Un ancien employé de la défense britannique victime d’homophobie a été condamné à quatre ans et demi de prison, à Londres, pour avoir fait fuiter des informations sur un système de missiles britannique. Un acte qu’il a présenté comme une vengeance contre les autorités qui ne l’ont pas protégé.
«C’est une infraction grave qui a porté atteinte aux intérêts du gouvernement britannique et de ses citoyens» a déclaré la juge en le condamnant. «Si des détails confidentiels sur le fonctionnement du missile tombaient entre les mains de l’ennemi, cela pourrait diminuer l’efficacité opérationnelle du système de missile», a-t-elle relevé.
Simon Finch, ingénieur informatique de 50 ans, a été reconnu coupable d’avoir divulgué des détails techniques classés «secret» et «top secret» dans un email envoyé en octobre 2018 à huit destinataires dont des membres d’associations, des cabinets d’avocats, des syndicats et un député.
Après avoir été victime d’attaques homophobes en 2013, il entendait se venger des autorités britanniques qui l’avaient selon lui abandonné. «Puisque le Royaume-Uni m’a refusé toute justice, compensation ou soin pour ces crimes épouvantables, il n’a aucun droit d’attendre ma loyauté», y écrivait Simon Finch. «Si la nation ne se soucie pas de ma sécurité, alors pourquoi devrais-je me soucier de la sécurité nationale?», ajoutait-il, disant avoir aussi transmis les informations à des «gouvernements étrangers hostiles».
Jugé à la cour criminelle de l’Old Bailey à Londres, Simon Finch avait d’abord nié avoir enregistré et divulgué des informations secrètes avant de plaider coupable. Simon Finch avait «été employé dans la conception, les tests et la configuration d’un système d’armes britannique dont dépend en partie la sécurité du royaume», avait déclaré pendant le procès le procureur Mark Heywood. Les informations divulguées pourraient fournir «à un adversaire hostile du Royaume-Uni (…) une compréhension de la fonction» du système et des «méthodes pour le contrer», a souligné Mark Heywood.
L’avocat de Simon Finch, Stuart Trimmer, avait expliqué que le traitement subi par son client avait «littéralement gâché sa vie». «Certains pourraient dire que ce problème a viré à l’obsession», a-t-il plaidé. Cela avait amené Simon Finch à porter des armes en public pour se «protéger», et en 2016 il avait été condamné à une peine avec sursis pour être sorti avec un marteau et une machette.
La juge a enjoint aux jurés de ne «jamais» discuter du contenu des documents secrets vus pendant le procès, qui se tenait en partie à huis clos, les avertissant que la divulgation de ces éléments constituerait une «infraction pénale».
Avec AFP