Les boules multicolores sont maintenant retirées, les terrasses sont remisées jusqu’au printemps prochain et la rue Sainte-Catherine Est est rouverte à la circulation ! Une autre saison de la piétonisation AIRES LIBRES – la 13e – s’est terminée le 8 octobre, soit après le weekend de l’Action de grâce! Place maintenant à la toute nouvelle «installation hivernale» de la Société de développement commercial (SDC) du Village avec ses 150 tubulures rétroéclairées (entre les rues Berri et Cartier). Il s’agit de la 5e année de cette installation artistique. Après deux ans sous la houlette de la firme Architectura-ma, la SDC a fait appel au designer Mario Martin, celui-là même qui est devenu le spécialiste du montage et du démontage des boules roses, puis de celles aux 18 teintes de l’arc-en-ciel dans le Village. Plus colorée que jamais, cette manifestation artistique hivernale sous la thématique «Mur à Mur» saura égayer les sombres nuits d’hiver à venir…
«Mon objectif cette année était de faire quelque chose de très coloré, de vif, de dynamique, quelque chose qui ressort, qui éclaire et qui étonne ! Et les gens vont être surpris d’apercevoir des éléphants, des chevaux, des plantes exotiques et toutes sortes de motifs ! Le tout, effectivement, dans des couleurs éclatantes de jaune, de rouge, de fuchsia, de vert, de bleu, etc. Rien qu’à voir le nombre de tons de vert des différentes plantations qui seront représentées, on sera véritablement étonné », de commenter Mario Martin.
«Il y a trois thèmes cette année pour l’installation hivernale «Mur à mur» : les animaux, le floral et les plantes, et les motifs géométriques, dit Mario Martin. […] C’est une incursion dans le monde de la tapisserie. Avec mon photographe, Jihef Portelance, on a pris des dizaines et des dizaines de photos d’images de catalogues de tapisseries. Les gens ne pourront pas s’imaginer que c’est de la tapisserie tellement c’est beau, parce qu’on voit tous les détails des œuvres qui ont été agrandies et les couleurs seront rehaussées par la lumière provenant de l’intérieur des tubulures», explique Mario Martin qui tient d’ailleurs à remercier Anaïs, de la bouti-que de tapisseries Empire de l’avenue du Parc «pour sa grande collaboration et sa patience de nous avoir laisser photographier tous ces merveilleux catalogues de tapisseries».
Des oiseaux du paradis, des palmiers, des fleurs, des plantes de toutes sortes, des léopards, des moineaux, des ibis, etc., le tout dans des teintes très chatoyantes. «Encore là, il s’agit de tout agencer et de tout équilibrer sur la rue, qu’il y ait une harmonie entre les tubulures, que l’on ne répète pas les mêmes motifs ou les mêmes couleurs. Il s’agit là d’un autre travail de présentation pour que ce soit attirant pour les gens qui fréquentent le Village durant l’hiver», poursuit Mario Martin, Chargé de projet pour la SDC du Village depuis dix ans maintenant.
Pour les saisons de l’automne et de l’hiver de 2016-2017, c’est la firme Architecturama qui nous présentait son projet «Sans abat-jour», il s’agissait alors de reproduire les effets des filaments des anciennes ampoules électriques en tungstène et ce, en des couleurs chaudes de rouge, d’orange et de jaune.
«Si on fait un peu l’historique de ces structures tubulaires, la SDC partait du principe qu’il y avait déjà partout sur les autres artères commerciales de Montréal des décors de Noël et que, par conséquent, on désirait faire quelque chose de différent dans le Village durant l’hiver, explique le designer Mario Martin, qui a également participé avec Denis Brossard et André Lemieux (Impact Production) à la conception technique des tubulures rétroéclairées. Il y avait aussi le fait que cette installation hivernale ne resterait pas que pour la période des Fêtes, mais qu’elle ferait le pont entre le moment où on enlevait les Boules roses, à l’époque, et celui où on les réinstalleraitt au printemps. Il fallait aussi que le mode d’accrochage soit simple. La première année était donc un test et on avait 50 tubulures. La deuxième, on doublait leur nombre à 100 et, à présent, on en a 150 qui sont maintenant éclairées avec des lumières LED qui consomment très peu d’énergie. Ce projet de reproduction de tapisseries mijotait dans ma tête depuis l’année passée, mais évidemment, il faut du temps pour mettre en œuvre un projet. Avec cette nouvelle installation lumineuse, je crois qu’on en a vraiment pour tous les goûts. Je voulais une variété d’œuvres pour plaire, pour que ce soit beau et aussi pour que cela puisse éclairer et surtout réchauffer les longues nuits d’hiver… Je dois dire que je suis assez satisfait de ce projet et surtout qu’il ait été accepté par le conseil d’administration de la SDC du Village.»
L’homme dans l’ombre
Si vous avez déjà été au Cabaret Mado ou au tout récent resto La Dinette à Mado, eh bien, c’est Mario Martin qui en a conçu le design. Homme discret, timide, c’est lui aussi qui a fait la décoration du club Circus ou encore du défunt Magnolia. Si vous avez moins de 25 ans, vous ne vous rappellerez pas les bars Key Club ou le Jungle – dans les années 1990 – , pourtant, là encore, c’est Mario Martin qui en avait signé le décor. Durant plusieurs années, il a été le chef d’équipe du montage des décors du Black & Blue et du Bal en Blanc. Tout comme c’est lui qui a créé le décor, au Musée des beaux-arts de Montréal, pour un important événement de levée de fonds pour les Outgames de Montréal (2006). Il a aussi été le gérant de plusieurs établissements comme le Sky, le Resto Bleu, le Key Club ou encore le Cargo.
Natif de Rimouski, Mario Martin est le dernier d’une famille de neuf enfants. Puis, la famille déménage à Baie Comeau où Mario effectuera ses études primaires et secondaires, puis c’est le cégep de Manicouagan qui l’accueillera. Après ses études collégiales, il passera deux ans à Québec, comme gérant de boutique, par la suite, il s’installera à Montréal. «Ce sera le début d’un long parcours dans la restauration [et les clubs]», dit-il. Il commence pratiquement en lion, en tant que barman dans deux bars devenus mythiques d’une certaine époque, soit leStudio 1 (sur Sainte-Catherine et Metcalfe) et le Beat (sur Stanley), des endroits hautement fréquentés par la communauté gaie et situés au centre-ville puisque le Village n’existait pas encore dans l’est. Tout un cheminement donc pour Mario Martin et qui en dit long sur son expertise et ses qualités.
«La SDC du Village tient à remercier son partenaire de la première heure, l’Arrondissement de Ville-Marie, pour sa contribution très appréciée à cette nouvelle installation hivernale dans le Village. Concernant Mario, que j’ai connu en arrivant à la SDC en 2006, je me contenterai de clore cet article en vous disant qu’il a toute mon admiration et mon respect. C’est quelqu’un d’unique, vraiment!», d’ajouter Bernard Plante, le directeur général de la SDC.
Photos : Richard Traversy