. Elle a, de plus, mise en place le nouveau Plan gouvernemental de lutte contre l’homophobie et la transphobie. En entrevue pour Fugues, quelques jours auparavant, Stéphanie Vallée nous confiait que « comme ministre, on souhaiterait toujours en faire plus.» Un constat plus qu’un regret pour celle qui ne se représentera pas lors des prochaines élections. Peut-être faut-il décrypter qu’elle aurait peut-être voulu aussi mener à bien un projet facilitant le changement de mention de nom et de sexe pour les personnes trans-migrantes…
Près de deux cents personnes s’étaient déplacées témoignant de la vitalité du milieu communautaire. Le président de la Fondation Émergence, Patrick Desmarais, dont l’émotion était perceptible, remettant le Prix Laurent-McCutcheon à Mme Vallée, a souligné l’importance d’avoir pour nos communautés des allié.es comme la ministre de la Justice dans l’avancement des dossiers. Laurent McCutcheon, fondateur de la Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie, remercié plusieurs fois par les intervenants, s’est réjoui de voir que le travail amorcé il y a quarante ans perdurait et avait pris une ampleur sans précédent avant de demander une minute de silence pour toutes les personnes victimes d’homophobie et de transphobie à travers le monde.