Première Canadienne de l’histoire à participer à RuPaul’s Drag Race – America’s Next Drag Superstar, Brooke Lynn Hytes a réécrit le livre des records en finissant neuf fois dans le top 3, plus que toutes autres drag-queens des onze saisons régulières de la populaire émission. Peu avant sa participation au spectacle Drag Superstars, présenté le 15 août dernier dans le cadre de Fierté Montréal, Fugues a discuté avec celle que l’on surnomme «The Queen of the North».
Lorsqu’on la questionne sur son record et sur les trois victoires récoltées lors des épisodes un, cinq et onze de la saison où elle a terminé en deuxième position, Brooke Lynn Hytes résume sa stratégie en toute simplicité. «La préparation est la clé pour performer aussi bien, dit-elle. Je suis fière de détenir ce record!» Elle ajoute que l’émission l’a poussée hors de sa zone de confort à plusieurs reprises. Et pas seulement parce qu’on lui demandait de jouer la comédie, un talent qu’elle maîtrise visiblement moins que la danse, la création de looks et les défilés. «L’émission m’a déstabilisée, parce que je suis du genre à aimer tout planifier et que plusieurs des défis nous étaient lancés à la dernière minute. J’ai dû me revirer sur un dix sous plus souvent que jamais auparavant!»

Celle qui a fait une entrée remarquée avec un look inspiré du costume de la Gendarmerie royale du Canada affirme qu’elle a amené une touche canadienne à l’émission. «J’ai définitivement démontré mon aversion pour les conflits sur le plateau, en essayant le plus possible de rester en dehors des drames.» L’épisode de Untucked dans lequel la drag’ née à Etobicoke, en Ontario, se cache derrière les coussins du canapé, pendant qu’Yvie Oddly et Silky Nutmeg Ganache s’engueulent, illustre le fameux cliché voulant que les Canadiens soient des gens généralement posés et gentils de nature. «Je crois que le stéréotype est très proche de la réalité. On est pour la plupart sympathiques et on essaie de rendre tout le monde heureux.»
Étant donné que la compétition impose une succession de défis surprenants aux drags et que les participantes sont encouragées à sortir de leur carcan, en essayant plusieurs éléments stylistiques, on a demandé à la Reine du Nord de définir son style dénué des influences extérieures. «Selon moi, Brooke Lynn Hytes est une combinaison d’une ballerine, d’une show girl et d’un super-modèle glamazon des années 90.» Les milliers de spectateurs qui ont assisté à Drag Superstars, à la tournée des drags de la saison 11 ou aux nombreux autres engagements de la Canadienne ont pu voir de quel bois elle se chauffe hors des contraintes de la production télévisée. Ovationnée partout où elle passe, Brook Lynn Hytes sera particulièrement en demande dans les temps à venir. «On vient tout juste de terminer la tournée de la saison onze, mais la prochaine année sera folle. Je suis bookée partout dans le monde au cours des prochains mois et je me trouve très chanceuse!»
Les spectacles à l’étranger sont tout sauf une nouveauté pour l’artiste. Son alter ego hors scène, Brock Hayhoe, a étudié pendant cinq ans à la National Ballet School of Canada à Toronto de 15 ans à 20 ans, avant de déménager en Afrique du Sud pour se joindre au Cape Town City Ballet. «Quand je me suis fait offrir une place dans la compagnie là-bas, j’ai sauté sur cette opportunité! Dès ma première journée sur place, l’Afrique du Sud est devenue l’un de mes pays préférés dans le monde. Je m’y sentais extrêmement bien.» Brock a également dansé pour les Ballets Trockadero de Monte Carlo, avant de se tailler une place dans le monde compétitif des concours de pageants. «J’ai eu envie de découvrir le monde des pageants et de la drag puisque j’adore la mode, la féminité et la danse. Ça me semblait aussi une très belle occasion de devenir mon propre patron en travaillant dans un milieu que j’aime.»
Engagé au Play Dance Bar de Nashville en 2015, Brooke Lynn Hytes a fait de la capitale américaine du country sa ville de résidence. Pour l’instant. «Nashville est une ville incroyable où travailler en tant que drag-queen. C’est encore l’endroit que je considère comme ma maison, mais qui sait où la vie me mènera dans le futur!»