Samedi, 17 mai 2025
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    En direct du passé : bains turcs (1895), mariage illégal (1950) et salon de coiffure lesbien (1954)!

    Puisées à même les journaux d’antan, voici quelques manchettes ou publicités qui ont marqué notre histoire!

    17 septembre 1895
    Bains laurentiens turc et de natation

    C’est en page 3 du journal La Presse du 17 septembre 1895 que l’on retrouve cette très évocatrice publicité annonçant «l’établissement le plus considérable, le plus moderne et le mieux pourvu du continent». Rien de moins! La publicité précise que le bain turc est donné selon «les vrais goûts de l’Orient», sans préciser ce que l’on entend par ce qualificatif. Il faut avoir un minimum de 15 ans pour le fréquenter et on nous précise qu’il y aura un jour des dames: à surveiller dans les prochaines éditions!

    La publicité peut nous sembler un tantinet candide, mais à l’époque elle a sans doute attisé l’ima-ginaire de nombreux hommes. Évidemment, l’établissement n’avait pas pour fonction officielle de faire office de lieu de plaisirs et de rencontres entre hommes, mais il serait naïf d’affirmer que des rencontres sexuelles ne s’y produisaient pas. Situé au coin des rues Craig (aujourd’hui Saint-Antoine) et Beaudry, il n’en reste aujourd’hui plus rien puisque le secteur fut démoli pour faire place à l’autoroute Ville-Marie. Et le coût vous demanderez-vous? Le bain turc est à 0,75$ avant 18h et 0,50$ après. Ce semble peu, mais en tenant compte de l’inflation, on parle tout de même de 23$ et 15$. Heureusement, on peut économiser en transport puisque la publicité précise bien que le tramway s’arrête juste devant la porte!

    18 mars 1950
    La police met fin à une célébration cocasse: 376 arrestations

    C’est sous ce titre rapportant un fait divers qualifié de désopilant que le journal La Patrie relate une descente au Lion d’Or, toujours situé sur la rue Ontario, impliquant une action massive de soixante policiers issus de la Police des liqueurs, de la Sûreté provinciale et de la Police de Montréal. Le motif? La célébration des fiançailles de deux hommes. La descente se solde par l’arrestation des 376 convives. Le journaliste précise, toujours sur un ton humoristique, que 37 des 245 hommes étaient en robe du soir. On rapporte également que les tenanciers (Bernard Guay et Paul Laliberté) devront comparaître en correctionnelle pour avoir illégalement vendu de l’alcool. Du côté des participants, des accusations de présence dans un débit d’alcool clandestin leur seront imposées. Le chef de police se rengorge en précisant qu’une longue enquête a permis d’en arriver à l’arrestation de ce «groupe d’indésirables».

    Il faut cependant noter que la Régie des alcools avait refusé d’accorder un permis de vente pour l’événement, ce qui explique la vente dite illégale. Bien évidemment, il s’agissait d’un cercle vicieux puisqu’il était impossible d’obtenir le permis pour une activité alors jugée immorale.

    Les empreintes des hommes en robes furent prises et un dossier établi à leurs noms dans les fichiers de la police et des accusations ont probablement été portées à leur endroit.
    Inutile de dire que la présence de leurs noms dans les fichiers de la police pouvait être lourde de conséquences pour ces derniers. Une caution entre 25$ et 200$ fut imposée (300$ à 2250$ de 2020). Vous pouvez lire l’article de La Patrie, vol. 72, no 19 (20 mars 1950), p. 1, 3, 5 dans BAnQ numérique (voir info à la fin du texte).

    6 novembre 1954
    On vient d’ouvrir rue St-Denis un nouveau club de lesbiennes sous l’apparence d’un salon de coiffure

    Je n’ai pas accès à une numérisation de l’article, mais il devait sans aucun doute être savoureux. Malheureusement, la plupart des articles portant sur les communautés LGBT ne se trouvent pas dans des journaux grand public, mais bien plutôt dans les journaux jaunes. En effet, avant la fin des années 1970, les journaux dits «respectables» ne traitaient que très rarement de ces sujets dits de «mauvais goût». Pour toucher de plus près à la perception sociale des réalités LGBT, des préjugés et des affaires criminelles les concernant, il faut donc généralement consulter les journaux qui fleurent le souffre. Paradoxalement, c’est souvent ces mêmes journaux qui pouvaient informer les communautés marginales de l’existence de lieux de rencontre ou de phénomènes culturels (réels ou dus à l’imagination débordante des journalistes). Dans le présent cas, on a un bel exemple d’un article au ton alarmiste, publié en page 12 du Ici Montréal du 6 novembre 1954 (no 126). Il représente bien un cliché éculé à l’effet qu’un complot lesbien souterrain est en place, sans que les bonnes gens le soupçonnent,
    et menace les fondements de la société. Il a cependant peut-être contribué à la diffusion publique d’un lieu de rencontre dédié aux lesbiennes camouflé sous les auspices d’un salon de coiffure en apparence innocent.

    Dans le même esprit, on peut également souligner l’article : En vendant des cosmétiques à domicile, d’astucieuses lesbiennes séduisent une foule de ménagères sans méfiance. Cette fois-ci, c’est en page 12 du savoureux Flirt & Potins du 29 août 1970 (vol. 3, no 35) qu’on nous révèle l’existence de ces commandos de lesbiennes, camouflées en vendeuses de produits cosmétiques, s’attaquant à de jeunes ménagères innocentes.


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